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En Argentine, un coût de production à 0,27 €/litre

Depuis plusieurs mois, le prix du lait argentin augmente plus vite que les coûts de production des éleveurs, à cause d’une baisse de la collecte liée aux inondations.

Un éleveur laitier de Villa María, à Córdoba, qui a l’avantage d’être situé près d’une usine de bioéthanol de maïs et donc de se fournir en drêches de maïs.
© M.-H. André

Les inondations survenues en région pampéenne tout au long de l’année virent au cauchemar pour de nombreux producteurs de lait et leurs employés, avec des chemins de terre boueux rendant pénibles, voire impossibles les livraisons, et provoquant la mortalité de leurs animaux élevés en plein air. La baisse de la collecte due aux inondations a toutefois regonflé le prix du lait… à 0,26 €/litre (1). Certes, les coûts à la ferme augmentent à cause de l’inflation, mais à un rythme moindre de 1 à 1,5 % par mois, selon l’Institut national de technologie agricole (Inta), l’équivalent argentin de l’Inra.

Cet institut réalise un suivi mensuel des coûts des éleveurs depuis 2008 en partenariat avec le ministère de l’agro-industrie. « L’Argentine s’est toujours démarquée dans le monde par des coûts compétitifs grâce à la prédominance de ses systèmes herbagers, rappelle Patricia Engle, de l’Inta. Les données relevées en août dernier indiquent un coût de production global pondéré au niveau national de 0,27 €/l (inclus la rémunération des salariés et des exploitants propriétaires). Depuis trois mois, la recomposition du prix du lait tourne à l’avantage des éleveurs. C’est une nouvelle tendance. »

Un vacher gagne 454 €/mois, un responsable de traite le double

Ce coût global moyen se répartit en 25 % de charges de structure et 75 % charges opérationnelles. Le poste alimentaire représente à lui seul 26 % du coût total ; le renouvellement du troupeau, 22 % (la carrière d’une vache dure 3 à 4 lactations) ; et la main-d’œuvre, 15 %. Il y a de fortes disparités entre les élevages de taille modeste souvent gérés par leur propriétaire, comme dans la province d’Entre Ríos, et les grands élevages situés à proximité d’usines de bioéthanol de maïs, au centre de Córdoba. L’Inta les répartit en six catégories. Les grands élevages intensifs descendent à 0,237€ et ceux de taille moyenne intensifs à 0,242 € (un élevage laitier de taille moyenne en Argentine livre 3 500 l/j et emploie entre trois et quatre personnes). En revanche, les petits élevages peu intensifs montent à 0,296€ et les grands élevages peu intensifs à 0,271€.

Le responsable de la traite, souvent employé, perçoit de 8 à 10 % du produit de la traite dans les grands élevages et jusqu’à 15 % dans les petites structures. Ses conditions de travail sont difficiles, le logement est souvent précaire et les coupures d’électricité fréquentes. L’Inta atteste ainsi une forte rotation du personnel. Un vacher gagne 454 euros par mois et le responsable de traite, le double.

Le mot d’ordre du gouvernement est de conquérir les marchés d’exportation, mais rien n’est simple. En témoigne la stagnation de la collecte de lait argentine depuis vingt ans, autour de dix milliards de litres par an, dont 80 % sont destinés au marché interne. Si le maillon productif demeure compétitif malgré un déficit chronique d’infrastructure, le maillon industriel, lui, l’est bien moins à cause d’un surdimensionnement de ses capacités de production. Le collège d’universitaires désigné par les industriels pour évaluer leurs coûts de transformation, et donc leur capacité de paiement, l’établit actuellement juste en dessous du niveau des coûts des éleveurs, à 0,26 €/l…

(1) 5,65 pesos argentins par litre au taux de 20,75 pesos pour 1 euro au 11 septembre.

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