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La grande douve, un parasite à prendre au sérieux

La grande douve est un parasite du foie qui ne doit pas être mésestimé, car elle présente un impact sur la production et la santé de l’animal. En situation à risque, mieux vaut connaître le statut de son cheptel.

<em class="placeholder">abreuvoir en zone humide</em>
Quand les animaux pâturent en zones humides, il peut y avoir suspicion de douve.
© C. Fouquet

« Bonjour, j’ai eu un foie de vache saisi à l’abattoir. C’est marqué “fasciolose” sur le ticket. Qu’est-ce que ça veut dire ? »

La fasciolose, c’est le nom de la maladie causée par la grande douveFasciola hepatica. Ce parasite fait partie d’une famille particulière, avec la petite douve et le paramphistome : les trématodes, très différents des strongles gastro-intestinaux. La grande douve mesure 2 à 3 cm, avec une forme de feuille. Elle passe une partie de sa vie dans le foie des bovins, mais aussi des petits ruminants, des lapins, des chevaux et plus rarement de l’homme.

Les parasites adultes se trouvent dans les canaux biliaires (qui transportent la bile produite dans le foie jusqu’à la vésicule biliaire) et se nourrissent de sang, alors que les immatures vivent dans les tissus du foie qu’ils consomment. De plus les adultes sont munis de nombreuses petites épines à leur surface, ce qui abîme et traumatisent les canaux biliaires. Ce traumatisme est nettement visible à la coupe du foie à l’abattoir et provoque sa saisie systématique. À la dégustation, ces canaux très épais, blanchâtres, durs sont très désagréables.

Le cycle évolutif de la douve est particulier. Les œufs expulsés dans les bouses vont commencer leur développement et être ingérés par un petit mollusque, une limnée, qui produira ensuite des métacercaires. Ces métacercaires resteront sur l’herbe et seront consommés par les bovins. La limnée vit dans les zones d’eau stagnantes : les boutasses, l’abord des points d’eau, des rivières… Elle est active entre 10 et 30 °C, la contamination se fait donc au printemps. Le cycle de développement étant relativement long, les symptômes n’apparaissent qu’au bout de quelques mois.

Les immatures vont provoquer une hépatite traumatique par destruction du foie, les adultes causeront une anémie en consommant du sang. Les symptômes peuvent être très variables, liés notamment au fait que le foie jour un rôle capital dans la synthèse des protéines : perte d’état (par mauvaise assimilation de la ration), anémie (manque de globules rouges : le mufle, les gencives seront pâles), œdème/gonflement mou sous les mâchoires (au niveau de l’auge) et jusqu’au poitrail éventuellement, mauvaise qualité du colostrum (les immunoglobulines qui permettent le transfert d’immunité aux veaux sont des protéines), diarrhée, baisse de performances… Une immunité se met en place avec production d’anticorps spécifiques, mais ne suffit pas à éliminer en totalité les parasites.

Des lésions hépatiques parfois définitives

Lors d’infestation importante, comme pour les strongles, les bovins qui paraissent les plus atteints (moindres performances, manquant d’état…) seront traités. Lorsque l’infection est trop importante, notamment lorsqu’il y a des œdèmes, le foie est parfois trop atteint et les dégâts ne peuvent pas toujours être rattrapés.

 

 
<em class="placeholder">lésion de douves dans le foie d&#039;un bovin</em>
Les douves provoquent un épaississement des canaux biliaires qui diminue leur diamètre. La bile s'écoule mal et devient toxique pour les tissus hépatiques. © J.-M. Nicol

Le traitement repose sur plusieurs molécules :

-le closantel, le clorsulon, le triclabendazole : interdit sur les laitières ;

-l’oxyclozanide et l’albendazole : elles sont autorisées mais avec un délai d’attente pour le lait de quatre jours et demi.

Le traitement des vaches laitières se réalise donc plutôt durant le tarissement ou lors du vêlage. Ce n’est pas forcément optimal par rapport au cycle du parasite, mais c’est le seul moyen d’éviter d’écarter du lait. Le moment optimal par rapport au cycle parasitaire serait la rentrée à l'étable car il n'y a plus de contamination possible (pas de limnées en bâtiment) et/ou au début d'hiver car l'activité des limnées est moindre avec la baisse des températures. Avant de parler de traitement contre la grande douve, la menace doit être bien évaluée pour mettre en œuvre des mesures de gestion permettant de s’en tenir éloigné le plus possible. La prévention passe par l’aménagement des points d’eau. Il est illusoire de se débarrasser autrement des limnées et des immatures qui résistent plusieurs mois dans le milieu extérieur.

 

Trois possibilités de diagnostic

- Les saisies à l’abattoir, mais c’est malheureusement un diagnostic tardif ;

- La coproscopie ou analyse de bouses est peu fiable. La douve pond de manière intermittente, l’absence d’œufs dans les bouses ne permet donc pas de certifier l’absence de parasite ;

- La recherche d'anticorps est plus sensible sur sérum, si possible individuel, mais peu aussi se faire sur un petit mélange de sérum (animaux représentatifs d'un lot/gestion de pâturage) ou sur lait, en perdant en sensibilité au fur et à mesure de l'ajout d'animaux. 

À retenir

- Cycle de développement dépendant d’un mollusque

- Diagnostiquer à l’abattoir ou par prise de sang

- Prévenir en aménageant les points d’eau et en limitant toute eau stagnante

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