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Le retour en force des tourteaux de soja argentins en Europe a des chances de perdurer en 2025

Les conditions d’humidité des sols optimales dans la région pampéenne en cette période des semis de soja permettraient au produit roi à l’export de la campagne argentine de confirmer son retour en force sur le marché européen effectué dès cette année après une saison passée noire.

Les analystes marché de la Bourse du commerce de Rosario (BCR), Bruno Ferrari (à gauche) et Guido D’Angelo (à droite).
Les analystes marché de la Bourse du commerce de Rosario (BCR), Bruno Ferrari (à gauche) et Guido D’Angelo (à droite).
© Marc-Henri André

Les exportations de tourteaux de soja produit en Argentine ont récupéré dès cette année tout le terrain perdu l’an dernier à la suite de la sécheresse historique de l’été austral sud-américain enregistrée en 2022-2023, à l’issue duquel à peine 3,3 millions de tonnes (Mt) de farines de soja avaient été expédiées vers l’Union européenne, selon Eurostat, soit moins de la moitié du volume moyen importé par les intermédiaires commerciaux des fabricants européens d’aliments pour animaux sur les cinq dernières années.

Lire aussi : Soja non déforestant : l’Argentine en ordre de bataille

Leurs achats courant 2024 devraient cumuler à 7,4 Mt, selon les analystes de la Bourse du commerce de Rosario (BCR), Bruno Ferrari et Guido D’Angelo, interrogés à Rosario par La Dépêche Le petit meunier le 6 novembre. Une performance qui serait inégalée depuis 2019.

Tendance baissière sur les prix en tourteaux de soja

Durant la seule journée du 4 novembre, les exportateurs basés en Argentine ont signé des compromis de livraison de farines de soja portant sur 900 000 t ! « Ce volume engagé en un round et devant être embarqué sous 30 jours restera dans les annales », souligne Bruno Ferrari. Il y voit le paroxysme de la conjoncture locale marquée, d’une part, par l’excellente récolte de soja 2023-2024, à plus de 50 Mt, et, d’autre part, par le dynamisme de l’activité de trituration des fèves par solvant dans la vingtaine de ports-usines de la région de Rosario.

 « Les stocks de tourteaux de soja s’y accumulant, cela expliquerait la tendance baissière de leur prix alors que, simultanément, les prix de l’huile de soja se raffermissent sous l’effet de la demande mondiale. Pour les importateurs de farines de soja, dit d’une manière colloquiale, ces jours-ci sont favorables à leurs achats », juge Guido D’Angelo.

 Les prix de l’huile de soja se raffermissent sous l’effet de la demande mondiale.

L’économiste-en-cheffe de la Chambre des huiliers de la République argentine (Ciara), María Marta Rebizo, confirme le retour en force des farines de soja argentines en Europe. « De janvier à septembre dernier, plus de 5 Mt ont été livrés aux clients européens, un volume en hausse de 46 % par rapport à l’an dernier. La Pologne en a importé jusque-là 1,1 Mt, l’Espagne 1 Mt et l’Italie 900 000 t », précise-t-elle.

« De janvier à septembre dernier, plus de 5 Mt ont été livrés aux clients européens, un volume en hausse de 46 % par rapport à l’an dernier », précise María Marta Rebizo de la Ciara.

Selon elle, les exportations argentines de farines de soja porteraient sur un total de 27,7 Mt à l’issue de la saison. L'Union européenne en capte environ le quart. Le volume des achats européens aurait ainsi triplé, voire davantage, en Pologne, au Danemark et en Roumanie. Certains pays comme la France sont même revenus en tant qu’acheteurs directs de tourteaux de soja argentin.

Pour rappel, durant la campagne 2022-2023, un total de 2,7 Mt équivalent grains de soja ont été importées en France, dont environ deux tiers en provenance d’Amérique du Sud, en grande partie du Brésil, d’après le Centre d'étude et recherche sur l'économie et l'organisation des productions animales (Céréopa). « Ces tonnages incluent les flux transfrontaliers au sein de l’Union européenne, donc les réimportations réalisées essentiellement depuis l’Espagne et la Belgique vers la France, observe François Cholat, le président du Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia). Ce tonnage annuel s’élevait à 3,2 Mt lors de la saison 2019-2020 et atteignait environ 5 Mt il y a une quinzaine d’années. La part des tourteaux de soja importés est en baisse constante. Mais nous sommes arrivés à un pallier, dit-il. On ne peut pas se passer des importations de farines de soja. Leur taux de protéines est de 46 % alors que celui des tourteaux de pois et de féverole, par exemple, sont autour de 21 % », rappelle-t-il.

Plafonnement du taux protéique du soja argentin à 37 %

À cet égard, la filière argentine montre une lacune préoccupante : le taux de protéines moyen des fèves récoltées dans les Pampas plafonne à 37 %, selon l’institut national de technologie agricole argentin. 

Pour compenser cette lacune, les triturateurs-exportateurs installés sur les berges du fleuve Paraná importent par voie fluviale des grains de soja du Paraguay, dont le taux de protéines est plus élevé. Ces importations intra-Mercosur sont importantes : à hauteur de 3,8 Mt de janvier à août dernier. Depuis peu, l’Argentine importe aussi du soja moissonné au sud du Brésil par cette même voie fluviale, par batterie de barques. Ainsi, les industriels du pôle oléagineux du Grand Rosario mélangent les lots de soja levés en Argentine avec ceux provenant du Paraguay et du Brésil, ceci avant de les triturer, afin d’obtenir des farines présentant un taux de protéine satisfaisant pour leurs clients européens et asiatiques.

Le soja argentin est mélangé à du soja en provenance du Paraguay et du Brésil avant d'être trituré pour atteindre un taux protéique de 46 %.

Hausse de la surface de soja en Argentine pour 2024-2025

Les conditions d’humidité des sols optimales en région pampéenne, en cette période des semis de soja, permettraient au produit roi à l’export de la campagne argentine de renforcer davantage encore sa présence en Europe. La Bourse aux céréales de Buenos Aires prévoit une sole de soja argentine lors de la campagne 2024-2025 de 19 millions d’hectares, soit 10 % plus importante que la précédente.

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