Une récolte précoce de qualité exceptionnelle
Cela aurait pu être pire, vu le climat, c’est la conclusion que tirent les analystes d’Agritel et Offre et demande agricoles (ODA) des retours sur la moisson des producteurs en blé et orge.
Sur une récolte de blé tendre réalisée à 85 % au 23 juillet, Agritel évalue la production française à 36,6 Mt, en qualité d’exception. Le rendement moyen est 3,6 % sous la moyenne 2008-2015 (excluant 2016), à 71,2 q/ha. La sole en croissance depuis 2014 a compensé en volume, « et on ne s’en sort pas si mal compte tenu de la rudesse du climat » estime l’analyste Sébastien Poncelet. Les PS sont élevés et un taux de protéine de 12 % sera atteint, résultat de rendements moyens et d’une fin de cycle sèche propice à la concentration en protéine. Avec un bel aspect visuel, ce blé devrait s’écouler sur le marché alimentaire plutôt que vers les Fab. Dans le détail, certaines zones comme la Lorraine s’en sortent moins bien.
La société Offre et demande agricoles (ODA) table sur une production de 37 Mt, « à 200 000 t près », indique Paul Gaffet. Les pluies ont dégradé des épis en Centre, Bourgogne, Ile-de-France et Champagne. Les rendements sont 10 % sous la moyenne au nord de la Seine, et « ce ne sera pas une année folle pour les agriculteurs ». Cela s’annonce mieux pour les meuniers. La qualité passe « haut la main », avec des PS 74kg/hl. Elle est exceptionnelle au Nord, en Picardie et Bretagne, avec des PS > 80kg/hl, et 12 % de protéine. Avec les blés allemands en péril, « un boulevard s’ouvre à l’export », estime l’expert.
En blé dur, l’analyste d’ODA Maryna Khandazhivska estime la production à 2,1Mt, + 16 % sur 2015, du fait de hausses de surfaces. Les blés durs du Centre/Atlantique n’atteignent pas la norme des 13,5 % de protéine, 20 % de mitadins sur un tiers des produits. Malgré tout, « les PS se tiennent par rapport à 2016 », nuance Paul Gaffet. Dans le sud, certains blés récoltés après les pluies sont fusariés.
Des orges très protéinées
En orges, ODA a réévalué la récolte de 12,3 à 12,5Mt, dont 9,7 Mt d’hiver (2,76 Mt de printemps). La qualité sera belle pour les deux, avec un PS moyen de 65,9 kg/hl. Les rendements sont sous la moyenne, - 10 % sous 2015, à 65,7 q/ha (62,9 en orges de printemps, -3,9 % sous 2015). Pour Sébastien Poncelet, ce qui caractérise la récolte, c’est l’extrême hétérogénéité des rendements, selon la culture qui a précédé. Dans le détail, les meilleurs rendements sont au sud de Paris, avec la qualité, et les moins bons à l’Est et au Nord, du fait de la sécheresse. Ces orges très protéinées pourraient trouver preneurs en Chine.