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Retour sur le casse-tête alimentaire

Malgré une situation critique, les solutions n’émergent qu’au compte-gouttes. Ce qui n’empêche pas certains de tirer leur épingle du jeu...

850 MILLIONS de personnes souffriraient aujourd’hui de la faim. L’envolée des cours des denrées alimentaires (+ 53 % au cours des quatre premiers mois de 2008 par rapport à la même période de 2007 !) a aggravé une situation mondiale déja tendue. Elle a touché de plein fouet les pays les plus pauvres et provoqué des situations critiques en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie. La communauté internationale a tardé à réagir mais a finalement pris conscience de la situation. Au sommet de la FAO, qui s’est tenu du 3 au 5 juin à Rome, les pays invités se sont engagés à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d’ ici 2015. Plus de 6,5 Md$ de promesses de dons ont été recueillis au cours de ce même sommet. Ce qui peut paraître dérisoire comparé aux 30 Md$ par an d’investissements qui seraient nécessaires, selon le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, pour pouvoir combattre la faim dans le monde. Des engagements forts ont donc été pris. Mais au fait, où en est-on aujourd’hui?

Des rencontres tous azimuts

La crise alimentaire est de toutes les rencontres et concerne l’ensemble des organisations internationales. Le FMI, la FAO, l’Onu... Les déclarations s’enchaînent. L’Onu a ainsi appelé à investir davantage dans l’agriculture. Le FMI a mis en garde contre le risque de crises financières. Le prochain sommet du G8, qui est sur le point de s’ouvrir au Japon, ne devrait pas déroger à la règle. Les pays présents doivent créer un groupe de travail pour lutter contre la crise alimentaire mondiale, selon le quotidien japonais Yomiuri Shimbun. Le groupe travaillerait notamment sur la possibilité de lever certaines restrictions aux exportations, qui privent les pays les plus nécessiteux de l’accès aux excédents des pays les plus riches. Ces restrictions empêchent par exemple le Japon de réexporter ses stocks de riz, qui représentent tout de même 2,3 Mt ! Ce groupe devrait également se pencher sur l’aide alimentaire d’urgence et sur les façons d’augmenter la production agroalimentaire mondiale.

Un effort insuffisant ?

Pour certains, l’effort international est insuffisant. Au colloque sur la crise alimentaire mondiale organisé à Madrid par le Parti socialiste espagnol, le chef du gouvernement Zapatero a ainsi jugé « clairement insuffisant » l’effort de la communauté internationale pour combattre la faim dans les pays les plus pauvres. Zapatero a déclaré que l’Espagne, qui consacre actuellement 0,5 %de son PIB à l’aide au développement, prévoyait d’y consacrer 0,7 % d’ici quatre ans, en ajoutant : « si tous les pays faisaient de même, nous remplirions déja les objectifs du Millenaire ». Rappelons que ces objectifs, fixés par l’Onu en 2000, visaient à réduire de moitié la proportion de ceux qui vivent avec moins d’un dollar par jour et qui souffrent de la faim d’ici à 2015. La situation ne date donc pas d’hier.

Lors d’une conférence organisée par la Banque africaine de développement, les délégués d’une trentaine de pays africains ont appelé à trouver des « solutions urgentes ». La vice-présidente Zeineb El-Bakri a pointé les politiques agricoles « inefficaces », l’envolée des prix du pétrole et la faible gouvernance.

Une situation paradoxale

Comme toujours, le malheur des uns fait le bonheur des autres... Aussi les producteurs d’engrais nord-américains profitent depuis plusieurs mois de la pénurie agricole mondiale avec des bénéfices et des cours boursiers historiques, et la situation risque de perdurer. Pour le Brésil, la crise alimentaire est une « excellente opportunité », d’après le ministre brésilien de l’Agri-culture Reinhold Stephanes. Selon lui, les pays devront augmenter leur production d’aliments de 40 à 50 % d’ici 2050. Certains industriels ont trouvé des parades pour réduire leurs pertes. Aux Etats-Unis, ils combattent l’inflation en maintenant les prix de leurs produits mais en réduisant les portions !

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