Campagne 2006/2007
Un marché céréalier bien orienté
Notre blé s’exporte sans restitution, l’orge et le maïs profitent d’un regain d’intérêt auprès des fabricants d’aliments du bétail européens
L’ENVOLÉE des prix des céréales met du baume au cœur des opérateurs de la filière céréales. La hausse spectaculaire des cours qu’a connue l’UE est en train de se généraliser à l’international. En effet, la production mondiale de céréales est attendue en baisse de près de 30 Mt par rapport à 2005/2006, selon le Conseil international des céréales. Ainsi, en Australie, on s’attend à une baisse de près de 60 %. Les prix atteignent des sommets : le blé Hard Red Winter (HRW) se négocie le 10 octobre à 223 $/t et le soft (SRW) à 200 $/t. Sur le marché à terme parisien, Euronext, la tonne de blé meunier pour livraison en novembre s’affiche à 162 €/t (contre 115 €/t il y a un an), dépassant les records de 2003. Sur le marché physique, le blé meunier atteint, lui aussi, les 160 €/t. « Sur les pays tiers, la France profite de la baisse de disponibilités chez nos concurrents et vend son blé sans restitution. Le Maghreb et l’Irak sont aux achats. Quant à l’orge et au maïs, ils trouvent facilement preneurs dans l’alimentation animale en intracommunautaire », a expliqué Bruno Hot, directeur général de l’Onigc, à l’issue du Conseil de direction spécialisé “Céréales”du mardi 10 octobre.
Le blé s’exporte sans aucune restitution
L’UE tire profit de la baisse des disponibilités chez ses principaux concurrents. En dépit de la hausse des cours, le blé européen s’exporte sans restitution.
Ainsi, depuis le début de la campagne 2006/2007, les certificats d’exportation de blé délivrés dans l’UE représentent-ils 3,1 Mt, volume largement supérieur à celui constaté l’an dernier à la même époque (moins de 2,1 Mt). Il s’agit pour l’essentiel de certificats de “droit commun” sans restitution (plus de 1,6 Mt), tirés au jour le jour par les opérateurs communautaires. La Commission européenne poursuit toutefois en parallèle sa politique d’exportation au départ des stocks d’intervention, détenus par les pays enclavés d’Europe centrale (essentiellement Hongrie et Pologne mais aussi Slovaquie et République tchèque). Les adjudications effectuées à ce titre depuis le début de la campagne dépassent 1,5 Mt, avec un tirage effectif de certificats de 1,1 Mt début octobre. Les adjudications de certificats avec restitution au départ du “marché libre”, intervenues en tout début de campagne ne concernent que 344.000 t de blé. L’UE profite pour le moment d’un contexte mondial favorable, avec des disponibilités en net recul chez ses principaux concurrents. À tel point que certains opérateurs n’ont pas hésité à participer aux deux dernières adjudications hebdomadaires du comité de gestion en demandant une restitution “zéro”. Demande évidemment acceptée, car le bilan européen laisse la place pour 11 à 12 Mt d’exportations sur la campagne, malgré une production en baisse sur l’an dernier.
Côté orge, les exportations européennes ont en revanche du mal à décoller, face à la concurrence des origines mer Noire sur le marché mondial. Au total, le tirage des certificats d’exportation d’orge porte sur moins de 0,4 Mt depuis le début de la campagne (contre 1,1 Mt l’an dernier).
Les reventes de céréales ex-intervention se poursuivent sur le marché intérieur
La Commission européenne poursuit sa politique de remise en vente des stocks d’intervention sur le marché intérieur. Plus de 500.000 t de maïs, provenant pour l’essentiel des stocks des nouveaux États membres, ont ainsi été adjugées sur le marché communautaire depuis le début de la campagne.
Par ailleurs, la Commission européenne a décidé d’ouvrir à la revente des céréales d’intervention panifiables sur le marché intérieur pour faire face à la baisse des disponibilités et aux problèmes qualitatifs rencontrés par certains pays d’Europe centrale. Cette mesure, adoptée le 21 septembre dernier en comité de gestion des céréales à Bruxelles, concerne 200.000 t de blé d’intervention polonais en vue de sa transformation en farine et 100.000 t de seigle allemand. La première adjudication, qui a eu lieu le 12 octobre dernier, concerne 128.225 t de blé polonais et 23.893 t de seigle allemand.