Aller au contenu principal

Argentine
Sans son fameux "pit", la Bourse de Rosario n’est plus la même

La priorité du président de la Bourse du commerce de Rosario en Argentine n’est pas la réouverture des séances dans cette enceinte historique, mais la création d’une plate-forme numérique unique.

Pause café dans la salle des marchés de la Bourse de Rosario, désactivée depuis le début de la crise du coronavirus en mars 2020.
© Bourse de Rosario

Tout se fait par Whatsapp, notre salle de marché est fermée depuis plus d’un an à cause de la crise du Coronavirus. Elle est devenue un symbole », lâche, à regret, Daniel Nasini, président de la Bourse du commerce de Rosario. La salle du marché aux grains physique de la Bourse du commerce de Rosario, son fameux « pit », ou criée, vieille de 136 ans, est quasi déserte depuis bientôt un an et demi. Et c’est toute une affaire. L’enceinte a été fermée en mars 2020 à cause des restrictions sanitaires imposées par la crise de la Covid-19. Elle n’est plus qu’un lieu de transit. Or, cette situation inédite pourrait être définitive, tant elle a obligé les opérateurs du marché à changer leurs pratiques.

 

 

La reprise des séances tenues dans cette salle, qui reste soumise à l’évolution de la situation sanitaire en Argentine, encore critique, n’est d’ailleurs pas sa priorité. Celle-ci est plutôt « la création d’une plate-forme numérique unique réservée aux opérateurs agréés », indique-t-il, en soulignant que la Bourse du commerce de Rosario continue d’enregistrer les contrats et le laboratoire de sa chambre arbitrale d’analyser les échantillons des lots rendus aux ports fluviaux de la région, en cas de litige. Surtout, ladite chambre continue de publier ses prix qui sont la référence absolue en Argentine.

La fermeture de cette salle de marché n’est pas une mince affaire. Car elle donnait à ce marché un gage de transparence. Disons-le franchement : les scènes d’effervescence de courtiers se ruant autour d’un exportateur demandant un certain tonnage de soja ou de maïs, sont devenues rares bien avant l’apparition de la Covid-19.

Mais c’est bien l’emploi même de son enceinte qui a fait de ce marché physique – et ce, à double titre, par l’existence des récoltes échangées et par la présence individuelle des opérateurs – un cas d’école de rencontre de l’offre et de la demande de grains, unique au monde, dit-on fièrement en Argentine, où ce marché est vénéré pour sa contribution à l’économie du pays.

C’est dans cette salle où, il y a peu, les agents de 103 sociétés de courtage coudoyaient les représentants de 25 firmes exportatrices de grains. « On pouvait y parler avec cinq ou six exportateurs en l’espace de dix minutes, témoigne Miguel Simioni, l’un des directeurs du Centre des courtiers de la Bourse du commerce de Rosario. Le marché nous manque. Nous voulons y retourner au plus vite. Hors de ses murs, tout est plus lent. La technologie peut le perfectionner, mais elle ne pourra jamais le remplacer. »

Malgré tout, les opérations du marché physique de Rosario se poursuivent sans discontinuité depuis le début de la crise sanitaire, par téléphone et messagerie. « Plus de 50 Mt de blé, maïs et soja y auront été vendues durant cette campagne. C’est environ la moitié des récoltes du pays », conclut Daniel Nasini.

Besoin de rouvrir rapidement !

« Rosario, c’est notre seule référence » , reconnaît un agriculteur français installé au Chaco, Serge Listello, toutefois critique de ce marché « dont les acteurs sont peu nombreux » : « Le pic de 600 dollars atteint par le soja à Chicago, nous n’en avons pas vu la couleur, même en décomptant les taxes à l’export prélevées par l’État argentin [35% du prix FOB, NDLR]. Et récemment encore, le prix du tournesol était inférieur à celui du soja, une absurdité », témoigne-t-il.

Ce dernier fait est reconnu par Daniel Nasini qui l’explique, lui aussi, par un petit nombre d’acheteurs. D’où l’urgence de rouvrir les séances d’homme à homme – ça reste un monde de machos - à la Bourse de Rosario, au plus vite. Car en ces temps du tout par téléphone, les exportateurs de grains semblent avoir le loisir de « chasser dans un zoo », selon l’expression locale employée par un courtier pour décrire « une situation actuelle très particulière ».

Les plus lus

Prix du blé : un marché attendu très lourd en 2025-2026, qui risque de peser sur les cours

Pour Maxence Devillers, analyste agriculture chez Argus Media, il faut s’attendre à un bilan français de blé tendre…

Champ de céréales aux environs de Mateur, Tunisie en avril 2025
Moisson 2025 en Afrique du Nord : malgré la progression de la production de céréales, une hausse des importations à prévoir en 2025-2026

En Algérie, en Égypte, au Maroc et en Tunisie, la production de blé et d’orge devrait progresser de 12 % en 2025-2026. En…

Champ de maïs, Isère, août 2025.
Céréales et oléoprotéagineux bio : marché peu actif avant la rentrée

Le marché des grains bio tourne au ralenti en cette fin août. 

Marché des céréales et du sucre du 13 au 20 août 2025 - Les prix du blé poursuivent leur baisse avec l’arrivée des récoltes de la mer Noire

L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie, maïs et autres…

Marché des céréales du 19 août 2025 - Les bonnes perspectives pour les récoltes de blé en Russie et de maïs aux Etats-Unis tirent les prix mondiaux vers le bas

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 18 et le 19 août 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Marché des céréales du 28 août 2025 - Blé et maïs en hausse sur le Cbot mais en baisse sur Euronext

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 27 et le 28 août 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne