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Marché mondial
[Coronavirus Covid-19] Argentine : Une campagne de blé excellente pour l’instant seulement freinée par la crise sanitaire 

Les exportations de blé ont marqué un record au premier trimestre. Le renforcement des protocoles sanitaires sur les ports d’embarquement et une soixantaine d’arrêtés municipaux interdisant le passage de camions sur leur commune ralentissent les opérations portuaires. Le risque d’une suspension des exportations de blé s’agrandit au fur et à mesure que s’aggrave la crise sanitaire doublée d’une crise économique antérieure à celle-là. 

Gustavo Idígoras, le président du Centre argentin des exportateurs de céréales.
© Centre argentin des exportateurs de céréales

La campagne d’exportation de blé argentin a commencé en trombe. Pour l’instant, elle est seulement freinée par la crise du Covid-19 et serait même avantagée par celle-ci du fait d’une demande accrue. Nos sources font état, sur place, de retards d’embarquement d’au moins trois jours dus au renforcement des protocoles sanitaires autour et dans les ports, mais aussi d’une recrudescence de la demande à court terme des importateurs de blé et de maïs qui voudraient blinder leurs stocks en vue de scénarii humanitaires pessimistes sur leur territoire. 

Avec un record de 9 millions de tonnes (Mt) expédiées lors du premier trimestre, l’origine argentine en blé a supplanté l’australienne et s’est écoulée de façon notable en Indonésie, selon Gustavo Idígoras, le président du Centre argentin des Exportateurs de Céréales. Il prévoit pour cette campagne des envois totaux de 12,5 Mt de blé, dont 7,5 Mt vers le Brésil, impliquant une « faible participation sur les marchés nord-africains ». 

Ralentissement au niveau des ports

Le gouvernement argentin a décrété le confinement de la population jusqu’au 13 avril, en exceptant de cette mesure le secteur agricole et le commerce international. Toutefois, le fonctionnement des ports-usines de l’Up-river du Paraná, ceux du Grand Rosario, est ralenti par de nouveaux protocoles sanitaires de protection des personnels. 

En Argentine, le fret routier est le moyen d’acheminement des grains aux ports dans plus de 90% des cas. Normalement, entre les mois d’avril et juin, période de récolte de soja et de maïs, 50 000 camions par jour en moyenne arrivent aux ports du Grand Rosario. Or, ce flux est actuellement réduit de moitié, au moins, pour trois raisons : le renforcement des protocoles sanitaires ; le choix de certains chauffeurs de rester chez eux pour limiter le risque d’être contaminé ; enfin, une soixantaine d’arrêtés municipaux ont été pris depuis le depuis de la crise afin d’interdire le transit de camions de 

marchandises sur ces communes situées sur les routes d’accès aux ports. «Le gouvernement négocient avec les maires de ces villages pour normaliser la situation », informe le directeur argentin d’une major du trading agricole. Dans les zones portuaires de Necochea et de Bahía Blanca, sur la façade atlantique, le trafic des camions est bien moins ralenti, de 30% par rapport à la normale, et la situation s’améliore depuis cette semaine », précise-t-il. 

L’éloignement géographique de l’Argentine impose une quarantaine de facto aux navires provenant d’Europe et d’Asie. Mais un syndicat d’ouvriers maritimes a quand même bloqué momentanément, la semaine dernière, le port de Timbúes, près de Rosario, pour réclamer la mise en quarantaine de navires provenant du Brésil. Malgré tout, « les opérations se déroulent dans une relative normalité, il n’y a pas de raison de stresser », insiste ce cadre d’un grand groupe exportateur. Il confirme d’ailleurs les dires de Gustavo Idígoras à propos de la solidité des contrats à court terme passés avec les importateurs de céréales dans ce contexte de pandémie. 

Risque de limitation de l’export

Cependant, un nuage noir s’épaissit à l’horizon de la filière du blé. Le gouvernement argentin mené par le péroniste Alberto Fernández n’exclut pas de suspendre les exportations de blé, ceci moins pour éviter une pénurie que l’inflation des prix des aliments de base dans le contexte d’une crise économique aggravée par la crise sanitaire. Alors que l’Argentine a déjà exporté presque tous ses blés, ce risque d’intervention est réel. « Les gouvernements péronistes n’ont jamais hésité à intervenir sur les marchés agricoles. Ils en ont même fait un instrument de propagande politique », avertit Germán Bergerie, directeur du site de trading Anote.com.

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