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Commerce mondial
Un quota d’export de grains russes à 17,5 Mt sur février-juin 2021 ?

De nombreuses questions agitent le marché quant à la politique d’exportation de grains en Russie : à combien s’élèvera le quota d’exportation lors du premier semestre 2021 ? Verra-t-on la mise en place de taxes sur les exportations russes lors de la présente campagne 2020/2021?

© Chickenonline-Pixabay

Le ministère de l’agriculture russe a annoncé que le quota d’exportation de grains pourrait être relevé à 17,5 Mt entre le 15 février et le 30 juin 2021, contre 15 Mt prévu précédemment, dans un communiqué relayé par divers médias locaux le 30 novembre. Cette mesure sera discutée avec le ministère de l’industrie et du commerce, précise la même source. Un objectif d’exportation sera appliqué à chaque opérateur commercial, en fonction de ce qu’il a vendu entre juillet-décembre.

L’association des exportateurs de grains russes craint des taxes sur les exportations

La mise en place d’un quota de vente à l’étranger pour le premier semestre 2021 est déjà évoquée depuis plusieurs semaines, et fortement débattue au sein du marché. Certains analystes évoquent la possibilité de voir des mesures encore plus strictes, telles que des taxes à l’export, comme l’Union russe des exportateurs de grains (Rusgrain Union). Dans un tweet du 30 novembre, cette dernière « appelle le gouvernement à ne pas mettre en place de taxes sur les exportations de grains, la récolte 2020 étant suffisante pour couvrir les besoins du marché intérieur. Le quota d’exportation est une mesure suffisante pour assurer la sécurité alimentaire du pays ».

Eduard Zernin, président de l’association Rusgrain Union, estimait, lors du Global Grain (17 au 19 novembre), que le risque de voir des taxes sur les exportations de grains « était de 50 %-50 %. » Dmitry Rylko, dirigeant du cabinet d’analyse russe Ikar, explique, de son côté, que bon nombre d’éléments rentrent en jeu : « il y a un fort lobbying des meuniers et éleveurs auprès du gouvernement russe afin d’abaisser les prix des céréales. Ces derniers ne peuvent faire progresser les prix de leurs produits (viandes, farines etc.), sous peine d’affecter de manière dramatique le pouvoir d’achat de la population russe. En revanche, les producteurs de grains peuvent le faire plus facilement, en raison de leur présence sur le marché mondial ».

Le niveau du rouble et du pétrole à surveiller de près

Dmitry Rylko espère qu’il n’y aura pas de telles taxes et que les quotas seront suffisants, comme l’association des exportateurs de grains russes. Mais à quel niveau sera le rouble par rapport au dollar ? À quel niveau sera le pétrole, influençant grandement la valeur du rouble, dont les cours mondiaux sont fortement pénalisés par la pandémie de Covid-19 ? Ces éléments seront à surveiller, susceptibles de faire pencher les décisions politiques du gouvernement russe dans un sens ou dans l’autre.

Des petits traders russes amenés à disparaître ?

Les quotas d’exportations ne seront pas sans effet sur les opérateurs russes, explique Dmitry Rylko. Selon lui, « les petits exportateurs/traders de grains (ceux exportant moins de 30 000 t/an) vont en souffrir. Nous pourrions assister à une concentration des exportateurs/traders russes ». Une des raisons : les plus gros exportateurs, dont certains sont contrôlés par l’état, sont plus flexibles, et ont davantage accès aux infrastructures portuaires du pays, facilitant leur adaptation aux quotas d’exportations. Ces derniers peuvent exporter d’importants volumes en peu de temps, par exemple avant l’implantation de quotas, et se renforcer financièrement, contrairement aux plus petits.

Le départ des petits exportateurs russes, ayant pour habitude de fournir les petits pays clients, pourrait amener la Russie à cesser de les approvisionner, explique Dmitry Rylko. Le dirigeant d’Ikar estime par exemple que le marché de la Mongolie, sur laquelle « la Russie a exporté 103,600 t, essentiellement sur mars-mai 2020 », pourrait être perdu.

Yelena Tyurina, analyste au sein de l’Union Russe des grains (Russian Grain Union-RGU) a expliqué à l’agence Interfax News que le nombre d’exportateurs russes de blé est passé de 216 sur juillet-novembre 2019 à 110 sur juillet-novembre 2020.

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