Export
Retour des achats chinois de blé, deux façons pour la France d'en profiter
Le maïs reste cantonné essentiellement à l'UE

Si, jusqu'à récemment, la Chine avait pour objectif d'être autosuffisante en blé, maïs et riz à 95 %, aujourd'hui, le discours officiel vise plutôt 90 %. Depuis quelques années, elle est redevenue une importatrice significative de blé. « La Chine va chercher à diversifier ses sources d'approvisionnements. C'est là-dessus que nous pouvons jouer », avance François Gâtel, directeur de France Export Céréales. Le rachat de Nidera par Cofco, et les discussions actuelles avec Noble, ”sont en cohérence avec cet objectif.
Si la Chine redevient importatrice, cela pourrait modifier les flux mondiaux.
Le géant asiatique achète principalement des blés biscuitiers et des blés de force. Sporadiquement, le pays peut se fournir en blé pour l'alimentation animale, si les écarts de prix par rapport aux autres céréales fourragères sont intéressants.
Sur les orges de brasserie, le marché existe et est énorme, avec environ 1,5 Mt. Le premier pays fournisseur est l'Australie, suivi par le Canada, la France jouant le rôle d'outsider. Elle fait de bonnes campagnes les années où l'Australie a des problèmes de production et/ou de qualité. Les ventes hexagonales sont très fluctuantes, variant entre des dizaines de milliers de tonnes et 500.000 t, d'où la difficulté d'avoir un retour vers les producteurs. En ce qui concerne les exportations de maïs, la situation est plus complexe. Nous ne sommes pas très bien positionnés sur pays tiers. Nous expédions tout de même la moitié de notre production, mais chez nos voisins de l'UE (Espagne, Italie, Benelux, Europe du Nord), et occasionnellement sur l'Afrique du Nord.
Étre visible et profiter des appels d'air
La dernière vente notable de la France à la Chine remontait à 2004/2005 pour 667.358 t de blé, selon FranceAgriMer (50 t en 2006/2007 et 12.000 t en 2012/ 2013). Or, sur la campagne actuelle, « nous avons fait 3-4 bateaux, soit environ 150-200.000 t. Nous ne tablons pas sur la vente systématique de gros volumes, mais nous voulons faire partie du champ des possibles. Nous n'exporterons pas de blé biscuitier, car il n'y en a déjà pas assez pour l'industrie française. On va plutôt se positionner sur du blé tout venant », précise François Gâtel.
« Nous imaginons aussi que si la Chine redevient importatrice nette de blé, cela pourrait modifier les flux mondiaux. Si les États-Unis, l'Australie ou le Canada livrent plus de blé là-bas, cela pourrait libérer des marchés ailleurs. » « Par exemple, sur cette campagne, le blé HRW des États-Unis a été très peu présent sur le bassin méditerranéen du fait de l'appel d'air côté brésilien », illustre Jean-Philippe Langlois-Berthelot, président de France Export Céréales.
Reprise de la promotion du blé français
France Export Céréales a ouvert un bureau à Pékin en 1991, à l'époque où la Chine faisait des achats massifs de blé. « À Pékin, notre collaborateur est identifié et est en contact avec un certain nombre d'opérateurs privés. Depuis le milieu des années 2000, nous faisions surtout de la promotion sur les orges de brasserie. La Chine est le premier acheteur d'orges brassicoles françaises. Mais depuis 2010, nous avons relancé une promotion active sur le blé. En novembre 2013, nous avons de nouveau organisé un séminaire de promotion du blé hexagonal à Pékin, ce que nous n'avions pas fait depuis six ans. Nous avons notamment mis en avant le savoir-faire de panification français. Nous réitérerons l'événement en automne prochain », explique François Gâtel. Le séminaire était en réponse à la demande des exportateurs français et de leur fédération, le Syna-comex.