Aller au contenu principal

« Nous semons le maïs fourrage avec un écartement de 30 cm entre les rangs »

Le Gaec Hily, dans le Finistère, recourt depuis dix ans à un semoir monograine polyvalent pour semer toutes ses cultures. L’interrang se règle à la carte. En maïs, les éleveurs le limitent à 30 cm pour une répartition plus homogène des plants.

Jusqu’en 2012, Rémy et Mikaël Hily semaient le maïs classiquement en combiné à 75 cm d’écartement. Puis, ils ont décidé de procéder différemment lorsqu’ils ont changé de semoir. « Nous nous sommes équipés d’un semoir Herriau d’occasion (3 500 €) monograine et multiculture, décrit Mikaël qui avait déjà vu ce type de matériel pour semer des haricots en stage. Nous l’utilisons aussi bien pour semer le colza, la féverole, le maïs, le blé, les pois… Sauf les prairies ! »

Les éleveurs apprécient la grande précision et la modularité de ce semoir mécanique de 3 mètres. Désormais, au semis, ils ont la possibilité de jongler entre un écartement de 15 cm à 3 mètres entre les rangs et de modifier aussi la distance entre les graines sur le rang. « Bref, on peut s’amuser ! », plaisante Rémy. « Sur le maïs, cela nous a permis de réduire l’écart interrang pour favoriser une meilleure couverture du sol », poursuit l’éleveur.

Moins de concurrence entre plantes

Aujourd’hui, les associés ont opté pour un écartement de 30 cm. Sur chaque rang, les plants se trouvent espacés de 33 cm (contre 13 cm auparavant). Un interrang plus resserré génère une meilleure répartition spatiale des plants.

Au semis, le maïs couvre plus rapidement le sol, ce qui limite l’évapotranspiration et le salissement par les adventices. « Beaucoup d’éleveurs ne montrent frileux avec cette technique car ils s’inquiètent des passages de roues sur la culture lors du désherbage, relève Rémy. Mais en passant au stade 3 feuilles, les plants sont encore petits, ils ne cassent pas. Nous traitons perpendiculairement au semis et il n’y a aucun souci. » Réalisé en un seul passage en post-levée précoce, le désherbage du Gaec se limite à 15 €/ha de maïs.

« Mieux répartis, les pieds se font moins concurrence pour les éléments nutritifs, l’eau et la lumière. Leurs racines ont davantage de place pour se développer et explorer le sol. » Le Gaec s’est permis d’augmenter les indices de précocité avec des variétés dotées d’un meilleur potentiel. « Nous travaillons désormais avec des indices de 260-280 contre 220-240 auparavant. »

L’amélioration des rendements est nette. Ils sont passés de 12-14 tMS/ha en moyenne à 16-18 tMS/ha aujourd’hui, à densité de semis équivalente (100 000 pieds/ha). « Les épis sont plus chargés et le maïs atteint mieux son optimum », considèrent les exploitants.

Des mesures réalisées par l’Epab(1) deux années consécutives ont montré que les reliquats azotés post-récolte du maïs étaient plus faibles avec un interrang de 30 cm que de 75 cm : cela signifie que le maïs valorise mieux et plus complètement l’azote mis à sa disposition par la fertilisation.

Moins de dégâts de sangliers

« Semer avec un interrang resserré se montre également positif vis-à-vis des dégâts de sangliers, mentionne Mikaël. Ils arrivent à se faufiler entre les rangs et renversent beaucoup moins de plants lorsqu’ils se déplacent perpendiculairement aux lignes de semis. » Autre avantage : à la récolte, les plants se tiennent mieux en cas de verse ou d’attaques de pyrale. « Il y a moins de pertes car ils se soutiennent davantage les uns les autres et la récolte est facilitée. » Enfin, avec le passage des remorques, l’impact est plus limité au niveau du sol, avec un tassement moins marqué.

Un semoir précis et polyvalent

 

 
« Nous semons le maïs fourrage avec un écartement de 30 cm entre les rangs »
© E. Bignon
]]>Ce semoir monograine polyvalent de 3 mètres de large (20 rangs) présente un principe de mise en terre avec des roues plombeuses qui rappuient le sol pour obtenir une profondeur de semis parfaitement régulière. L’avantage est de pouvoir choisir avec grande précision l’écartement des graines.

 

 

 
« Nous semons le maïs fourrage avec un écartement de 30 cm entre les rangs »
© E. Bignon
]]>« Il exige d’être minutieux dans les réglages. »

 

 

 
« Nous semons le maïs fourrage avec un écartement de 30 cm entre les rangs »
© E. Bignon
]]>La densité se raisonne en nombre de grains par mètre carré. En fonction de l’espèce végétale semée et du nombre de grains voulus/m2, la courroie est adaptée au nombre et au diamètre de trou définis. Ensuite, il faut adapter la vitesse de rotation de la courroie pour obtenir la densité voulue.

 

 

 
« Nous semons le maïs fourrage avec un écartement de 30 cm entre les rangs »
© E. Bignon
]]>« La modification des réglages pour passer d’une espèce à l’autre nécessite 20 à 25 minutes à chaque fois, estime Rémy. Une fois que l’on a pris l’habitude, c’est facile. » Seuls bémols : le poids du semoir et la puissance requise. « Avec un tracteur de 125 ch, c’est un peu juste. »

 

Avis d’expert : Olivier Laborde Debat, de la chambre d’agriculture de Bretagne

« Moins de reliquats d’azote post-récolte »

 

 
« Nous semons le maïs fourrage avec un écartement de 30 cm entre les rangs »
© O. Laborde Debat
« La réduction de l’interrang des maïs se montre plus particulièrement pertinente pour limiter les reliquats azotés post-récolte. Spécialement au sein d’exploitations situées sur un bassin versant algues vertes comme l’est le Gaec Hily. Avec un espacement plus homogène des plantes, les racines sont mieux réparties, ce qui favorise une colonisation racinaire et donc une meilleure valorisation de l’azote du sol. D’où des risques de lessivage amoindris. Le second intérêt majeur tient à la réduction des herbicides permise par une couverture du sol plus rapide et plus complète.

 

L’avantage en matière de rendement semble moins évident. Les essais pluriannuels menés par Arvalis en réduisant les écartements interrangs à 50 cm n’ont pas montré de différence en comparaison de semis classiques à 80 cm. Et ce, quelles que soient les densités de semis.

À mon sens, plusieurs paramètres sont susceptibles d’entrer en ligne de compte. Selon l’orientation de la parcelle, favorisant plus ou moins l’interception de l’énergie solaire, l’impact d’une répartition plus homogène des plants sur le rendement pourra se révéler plus ou moins marqué (en lien avec l’intensité de l’ombrage induit).

De même, l’environnement joue certainement un rôle. Dans un sol suffisamment pourvu en nutriments et en eau, une masse racinaire plus faible n’aura pas vraiment d’impact sur le rendement et une meilleure répartition des plants n’aura qu’un effet limité. Par contre, si la fertilité et l’eau s’avèrent limitantes, une répartition plus homogène se montrera certainement plus avantageuse. »

Les plus lus

éleveurs  avec leur troupeau au pâturage
« Nous dégageons 74 000 € de revenu disponible à deux en bio avec 36 vaches laitières »
Au Gaec du Bourguet, dans l’Aveyron, Camille et Lénaïc Vabre ont fait le pari osé de s’installer à deux sur une petite structure…
Christophe Baudoin, 36 ans, et son frère Vincent, 40 ans, ne craignent pas d’essayer de nouvelles pratiques pour produire plus de lait et maîtriser les charges.
« Avec un seul robot, nous produisons 1 million de litres de lait »
Le Gaec des sapins, en Loire-Atlantique, produit 1 million de litres de lait avec 83 vaches et un seul robot tout en…
Jérôme Curt, éleveur à la ferme du trèfle.
Bâtiments pour bovins : « Notre stabulation se rapproche du plein air »

La Ferme du trèfle, dans l’Ain, a monté un bâtiment novateur axé sur le bien-être animal. Pad cooling, toiture en Bartic,…

Selon Cyril Bapelle, vétérinaire nutritionniste (à gauche), « il faut réfléchir la gestion des mycotoxines en particules ingérées par vache et par jour ».
Mycotoxines : « Nous avons perdu 4 litres de lait par vache »

Dans la Manche, Romain Boudet, installé en individuel, a vu ses résultats techniques chuter après l’ouverture du silo de maïs…

Sylvain Tola, éleveur dans la Loire, et ses vaches montbéliardes au pâturage en mars
Prairie : « Dans la Loire, mes 65 vaches pâturent tout l’été sur 22 hectares »

Le dactyle, la luzerne, le lotier et six autres espèces composent les prairies des vaches laitières de Sylvain Tola, dans la…

Robot de traite : quel gain de production laitière lors du passage de la salle de traite au robot ?

Le passage de la salle de traite au robot de traite s’accompagne d’un gain de production par vache laitière. À paramètres…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière