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Tour de plaine
Un rendement en maïs inférieur à la moyenne quinquennale

Les premiers échos de récolte en France font état d’une grande disparité de productivité, entre cultures pluviales et irriguées, et d’une humidité très basse.

© Arvalis

« Le stress hydrique en juillet et août a dégradé les cultures de maïs non irriguées, qui décrochent en termes de rendement. Cependant, les cultures irriguées présentent de très hauts niveaux de productivité, ce qui pondère le diagnostic pessimiste global, résume Gilles Espagnol, responsable Environnement et Productions à l’AGPM. L’Alsace (malgré une grande disparité de rendement entre culture irriguée et non irriguée), le Midi-Pyrénées et l’Aquitaine (où le retard de semis dans le sud a pénalisé les cultures pluviales en coteau) s'en sortent le mieux. » Selon une première estimation de l’AGPM, « le rendement moyen serait plus faible que la moyenne quinquennale [s’élevant à 92,4 q/ha, d’après les chiffres d’Agreste], qui englobe deux années de record [2014 avec 104,1 q/ha et 2017 avec 103,7 q/ha, selon la même source] ». Concernant la qualité des grains, « le niveau d’humidité serait très bas, proche de la norme commerciale de 15 % », précise Gilles Espagnol.

Une productivité « en accordéon »

« Sur les sables de la Haute-Lande où la moisson du maïs a débuté, Maïsadour enregistre de très bons rendements, atteignant les 150 q/ha sur certaines parcelles », affirme Michel Desvignes, directeur opérationnel Appro et Collecte du groupe coopératif. Cependant, sur les 80 % de la récolte qui restent à engranger sur la Gironde, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques et l’est du Gers, « les résultats devraient être plus hétérogènes, les parcelles ayant été semées -voire ressemées- tardivement jusqu’à fin juin, en raison d’un printemps humide », tempère le dirigeant.

En Vendée et dans les Deux-Sèvres, « le maïs, moissonné à hauteur de 60 % au 1er octobre, a pleinement exprimé son potentiel en culture irriguée, avec des rendements entre 120 et 130 q/ha, se réjouit Jean-Luc Lespinas, responsable Agronomie de la Cavac. En culture pluviale, les rendements sont très disparates, allant de 100-105 q/ha en zone de marais (importante réserve utile en eau), voire 60-80 q/ha dans le bocage (terre profonde). »

Au cœur du Bassin parisien, dans la plaine de la Beauce, Vincent Ragot, directeur Grandes cultures de la Scael, qualifie la campagne de maïs 2018 de « satisfaisante en cultures irriguées (avec un rendement moyen de 120 q/ha) et très hétérogène en cultures non irriguées (entre 40 et 90 q/ha) », sur la base d’une récolte effectuée à 20 % en début de semaine 40.

En Centre-Val-de-Loire, et départements limitrophes, Vincent Graffin, directeur Commerce des grains d’Axéréal, considère 2018 comme une année « décevante », en raison de la baisse de productivité quel que soit le mode cultural. « A moitié de récolte, les rendements en non-irrigué, qui représente 30-35 % des surfaces sous maïs de la coopérative, s’élèvent à 60-65 q/ha (-20 % par rapport à une année normale) et à 100 q/ha en irrigué (-10 à -15 %). »

Dans le croissant allant des Ardennes à la Haute-Marne, la récolte de Vivescia, qui atteint 80 % des surfaces semées au début octobre, montre « un rendement moyen de 70 q/ha, avec un écart type très important de 30 q/ha à 100 q/ha, qui suit clairement ma cartographie de la pluviométrie », précise Jean-Olivier Lhuissier, directeur des activités agricoles de la coopérative. Et d’ajouter : « Un transfert important du grain vers l’ensilage (pour cause de pénurie de fourrage) a été opéré cet été, amputant de 20 % la collecte de maïs grain ».

En Meurthe-et-Moselle et dans les Vosges, la Coopérative agricole de la Lorraine enregistre « la campagne de maïs la plus mauvaise depuis sa création », se désole Philippe Hance, son responsable de la chaîne logistique Céréales. Calculée sur 80 % des surfaces déjà récoltées au 1er octobre (exclusivement conduites en non-irriguées), les rendements sont compris entre 30 q/ha et 88 q/ha à 15 % d’humidité, avec une moyenne de 45-50 q/ha.

Un taux d’humidité historiquement bas

Si la Coopérative agricole de Lorraine enregistre un taux d’humidité du grain de 23,4 % en moyenne au 1er octobre, il est globalement inférieur à 23 % pour Maïsadour (avec des plus bas à 15-16 %), n’atteint en moyenne que 22 % pour Vivescia, 20 % pour Axéréal, voire moins de 20 % pour la Cavac. Si ce niveau historiquement bas entraîne un risque d’égrenage au champ et pose des contraintes techniques pour les séchoirs à extraction rapide, il est synonyme d’économie de frais de séchage pour les agriculteurs. Côté transformation, il n’y a pas de crainte à avoir pour les débouchés classiques (alimentation animale, amidonnerie…), qui exige un taux d’humidité aux normes, à savoir de 15 %. Pour la fabrication du corn flake, des risques existent, comme l’explique Christophe Vinet de la Cavac : « Sa production implique d’avoir des grains de maïs corné non fissurés, alors que plus l’humidité de la céréale est basse plus le risque est grand d’observer des fissures. » Ce qui est d’autant plus dommageable pour la coopérative que près de 20 % de sa collecte sont dirigés vers ce débouché spécifique.

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