Aller au contenu principal

[Génétique] Abondance et Tarentaise : Des repères de mensuration pour du vêlage 30 mois

Quatre ans d’études et quelques milliers de mesures de tour de poitrine et de pesées réalisées sur plus de 2 000 génisses ont permis de calibrer le suivi de croissance à l’aide d’un ruban.  

En race Abondance, les objectifs sont de 120 cm de tour de poitrine à 6 mois et 170 à 175 cm à l’IA. En race Tarentaise, ils sont de 115 cm à 6 mois et 165 à 170 cm à l’IA. © Éleveurs des Savoie

Déjà utilisé en Montbéliarde, Normande et Prim’Holstein, l’évaluation de la croissance des génisses en mesurant le tour de poitrine est désormais possible en races Abondance et Tarentaise. Ce résultat découle d’une étude pilotée par l'OS Races alpines réunies, Cap Tarentaise et Éleveurs des Savoie, avec l'appui d'Idele (1). Son objectif ? Fournir des repères de mensuration fiables aux éleveurs qui souhaitent faire vêler leurs génisses à 30 mois. En race tarentaise par exemple, la moyenne se situe autour de 36 mois. Mais ce n’est pas par manque de technicité. « Les résultats de cette étude apportent une solution à certains éleveurs intéressés par le vêlage précoce. Mais dans la grande majorité des cas, le cahier des charges des filières fromagères et la zone d’élevage ne permettent pas de faire vêler les génisses à 30 mois », tient à préciser Emilien Odouard, technicien à l’organisme de sélection Cap Tarentaise.

Ne pas convertir les mensurations en poids

L’obtention de repères fiables a nécessité de réaliser plus de 5 900 mesures de tour de poitrine et autant de pesées durant quatre ans (de 2016 à 2020). Les données ont été collectées dans 26 élevages : 9 en race Abondance, 14 en race Tarentaise et 3 avec les deux races.

Attention, il ne faut surtout pas chercher à convertir les mesures de tour de poitrine en poids vif. « Une génisse abondance ayant un tour de poitrine de 150 cm pèserait en moyenne 295 kg avec une plage de variation de 260 kg à 340 kg », soulignent les auteurs de l’étude. Autrement dit, avec les rubans, oublier les repères de poids est un véritable changement de paradigme auquel il va falloir s’habituer.

(1) Avec le soutien financier de Div'Agri Auvergne-Rhône Alpes

Avis d'éleveur : Claude Névoret, éleveur de génisses dans l’Ain

« J’élève des génisses en contrat avec Cap Tarentaise »

 

 
Claude Névoret, éleveur de génisses dans l’Ain. « J’élève des génisses en contrat avec Cap Tarentaise. » © DR
Claude Névoret, éleveur de génisses dans l’Ain. « J’élève des génisses en contrat avec Cap Tarentaise. » © DR

 

« Mon activité principale est la production de veaux sevrés montbéliards destinés à l’export. Mais j’achète également via un contrat avec Cap Tarentaise 60 à 70 veaux femelles tous les ans. Une bonne cinquantaine sont destinés à du vêlage 30 mois. Je les paye 270 euros. Les génisses pleines retournent généralement dans leur élevage d’origine. Toutes les génisses sont vendues au minimum un mois avant de vêler. Quand le propriétaire dispose d’alpages, elles repartent à l’âge de 26 mois environ. L’éleveur me les rachète 1 450 euros. Puis le prix augmente entre 30 et 40 euros par mois supplémentaires. Une génisse pleine de 8 mois coûte 1 610 euros.

Le planning d’accouplement est géré par Cap Tarentaise. Quand je vends une génisse pleine de semence sexée, l’acheteur me la paye 50 euros de plus. Et Cap Tarentaise me rembourse 25 euros de surcoût lié à la dose sexée.

Avant, dans le cadre de l’étude et de mon contrat avec Cap Tarentaise, je réalisais deux pesées par an. Une avant la mise à l’herbe et l’autre à la rentrée des génisses. Désormais, comme les résultats de croissance des génisses sont conformes aux attentes de la race, une technicienne de Cap Tarentaise passera une seule fois par an en janvier avec un ruban pour contrôler le développement des génisses. »

Avis d'éleveur : Frédéric Fol - Gaec la Ferme du Sabot de Vénus en Haute-Savoie

« Nos Abondances vêlent en moyenne à 30-31 mois »

 

 
Frédéric Fol, Gaec la Ferme du Sabot de Vénus en Haute-Savoie. « Nos Abondance vêlent en moyenne à 30-31 mois. » © DR
Frédéric Fol, Gaec la Ferme du Sabot de Vénus en Haute-Savoie. « Nos Abondance vêlent en moyenne à 30-31 mois. » © DR

 

« Nous produisons 430 000 litres de lait avec un troupeau de 60 Abondances. Le lait est transformé par notre coopérative en tomme, emmental et raclette de Savoie. Nous élevons 15 à 17 génisses par an pour assurer le renouvellement du troupeau. Nous pratiquons le vêlage précoce pour diminuer le coût d’élevage des génisses et avoir moins d’animaux dans les bâtiments. Les génisses qui vêlent tôt ont tendance à mieux vieillir que les autres. Leur mamelle est mieux accrochée au corps et moins volumineuse. Cela permet aussi d’accélérer le progrès génétique en diminuant l’intervalle de génération.

Avant de participer à l’étude dédiée à l’évaluation de la croissance des génisses grâce à la mesure du tour de poitrine avec un ruban, nous le faisions visuellement. Mais c’était moins fiable. Dorénavant nous utiliserons le ruban.

Nos génisses vêlent en moyenne à 30 et 31 mois. Les plus jeunes vêlent vers 24 mois. Dans ce cas elles produisent moins de lait en première lactation. Leur pic de lactation est moins élevé mais la persistance est meilleure. Nous leur distribuons plus de concentrés pour leur permettre de poursuivre leur croissance.

En saison de pâturage, quand une génisse nous paraît un peu juste en développement pour être inséminée, nous la gardons plus longtemps dans le bâtiment avant de la sortir. Si le retard de croissance est plus important, nous décalons son insémination en automne.

Pour faire du vêlage précoce, assurer une bonne croissance aux génisses durant les premiers mois est capital. L’objectif quand on pesait les génisses était de les sevrer à un poids compris entre 100 et 110 kg (2,5 mois). Jusqu’à 6 mois, nous leur distribuons une ration à base de paille et d’un concentré à 17,5 % de protéines. Au pâturage en fonction de la pousse de l’herbe, nous complétons avec du foin et le même concentré spécial génisse. Par ailleurs, pour éviter des problèmes au vêlage, il faut utiliser des taureaux qui ne font pas de trop gros veaux. »

Les plus lus

éleveurs  avec leur troupeau au pâturage
« Nous dégageons 74 000 € de revenu disponible à deux en bio avec 36 vaches laitières »
Au Gaec du Bourguet, dans l’Aveyron, Camille et Lénaïc Vabre ont fait le pari osé de s’installer à deux sur une petite structure…
Christophe Baudoin, 36 ans, et son frère Vincent, 40 ans, ne craignent pas d’essayer de nouvelles pratiques pour produire plus de lait et maîtriser les charges.
« Avec un seul robot, nous produisons 1 million de litres de lait »
Le Gaec des sapins, en Loire-Atlantique, produit 1 million de litres de lait avec 83 vaches et un seul robot tout en…
Jérôme Curt, éleveur à la ferme du trèfle.
Bâtiments pour bovins : « Notre stabulation se rapproche du plein air »

La Ferme du trèfle, dans l’Ain, a monté un bâtiment novateur axé sur le bien-être animal. Pad cooling, toiture en Bartic,…

Selon Cyril Bapelle, vétérinaire nutritionniste (à gauche), « il faut réfléchir la gestion des mycotoxines en particules ingérées par vache et par jour ».
Mycotoxines : « Nous avons perdu 4 litres de lait par vache »

Dans la Manche, Romain Boudet, installé en individuel, a vu ses résultats techniques chuter après l’ouverture du silo de maïs…

Sylvain Tola, éleveur dans la Loire, et ses vaches montbéliardes au pâturage en mars
Prairie : « Dans la Loire, mes 65 vaches pâturent tout l’été sur 22 hectares »

Le dactyle, la luzerne, le lotier et six autres espèces composent les prairies des vaches laitières de Sylvain Tola, dans la…

Robot de traite : quel gain de production laitière lors du passage de la salle de traite au robot ?

Le passage de la salle de traite au robot de traite s’accompagne d’un gain de production par vache laitière. À paramètres…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière