Aller au contenu principal

Quand les plantes appâts piègent les taupins

La stratégie des plantes appâts fait son chemin pour limiter les attaques de taupins. Moins efficace que les solutions insecticides encore disponibles, elle est toutefois intéressante et de coût modeste.

Des alternatives aux solutions chimiques sont testées pour lutter contre les taupins. Arvalis a notamment expérimenté ces dix dernières années la stratégie des plantes appâts. « Le concept est simple, décrit Michel Moquet, d’Arvalis. On propose une nourriture alternative — un appât — aux larves de taupins afin qu’elles se détournent des jeunes plantules de maïs. » Pendant que les larves consomment le leurre, cela laisse le temps au maïs de développer son système foliaire et ses racines. Le leurre doit jouer jusqu’à 7-8 feuilles du maïs, stade où il devient non sensible aux attaques de taupins. Cette technique naturelle permet de réduire de moitié l’impact des attaques par rapport à des parcelles non traitées, mais avec une efficacité plus variable que celles des insecticides. « Dans nos essais, elle fluctue entre 25 et 60 %, tandis que celle des microgranulés est comprise entre 60 et 80 % quand ceux-ci sont appliqués en conditions optimales. »

Créer une diversion jusqu’au stade 7-8 feuilles

Quelle espèce semer ? « Nous devons encore affiner nos observations quant à l’espèce qui présente le meilleur compromis entre l’attractivité pour les taupins et la facilité de destruction. Parmi les céréales testées et semées à raison de 120 kg/ha, le blé et l’orge ressortent bien. L’avoine aussi, mais cette espèce est déconseillée car elle se montre plus difficile à détruire par la suite », mentionne l’expert.

Les plantes appâts doivent se positionner suffisamment près du maïs pour permettre une protection intéressante. Mais pas trop proche non plus, pour ne pas concentrer les larves à proximité du maïs. « Le meilleur compromis est de semer à la volée avec un semoir centrifuge, puis d’incorporer les graines dans la couche superficielle sur 10 à 15 centimètres de profondeur en finissant la préparation du sol pour semer le maïs. » L’idée est de constituer un maillage en dessous de l’horizon du semis du maïs, les larves remontant des couches profondes du sol. « Dans nos essais, un semis plus précoce des plantes appâts par rapport à la date de semis du maïs n’a pas permis d’améliorer l’efficacité. »

Une destruction précoce avant 3-4 feuilles

Dans le Sud-Ouest, des appâts à base d’un mélange de blé et de maïs grain ont montré une efficacité de plus de 50 % en moyenne, soit mieux qu’avec uniquement du blé. Mais cette solution réduit le choix variétal possible pour la culture de maïs. « Dans ce cas, le maïs doit obligatoirement être semé avec une variété résistante à la cycloxydime (herbicide Stratos Ultra), ce qui s’avère limitant puisqu’il n’existe pas de variété résistante typée fourrage, ni de variété précoce. »

Avec un appât constitué de blé ou d’orge, il n’y a pas obligation de semer avec un maïs spécial. La destruction des plantes appâts s’effectue dans le cadre du programme de désherbage classique du maïs avec un herbicide de la famille des sulfonylurées. « L’important est de ne pas intervenir trop tard, maximum au stade 3-4 feuilles de la céréale à détruire. Sans quoi, celle-ci va rapidement concurrencer le maïs. » N’oublions pas que si elles ne sont pas détruites à temps, les plantes appâts peuvent se révéler plus nuisibles qu’une attaque de taupins !

 

Un effet positif aussi contre les corvidés

Une destruction mécanique est également envisageable ; c’est même la seule solution possible en agriculture biologique. « Dans ce cas, mieux vaut répartir les plantes appâts dans l’interrang en s’écartant de 15 à 20 centimètres de la ligne de semis, précise Michel Moquet. L’idéal est alors de semer deux ou trois lignes dans l’interrang avec une bineuse sur laquelle est montée une trémie semeuse. Se limiter à semer au milieu de l’interrang, avec un écartement classique du maïs de 75 centimètres, n’offre pas une protection suffisante. »

Les plantes appâts affichent des résultats encourageants sur taupins et pourraient se révéler une solution multi-usage. Effectivement, lors des essais, un effet indirect a été mis en avant. « Il semble que les plantes appâts aient aussi un intérêt pour protéger les semis de maïs des attaques d’oiseaux. Les corvidés semblent avoir plus de difficulté à retrouver les rangs de maïs dans un environnement brouillé. » Arvalis espère aussi un éventuel effet sur les mouches du semis, lesquelles peuvent occasionner des dégâts sur céréales.

Le saviez-vous ?

Certains exploitants estiment le risque taupin sur une parcelle en enfouissant des pommes de terre 15 jours avant le semis (entre 5 et 10 cm) et en observant si elles ont subi des attaques. Ce test n’est qu’un indicateur empirique car il n’y a pas forcément de lien entre présence de larves et dégâts, et parce que les conditions de sol (réchauffé, ressuyé) ne sont pas forcément réunies au moment du test.

Les autres solutions disponibles en 2020

Plusieurs insecticides microgranulés à base de pyréthrinoïdes sont disponibles en 2020 pour la lutte antitaupins (Belem 0,8MG, Fury Geo, Karate 0,4GR, Trika Expert +). Appliqués avec un diffuseur positionné à la descente du microgranulateur, ils présentent en moyenne des efficacités de 70 %, qui dépendent principalement des conditions d’application. « Le produit Force 1,5G est toujours autorisé mais n’a plus d’intérêt puisque l’obligation de l’enfouir à au moins 3 centimètres de profondeur empêche l’usage d’un diffuseur, ce qui réduit considérablement son efficacité », précise Michel Moquet, d’Arvalis. Mis à part Belem 0,8MG, tous les autres microgranulés présentent des contraintes d’utilisation importantes avec notamment un dispositif végétalisé permanent de 20 mètres. « Quant au seul traitement de semences encore disponible (Force 20CS), il est sans doute tentant d’y recourir, mais son efficacité s’est révélée nettement insuffisante sur taupins dans tous nos essais. »

Les plus lus

éleveurs  avec leur troupeau au pâturage
« Nous dégageons 74 000 € de revenu disponible à deux en bio avec 36 vaches laitières »
Au Gaec du Bourguet, dans l’Aveyron, Camille et Lénaïc Vabre ont fait le pari osé de s’installer à deux sur une petite structure…
 Chauffeur-Ramasseur de lait
Lactalis veut réduire sa collecte de lait en France

La dernière médiation avec l’Unell le laissait présager, Lactalis l’a officialisé lors de la présentation de ses résultats…

Anne et Jean-Marc Le Vourc’h, éleveurs
« En produisant moins de lait, nous avons amélioré notre marge brute de 100 €/1 000 l en un an »
Dans le Finistère, depuis qu’ils ont désintensifié leur système, Anne et Jean-Marc le Vourc’h ont amélioré tous les indicateurs…
Guillaume Dousset, éleveur à Frossay en Loire-Atlantique
« Nos bœufs prim’Holstein croisés hereford sont finis un an avant nos autres bœufs »

En Loire-Atlantique, les parcelles de marais de Guillaume et Maxime Dousset sont valorisées avec des bœufs croisés prim’…

Sylvain Tola, éleveur dans la Loire, et ses vaches montbéliardes au pâturage en mars
Prairie : « Dans la Loire, mes 65 vaches pâturent tout l’été sur 22 hectares »

Le dactyle, la luzerne, le lotier et six autres espèces composent les prairies des vaches laitières de Sylvain Tola, dans la…

Soins vétérinaires : « Nous avons opté pour un forfait de 37 euros par vêlage pour le suivi de nos vaches »

Certains éleveurs contractualisent les soins de leur troupeau avec leur vétérinaire. Le forfait permet un suivi régulier des…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière