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Avec des bâtiments plus hauts et plus larges
L’EFFET CHEMINÉE EST À METTRE AUX OUBLIETTES

L’évolution des bâtiments, des conduites d’élevage et des animaux eux-mêmes rendent plus difficile l’obtention d’une ambiance saine dans les stabulations. Pour une ventilation efficace des bâtiments, il faut désormais compter principalement sur l’effet vent.

Un bardage filet motorisé.
Son ouverture va faciliter les
courants d’air favorables en été.
Un bardage filet motorisé.
Son ouverture va faciliter les
courants d’air favorables en été.
© Institut de l'élevage

Au fil des années, l’évolution des structures laitières a conduit à la construction de bâtiments de plus en plus larges et hauts. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes pour assurer une bonne ventilation et une ambiance saine. Dans une synthèse technique, Jacques Capdeville, de l’Institut de l’élevage, dresse un état des lieux des problèmes rencontrés et propose des solutions à étudier au cas par cas pour améliorer l’ambiance. La dernière publication de recommandations sur la ventilation des bâtiments date de 1995. Beaucoup de choses ont changé depuis. « Et ces préconisations ont souvent été considérées comme des certitudes. Il faut remettre l’observation sur le devant de la scène et ne plus se réfugier derrière une norme et une calculette », commente Jacques Capdeville.

20 À 25 LITRES D’EAU REJETÉS

L’évolution la plus marquante de ces dernières années est sans aucun doute l’accroissement des largeurs et des hauteurs de bâtiments. « Les recommandations de ventilation établies dans les années 1980 concernaient des stabulations de 10 à 15 mètres de large. Aujourd’hui, on construit des étables parfois trois fois plus larges. » Dans ces conditions, les mécanismes de ventilation naturelle, tel que l’effet cheminée, n’opèrent plus. Et les vaches d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. Alors qu’une vache des années 1980 produisait entre 5000 et 6 500 litres de lait, les troupeaux à plus de 9 000 litres sont aujourd’hui monnaie courante. « Une vache qui rejetait à l’époque l’équivalent de 10 à 15 litres d’eau en vapeur en rejette aujourd’hui de 20 à 25 litres. » Les besoins en termes de ventilation sont donc différents.

Les agrandissements, regroupements de troupeaux ou la traite robotisée conduisent également à augmenter le temps de présence des animaux à l’étable. « Le bâtiment n’est plus seulement un abri pour la période hivernale mais il est aussi le lieu de vie des animaux en période très chaude. » Les objectifs de ventilation divergent selon la saison. « En hiver il faut de l’air sans courant d’air et en été beaucoup d’air avec des courants d’air », résume le spécialiste.

Compte tenu de l’évolution des animaux, il convient de revoir à la hausse les besoins en renouvellement d’air. Comptez pas moins de 1 000 m3 par animal et par heure, avec un optimum de 2000 m3. « Sachant que dans les constructions actuelles, le volume disponible statique varie de 70 à 120 m3 par vache, cela signifie que le volume d’air interne de la stabulation doit être renouvelé en moins de trois minutes. » Pour y parvenir, il faut une ventilation naturelle efficace. Et c’est là qu’il faut oublier l’ancien schéma: entrées d’air sur les côtés et sorties en faîtage.

AIR RENOUVELÉ EN 3 MINUTES

Dans les bâtiments récents, la chaleur dégagée n’est plus suffisante pour entraîner l’air jusqu’au faîtage. Avec des passages souvent surdimensionnés pour les matériels, la proportion de surface occupée par les animaux dans le bâtiment diminue. « Avec des bâtiments plus larges et plus hauts, les s u r f a c e s d’échange de chaleur en bardage et toiture ont plus que doublé par rapport aux bâtiments anciens. Ces pertes de chaleur sont amplifiées par la nature des matériaux utilisés souvent très peu isolants », commente Jacques Capdeville.

De plus, avec des grandes largeurs, la distance entre le bardage et le faîtage devient trop importante pour que l’appel d’air fonctionne. « Il faudrait limiter cette distance à 6 ou 7 mètres maximum. » Pour pallier ce problème et permettre quand même à l’air de s’évacuer par le toit, on peut avoir recours à des relais de ventilation, soit des décrochements de toiture ou des écailles. « Ces relais redonnent une impulsion à l’air pour favoriser son évacuation. Mais attention le remède est parfois pire que le mal. Un décrochement de toiture présente l’inconvénient de relever encore un peu plus le faîtage. »

Pour une ventilation efficace, il faut désormais compter principalement sur l’effet vent. La circulation de l’air dans le bâtiment est horizontale. « Encore plus qu’avant, le site d’implantation du bâtiment revêt une importance capitale. On c h e r c h e ra aujourd’hui des bâtiments plus exposés au vent, quitte à mettre en place des brise-vent plus efficaces par la suite », explique Jacques Capdeville. Une ventilation sur les quatre faces est souvent préférable, sans oublier de respecter une hauteur de bardage plein d’environ deux mètres de haut pour empêcher l’air froid qui entre de gêner les animaux. « Le but est de rechercher un bâtiment le plus poreux possible. »

EXPOSER LES BÂTIMENTS AU VENT

Un autre élément vient bouleverser la donne. Dans de nombreuses régions, la notion de vent dominant à tendance à disparaître. On peut avoir des vents provenant de toutes les directions. Les bâtiments semi-ouverts ne sont donc plus envisageables partout à moins de prévoir un brise-vent naturel si besoin. « Contrairement à l’hiver où l’on cherche à protéger les animaux des courants d’air, en été on cherche des courants d’air importants pour rafraîchir les animaux. À cette saison, le bâtiment idéal se résumerait à un parasol. » Si murs en dur et bardages fixes sont appréciés en hiver, ils deviennent incompatibles avec une ventilation correcte des bâtiments en été. L’ouverture des portails apporte une solution facile à mettre en oeuvre mais partiellement satisfaisante. Pour les longs pans, l’idéal serait d’avoir une partie basse fermée en hiver qui pourrait être amovible et s’ouvrir en été. « Pour cela, il faut avoir recours aux bardages textiles sur des supports ouvrants, coulissants ou enroulants. »

UN PARASOL EN ÉTÉ

Si le temps de présence est important en été, il faudra aussi être vigilant sur la disposition et le nombre de plaques translucides. Elles apportent de la lumière mais, situées sur les toitures orientées au Sud ou à l’Ouest, elles favorisent l’effet de serre et un accroissement rapide de la température dans le bâtiment. Mieux vaut alors les réserver aux toitures orientées Nord ou Est. « En cas de recours à un dôme éclairant au faîtage, il faudra veiller à en limiter la largeur afin de ne pas trop favoriser l’effet de serre », recommande Jacques Capdeville. Lorsque la ventilation naturelle ne suffit pas, la mise en place de ventilateurs peut s’avérer intéressante (voir encadré). Il y a sans doute encore beaucoup à apprendre sur ce sujet, mais l’étude de Jacques Capdeville a le mérite de soulever les problèmes afin de faire réagir et d’avancer dans la bonne direction. ■

... La suite dans la revue version papier...

 

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