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Croisement laitier : la Brune expose ses atouts  

BGS, l’organisme de sélection, s’est basé sur des résultats scientifiques et des données de terrain pour présenter l’intérêt de la race brune en croisement lors d’une conférence au Space.  

« Avec 8 500 croisées en lactation à ce jour, la Brune (Brown Swiss) est la troisième race la plus utilisée en croisement laitier en France après la Montbéliarde et la Normande. Aux Pays-Bas, elle est beaucoup utilisée dans le croisement trois voies avec la Holstein et la Simmental », indique pour planter le décor Olivier Bulot, le directeur de l’organisme de sélection (OS).

Côté production, l’OS met en avant son potentiel laitier, les taux, les variants béta-caséine A2A2 et kappa-caséine BB. BGS annonce une plus-value par rapport au prix de base comprise entre 30 et 50 euros pour 1 000 litres grâce aux taux. La fertilité, la résistance aux mammites, la facilité de conduite, le tempérament calme… complètent la liste de ses atouts.

Plus de matière utile et moins de cellules

Aussi, dans un contexte où le recours au croisement laitier progresse en France, BGS a chargé son assistante technique Solène Girardot de réaliser une étude bibliographique pour compiler les atouts de la Brune. Elle s’est appuyée pour cela sur des études scientifiques réalisées dans différents pays et des résultats technico-économiques issus du terrain.

Lors de son intervention au Space, elle a notamment expliqué que « plusieurs études montrent que les croisées Brown Swiss x Holstein ont une production égale à celle des Holstein pures avec 5,5 % de matière utile en plus et moins de cellules ».

Une autre étude conclut à une meilleure fertilité des génisses croisées Brown Swiss x Holstein (62 % de non-retours à 56 jours) par rapport à des croisées Montbéliarde x Holstein (53 %) ou Montbéliarde x Rouge scandinave x Holstein (54 %). Autre avantage, les croisées Brown Swiss x Holstein ont une précocité égale aux Holstein et un retour à la cyclicité significativement plus précoce.

Une précocité égale à celle des Holstein pures

Solène Girardot a réalisé une estimation des gains économiques obtenus avec des croisées de première génération Brown Swiss x Holstein par rapport à des Holstein pures.  La plus-value a été estimée à 113 euros par vache et par an dont 13 euros liés à l’augmentation du prix du lait, 40 euros d’économie liée à la repro et 60 euros grâce à sa rusticité.

Étant donné la multiplicité des systèmes, des situations de départ dans les élevages, de la façon de calculer l’impact économique de chaque critère… ce gain peut cependant varier fortement. Par ailleurs, le calcul économique n’intègre pas la plus faible valeur des veaux mâles issus de ce croisement. « Certains se vendent moins chers que des Holstein purs », reconnaît Olivier Bulot. 

Le choix des taureaux est crucial

« Même pour le croisement, il est important d’être exigeant sur le choix des taureaux. Dès la première génération, il est fortement conseillé d’utiliser des taureaux qui représentent les qualités de la race », préconise BGS, l’organisme de sélection (OS).

. En F1 sur Holstein, l’OS conseille de faire attention à la facilité de naissance et de miser sur les taux et les fonctionnels.

. En absorption pour la deuxième et troisième génération, mieux vaut mettre l’accent sur l’index lait.

. Pour le croisement rotationnel, BGS préconise de sélectionner les taureaux bruns présentant les atouts que vous souhaitez intégrer dans votre programme de croisement (taux, membres…) tout en prenant en compte les caractéristiques des autres races utilisées.

Dans son catalogue, BGS a identifié des taureaux spécial croisement F1, spécial croisement G2 et G3 absorption ou destinés au croisement trois voies.

« Nous faisons du croisement d’absorption depuis 2007 »

Le Gaec Entre Terre et Mer dans les Côtes-d’Armor a eu recours au croisement d’absorption pour créer un troupeau 100 % brun.

 

 

Clément Sévin est venu cette année au Space sur invitation de l’organisme de sélection BGS pour présenter son élevage. Une première entorse à sa volonté de ne pas se mettre en avant, qu’il accepte pour expliquer pourquoi et comment le troupeau Holstein du Gaec est devenu 100 % brun. Seconde entorse, Ginko, une fille du taureau Vigor, faisait partie du voyage. Et, pour une première participation de l’élevage à un concours au Space, elle a inscrit son nom au palmarès des grandes championnes brunes…

Les premières Brunes sont arrivées au Gaec en 1995. « Mon père a choisi cette race plutôt qu’une autre pour remplacer ses Holstein parce qu’elle allie qualité de mamelle, bons taux et niveau de production. » Lors de son installation en 2007, Clément Sévin récupère les Holstein du cédant avec 60 hectares et 200 000 litres de lait. Le Gaec se retrouve avec un troupeau de 70 vaches dont 80 % de Brunes et 20 % de Holstein. Pour atteindre l’objectif de 100 % de Brunes, il choisit le croisement d’absorption, une option moins onéreuse, plus sûre d’un point de vue sanitaire, et par curiosité.

Renforcer la sélection sur le lait

Pour la première génération de croisement, l’éleveur a mis la priorité sur les fonctionnels. « J’ai beaucoup utilisé le taureau Brinks. » Dans son élevage, il constate que les F1 produisent un lait plus riche (+1 point de TP et + 2 points de TB) que les Holstein mais aussi plus de lait (+ 1 000 l) que les Brunes. Pour les générations suivantes, l’accent a été mis sur les taux et la fertilité sans perdre de vue le lait.

Cette stratégie a porté ses fruits. Lors de la campagne laitière 2020-2021, les vaches ont produit 6 400 kg de lait à 45,2 de TB et 35,5 de TP. Le prix du lait a été de 370 euros pour 1 000 litres. « La marge sur coût alimentaire a été de 283 euros pour 1 000 litres. Nos frais vétérinaires ont été de 45 euros par vache par an contre 75 euros pour le groupe troupeau mixte ou de race rustique du Cerfrance des Côtes-d’Armor. »

Maintenant que le troupeau est 100 % brun, Clément veut renforcer la sélection sur le lait. Il utilise actuellement des taureaux tels que Osbourne, Piston, Optimal et des taureaux allemands sans cornes avec des index lait proches ou supérieurs à 1 000 kilos. L’éleveur compte également diminuer l’âge au premier vêlage de 30 à 28 mois tout en continuant à maîtriser ses charges.

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