Aller au contenu principal

« Faire parler vos données numériques »

Gaël Peslerbe, de la plateforme Le Cube, explique, à l'occasion d'une journée de l'Aftaa(1), l’intérêt d’agréger l’ensemble des données d’un élevage pour les valoriser avec des indicateurs personnalisés.

C’est quoi le Cube ?

" Le Cube est une plateforme d’accompagnement technique lancée il y a un an. Cette société indépendante est née d’un double constat. Celui de la multiplicité croissante de données générées en élevage par les machines et objets connectés, d’une part. Et d’autre part, de la difficulté de les valoriser, tant celles-ci sont nombreuses et éparses. Les éleveurs sont aujourd’hui noyés sous la masse de données. Une exploitation laitière génère un million de données par an, mais seules 10 à 20 % de celles-ci sont utilisées ! Or, le digital constitue une mine d’or pour optimiser un élevage. Mais au-delà de la quantité de données collectées, c’est surtout ce qu’on en fait qui compte. Avec Le Cube, nous avons créé un outil pour que l’éleveur puisse connecter les données de l’animal, de l’alimentation, de la production, du sanitaire, et des objets connectés de l’exploitation. Notre système permet d’analyser, de croiser toutes ces données et de développer des indicateurs personnalisés pour atteindre les objectifs techniques et économiques fixés. "

Comment cela fonctionne-t-il concrètement ?

G. P. - " La démarche commence par un audit complet de l’exploitation, d’une durée d’une demi-journée. Il permet de mettre en évidence des pistes d’amélioration qui, pour la plupart, sont déjà identifiées par les éleveurs, mais dont les pertes financières n’ont jamais vraiment été réellement chiffrées. Les éleveurs prennent alors conscience des manques à gagner et du potentiel de gains supplémentaires. Des marges de progrès et un plan d’action sont définis avec les éleveurs à court et moyen terme en fonction des objectifs et besoins. "

Comment remontent les données ?

G. P. - " L’éleveur doit donner son feu vert pour la collecte de ses données. Certaines remontent automatiquement grâce à des ponts informatiques. Nous travaillons avec CaptaPlus, une société spécialisée dans la collecte de données qui a passé des partenariats avec différentes structures (contrôle laitier, identification, France génétique élevage, laboratoires d’analyse de lait, robots de traite, etc.). Ce flux de données est réactualisé en continu. Les informations sont ensuite agrégées et mises en forme en fonction des critères définis par l’éleveur. Des indicateurs personnalisés, tels que la marge par vache, la qualité du lait par rapport au prix payé, la quantité d’aliments distribués par rapport à la quantité théorique d’aliments à donner, l’efficacité alimentaire ou le rapport entre les taux, permettent de voir si les résultats correspondent bien aux objectifs. Ces indicateurs font l’objet d’alertes (noticubes) analysées par l’équipe de la plateforme technique. En cas d’écart, l’éleveur est contacté et si le dérapage est plus important, son technicien habituel est informé. Sur la plateforme, ce sont des matrices qui génèrent les calculs mais l’analyse repose bien sur des ingénieurs agri et agro. Le digital ne reste qu’un outil d’aide à la décision. "

Quels sont vos partenaires ?  

G. P. - " On s’appuie aujourd’hui sur cinq entreprises partenaires(2), essentiellement des fabricants d’aliments dans les Hauts-de-France, ainsi qu’en Bourgogne. Nous fonctionnons sur un modèle collaboratif en « triangulation » : l’éleveur, le partenaire terrain et la plateforme. Plusieurs cabinets vétérinaires sont aussi intéressés. Face à un dysfonctionnement en élevage, l’accès à des données tangibles est essentiel pour établir un vrai diagnostic. Le Cube regroupe aujourd’hui 80 clients. Le service coûte 99 euros par mois. "
(1) Association française des techniciens de l'alimentation animale.
(2) Noriap, Novial, Yseo, Terre animale, Soréal.

Labellisé par la charte Data Agri

L’éleveur donne son accord pour mettre à disposition de la plateforme ses données. Il en reste le propriétaire. Le Cube garantit une utilisation éthique dans le respect de la charte Data Agri établie par la profession (FNSEA, JA) pour sécuriser l’utilisation des données agricoles. Ce référentiel repose sur treize principes rassemblés autour de quatre principaux domaines : la lisibilité pour les agriculteurs (contrat écrit, droit à l’information), la transparence, la maîtrise de l’usage (consentement explicite à tout usage, consentement préalable pour toute cession à un tiers, droit de résiliation…), ainsi que la sécurité et la confidentialité des données.

Avis d'éleveur : Laurence Potriquet, éleveuse de 145 vaches dans la Somme

« Nous sommes plus réactifs et sereins »

 
Laurence Potriquet, éleveuse de 145 vaches dans la Somme. © DR

« En polyculture-élevage, on a souvent la tête dans le guidon et on manque de temps pour la gestion et l’anticipation. Et on ne se rend pas toujours compte que l’on est en train de dériver sur le coût alimentaire. Cela nous est arrivé alors que tout se passait bien techniquement entre la production, les taux et la repro. Le Cube m’apporte désormais des indicateurs économiques. Je les suis mensuellement pour m’assurer que l’on ne dérape plus. Je reçois aussi des alertes en cas de problème pour réagir rapidement. Par exemple, quand nous avons changé d’aliment, les taux ont baissé. D’habitude, on attend toujours le troisième contrôle pour s’en inquiéter et s’interroger. Là, Le Cube, a décelé un défaut de fibrosité de la ration en lien avec le nouvel aliment, avant le second contrôle. Cela a permis de rectifier le tir plus vite. On a l’esprit plus tranquille car on est sûrs de ne pas passer à côté d’une information importante, surtout quand on a beaucoup de boulot. C’est dommage que le boîtier connecté de notre mélangeuse ne soit pas encore relié à la plateforme. Cela éviterait de fournir les rations, et on disposerait d’une réactualisation quotidienne et plus précise. »

Avis d'éleveur : Olivier Patte, éleveur de 70 vaches dans la Somme

" Nous avons une vision plus globale de nos chiffres "

 
Olivier Patte, éleveur de 70 vaches dans la Somme. © DR

« Nous disposons de beaucoup de données issues du robot mais c’est à nous de faire le lien avec d’autres informations utiles telles que les analyses de la laiterie, les acides gras, le prix du lait payé, les données de la ration, les prix réels des aliments, etc. L’avantage du Cube, c’est de centraliser et mettre en relation toutes ces infos. En un clin d’œil, j’ai une vision globale et réactualisée de nos résultats technico-économiques (moyenne technique, moyenne économique, marge sur coût alimentaire, efficacité alimentaire, etc.). Les données individuelles des animaux sont croisées avec celle du troupeau. En cas de déviance, je suis alerté par mon technicien ou la plateforme. C’est rassurant de savoir que quelqu’un d’autre analyse, surveille de près nos résultats et nous interpelle rapidement en cas d’anomalie. Le Cube m’a également permis de bénéficier d’un autre avis que celui de mon technicien habituel. Je mesure aussi davantage si un changement de pratique est rentable ou pas. Par contre, j’aimerais recevoir des alertes plus réactives sur la qualité du lait car c’est ma priorité. »

Les plus lus

 Chauffeur-Ramasseur de lait
Lactalis veut réduire sa collecte de lait en France

La dernière médiation avec l’Unell le laissait présager, Lactalis l’a officialisé lors de la présentation de ses résultats…

Guillaume Dousset, éleveur à Frossay en Loire-Atlantique
« Nos bœufs prim’Holstein croisés hereford sont finis un an avant nos autres bœufs »

En Loire-Atlantique, les parcelles de marais de Guillaume et Maxime Dousset sont valorisées avec des bœufs croisés prim’…

veaux en igloo individuel
Les bons gestes pour des veaux laitiers en pleine forme dès la naissance

Il n’y a pas une seule et unique recette pour élever un veau. Ce qui est sûr, c’est que les premiers jours sont déterminants…

Deux stalles de robot de traite GEA
Robot ou salle de traite, les indicateurs à calculer pour bien choisir

Les tensions sur la main-d’œuvre poussent de nombreux éleveurs à sauter le pas des robots de traite. Pourtant le retour sur…

Soins vétérinaires : « Nous avons opté pour un forfait de 37 euros par vêlage pour le suivi de nos vaches »

Certains éleveurs contractualisent les soins de leur troupeau avec leur vétérinaire. Le forfait permet un suivi régulier des…

Après maïs, il est conseillé de semer dense (15 kg/ha de ray-grass pur, 13 kg/ha de ray-grass + 5 à 13 kg/ha de trèfle, 13 kg/ha de ray-grass + 8 à 10 kg/ha de vesce, ...
Quel couvert semer après un maïs ?

Très présents dans la nouvelle PAC, les couverts ont des atouts agronomiques, environnementaux et pour l’alimentation des…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière