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Marché/semis de colza
Surface française de colza 2020 à 981 000 ha, selon Stratégie Grains

L’analyste Vincent Braak de Stratégie Grains se veut rassurant quant à l’avenir de la filière française de colza, même si l’année 2020 s’annonce compliquée. Les situations du tournesol et du blé tendre sont également évoquées.

© adege-Pixabay

Alexandre Marie, trader de Vivescia, annonçait un chiffre plutôt pessimiste lors des Webinaires organisés par Réussir Grandes Cultures le 28 septembre dernier, tablant sur une sole hexagonale de colza 2020 à seulement 850 000 ha. Il est vrai que la sécheresse en été ne laissait guère de place à l’optimisme, tant les conditions de levée étaient dégradées. Toutefois, Vincent Braak, analyste de Stratégie Grains, est moins pessimiste, tablant actuellement sur une surface nationale à 981 000 ha. C’est certes faible par rapport aux chiffres de 2016, 2017, et même inférieur à la sole 2019, car sous la barre psychologique des 1 Mha. Mais le pire est pour l’instant évité.

Vincent Braak explique que « les situations sont très variables d’une zone à l’autre, mais les intentions de semis de colza étaient en hausse entre les débuts des campagnes culturales 2019 et 2020 dans certains secteurs ». Le déficit hydrique survenu par la suite durant l’été a réduit les velléités des producteurs. Mais si bon nombre d’entre eux n’ont pu semer, « d’autres se sont exécutés après la mi-septembre, période dangereuse », car la plante risque d’arriver à un stade fragile lors de l’arrivée des altises en automne, et de moins bien supporter les éventuels épisodes de gel en hiver voire au printemps.

Des pluies en septembre-octobre salvatrices

Les précipitations survenues au début de l’automne ont limité la casse, améliorant les conditions de levées et ouvrant la voie à des semis tardifs. « Les baisses de surfaces ont été moins importantes que prévues, et on a même constaté des petites hausses, en Aquitaine par exemple », signale Vincent Braak. Les semis tardifs sont certes risqués, mais constituent une bonne décision malgré tout d’après l’analyste, permettant notamment de ne pas gaspiller des semences acquises. Et aussi de conserver une bonne tête de rotation. « Le colza est dans beaucoup de secteurs hexagonaux la meilleure, voire la seule tête de rotation possible en termes technico-économiques », estime Vincent Braak.

Le tournesol a certes pris de la place cette année, « mais les rendements et les prix ne sont pas les mêmes, ne permettant pas aux agriculteurs de leur assurer un revenus correct dans certains contextes », alerte l’expert de Stratégie Grains.

Les trois dernières campagnes ont été très compliquées au niveau météorologique, décourageant bon nombre d’agriculteurs quant à la culture de colza. Toutefois, Vincent Braak se veut optimiste pour l’avenir de la filière à moyen-long terme. « On ne peut nier que des agriculteurs ont été démoralisés. Mais beaucoup veulent maintenir la culture dans la rotation avec le blé et l’orge, car je rappelle qu’elle n’a pas d’équivalent technico-économique en tant que tête de rotation ».

Intérêt des industriels présent, potentiel de hausse des prix

La dynamique actuelle des prix s'avère plutôt bonne pour les producteurs/vendeurs de graine de colza, et un potentiel de hausse existe encore durant les prochaines semaines, a estimé Stratégie Grains lors des Webinaires du 28 septembre. Et les taux d’huile seraient meilleurs que l’an dernier (un chiffre moyen supérieur à 41% en 2020 est évoqué), les pluies lors de la fin du printemps 2020 ayant permis un bon remplissage des grains, ajoute Vincent Braak. Et donc de conforter les rémunérations des producteurs lors de cette campagne commerciale 2020/2021.

Par ailleurs, « les marges des triturateurs sont bonnes actuellement, et le contexte politique se montre plus favorable à l’incorporation d’huiles végétales dans les carburants », dénote Vincent Braak. Ainsi, les débouchés sont présents. Rappelons que plusieurs gouvernements des pays de l’UE tentent actuellement de limiter les importations d’huile de soja, de palme… accusés d’amplifier la déforestation. Et ce au bénéfice des cultures locales, dont le colza.

Des prix rémunérateurs dès cette année et une certaine garantie de la présence de la demande à long terme peuvent donc redonner de l’attractivité au colza aux yeux des producteurs, estime le spécialiste de Stratégie Grains. Bien entendu, Vincent Braak ne s’attend pas à un fort rebond de la sole française de colza dès 2021. « Cela devrait être progressif, et à condition bien sûr que les conditions climatiques soient favorables. Mais il n’est pas impossible que dans les prochaines années, nous revoyons des superficies hexagonales aux niveaux habituels (soit entre 1,2 et 1,5 Mha) ».

Le blé tendre profitera-t-il de la baisse de la sole de colza ?

Bien que la situation en colza soit pour le moment moins mauvaise qu’attendue, il n’en reste pas moins que la sole française 2020 devrait être inférieure à celle de 2019. Mais le malheur des uns peut faire le bonheur des autres. Ainsi, les parcelles de colza non semées pourraient voir de nouveau émerger du blé tendre. « Pour le moment, la situation est idéale pour les semis de blé tendre: de l’humidité mais pas trop », souligne l’analyste de Stratégie Grains.

Des agriculteurs craignent de revivre l’automne 2019, catastrophique pour les implantations, du fait de l’excès d’humidité. « Pour le moment, je ne partage pas leurs inquiétudes. Des pluies sont attendues, mais pas aussi fortes que l’an dernier à la même époque », rassure Vincent Braak. Si les conditions automnales restent favorables en France, « il n’est pas impossible que la sole hexagonale de blé tendre revienne autour des 5 Mha ». Bien entendu, cette opinion peut changer, en fonction de l’évolution du climat lors des prochains jours/semaines.

Tournesol : marché de la qualité linoléique tendu

En tournesol, Vincent Braak constate que les primes oléiques sont négatives, la qualité linoléique en Europe ayant le vent en poupe en ce moment. « Les producteurs français se sont concentrés sur l’offre oléique, compte tenu des bonnes primes l’an dernier. Mais cette année, les industrielles recherchent de la qualité linoléique, justifiant la chute de la prime oléique ». Et les récoltes en zone mer Noire (Ukraine, Russie notamment) ne sont pas aussi bonnes qu’attendues, précise le spécialiste.

Autre élément haussier concernant les prix du tournesol : les taux d’huiles ne seraient pas très bons en France pour l’instant, rapporte Vincent Braak, tirant vers le haut les cours de l’huile. « Le sec en été a pénalisé le remplissage des grains, notamment dans le Sud-Ouest. Mais il est encore trop tôt pour donner des chiffres précis ». Ce constat s’appliquerait également à la Bulgarie et à la Roumanie, autre facteur de hausse des prix de l’huile.

 

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