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Sica Atlantique enregistre « un énorme retard dans l’export de blé tendre » sur la première partie de campagne

Les chargements de blé tendre sur le premier semestre 2023-2024 ont reculé de 30 % d’une campagne sur l’autre. La hausse de 90 % des expéditions d’orge fourragère a permis de partiellement compenser la perte d’activité des silos portuaires de La Pallice et Tonnay-Charente du groupe Sica Atlantique.

© Sica Atlantique

Le tonnage de grains exporté par les silos portuaires Sica Atlantique situés à La Pallice et Tonnay-Charente s’élève à 960 000 tonnes (t) sur le premier semestre de la campagne 2023-2024, contre 1 345 000 t sur la même période en 2022-2023 (cf. tableau ci-dessous). 

Exportations au départ de Sica Atlantique
En tonnes1er semestre 
campagne 2023-2024
1er semestre
campagne 2022-2023
Blé tendre440 000,00925 000,00
Orge fourragère371 000,00196 000,00
Orge de brasserie15 000,0030 000,00
Maïs50 000,0030 000,00
Autres84 000,00164 000,00
Total960 000,001 345 000,00
Source : Sica Atlantique, janvier 2024.

« Cette première moitié de campagne commerciale 2023-2024 n’est pas à la hauteur de nos espérances. C’est le blé tendre, le plus impacté, avec un énorme retard d’une campagne sur l’autre, de l’ordre de 30 %, alors que la production 2023 était prometteuse en termes de quantité et de qualité », commente Pierre-Jean Huré, directeur commercial du groupe Sica Atlantique. Dans le détail, seules 440 000 t de blé tendre ont été expédiées, vers la Chine et l’Afrique de l’Ouest. « Ces six derniers mois, le blé tendre français a été victime d’une concurrence exacerbée de la part des origines issues du pourtour de la mer Noire (Russie et Ukraine) mais également des prix compétitifs proposés par l’Allemagne, la Pologne et les pays baltes », explique le dirigeant.

« En revanche, l’orge fourragère a connu un haut niveau de chargement en cette première partie de campagne, en hausse de 90 % d’un an sur l’autre, ce qui a permis de limiter les dégâts », ajoute-t-il. Ce sont 371 000 t qui ont été chargées exclusivement à destination de la Chine.

Sica Atlantique a également expédié 50 000 t de maïs sur juillet-décembre 2023 à destination de l’Île de la Réunion et de l’Union européenne et 15 000 t d’orge de brasserie sur le nord et le sud de l’Europe, par coasters (navires de 3000 à 5000 t de cale). « L’an dernier à la même époque, nos orges de brasserie étaient expédiées vers la Chine, mais avec le retour de l’Australie sur le marché chinois, notre marchandise n’est plus compétitive sur cette destination », déplore Pierre-Jean Huré.

Des capacités de stockage tronquées

« L’incendie qui s’est déclaré le 10 août dans nos installations portuaires de La Pallice a conduit à une perte de 25 % de notre capacité de stockage globale », rappelle le dirigeant.  Sur les 280 000 t que compte le groupe Sica Atlantique sur les deux sites portuaires de La Pallice et de Tonnay-Charente, 80 000 t de stockage, équivalent blé, ne sont plus opérationnels. 

Lire aussi : "Incendie de la Sica Atlantique à La Rochelle : des céréales extraites des silos"

« Pour l’instant, nous avons pu faire face en prenant la main sur des magasins de stockage à plat. Nos livreurs, coopératives et négociants en grains, comme nos clients, importateurs, ne sont pas pénalisés par la situation mais cela demande une gestion plus compliquée au jour le jour », affirme Pierre-Jean Huré. 

Lire aussi : "La Rochelle : après l'incendie « la situation revient vers la normale à la Sica Atlantique »"

Si les travaux de remise en état n’ont pas encore débuté, les appels d’offre sont lancés et Sica Atlantique espère retrouver un silo à pleine capacité de stockage au premier semestre 2025. En revanche, le terminal portuaire a opéré un important programme de maintenance de ses installations durant la période des fêtes de fin d’année.

Un manque de visibilité sur la seconde moitié de campagne

Si la campagne 2023-2024 s’annonçait pleine de promesses au vu des volumes et de la qualité des grains récoltés sur l’hinterland du port de La Rochelle, ces tonnages ne se sont pas retrouvés sur le portuaire en raison d’un manque de compétitivité de l’origine France sur le marché mondial. « Nous espérons que le second semestre de cette campagne 2023-2024 sera meilleur que le premier, avec un blé tendre tiré à l’export notamment par l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb, nos destinations traditionnelles sur pays tiers. Parallèlement, nous souhaitons pouvoir bénéficier des énormes contrats chinois de blé français », indique le directeur commercial du silo portuaire rochelais. Et d’ajouter : « L’activité en blé tendre semble repartir en ce début d’année, espérons que cela dure ! »

« Nous faisons le vœux d’une année sereine et active, avec une bonne météo pour la prochaine récolte ! »

Cependant, le dirigeant, qui en juillet dernier « [se prenait] à rêver en projetant d’exporter en 2023-2024 davantage que la campagne précédente [soit plus que les 2,24 Mt chargées en 2022-2023] », ne fait pas de pronostic, échaudé par les déboires de cette première moitié d’exercice commercial. Tout au plus, espère-t-il que « le marché sera au rendez-vous ». Avec une inquiétude concernant la logistique des livraisons de grains, mise à mal car très irrégulière sur le premier semestre de la campagne, qu’il va falloir remettre en place tant au niveau du train que du camion.

Reste qu’à l’instant t, aucun chargement à l’exportation n’est programmé !

Lire aussi : "Sica Atlantique : une moisson 2023 d'orge et de blé prometteuse en termes de rendements, recul des exportations en 2022-2023"

Des semis d’hiver réalisés dans de « très mauvaises conditions » 

Quant aux perspectives de disponibilités exportables pour la prochaine campagne de commercialisation, Pierre-Jean Huré, le directeur commercial du groupe Sica Atlantique, est pour l’heure plutôt pessimistes : « Il semblerait qu’il n’y ait pas un potentiel pour atteindre la récolte du siècle, les semis d’hiver s’étant déroulé dans de très mauvaises conditions en blé comme en orge. A l’image des emblavements de l’automne 2019, ayant conduit à la récolte catastrophique de 2020, qui - pour ne rien arranger - a connu des conditions sèches de février à début mai ». Reste à savoir ce qui va pouvoir être mis en terre au printemps, en termes d’orge et de blé dur ?

 

 

 

 

 

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