Maïs Argentin
Record à près de 55 Mt, un « plafond increvable à court terme »
La progression remarquable de la production de maïs en Argentine depuis trois ans aurait atteint un palier dû à la place du soja dans la sole du pays sud-américain.
La progression remarquable de la production de maïs en Argentine depuis trois ans aurait atteint un palier dû à la place du soja dans la sole du pays sud-américain.
La récolte argentine de maïs touche à sa fin, autour de 55 Mt * obtenues sur 6 Mha, un record – 16 Mt de plus que la précédente –, alors que les semis des cultures d’été de la campagne 2019/2020 sont imminents. « On sème le maïs d’abord en région pampéenne à partir de septembre, puis au sud de Buenos Aires et enfin dans le nord du pays, jusqu’au mois de février. Les récoltes s’échelonnent de février à septembre. Il est courant, dans la province de Santa Fe, d’assister à la récolte d’un champ voisin d’un autre où l’on sème la céréale », raconte Martín López, expert en maïs de la Bourse aux céréales de Buenos Aires.
La suppression des taxes à l’export de grains de maïs, en 2016, et le niveau des cours de la céréale expliquent ce « boum du maïs » en Argentine depuis la saison 2016/2017, interrompu l’année d’après pour cause de sécheresse, mais qui s’est réaffirmé avec force l’an passé. Cette progression explosive continuera-t-elle au même rythme, présageant une moisson pléthorique disponible dès le mois de février prochain ? L’immensité du territoire argentin le permet. De plus, le niveau d’humidité des sols est optimal dans tous les bassins de production. Enfin, les cours restent tendus, dopant l’intérêt de semer la céréale. Alors que l’Argentine aura écoulé 32 Mt de maïs en 2018/2019 (autre record battu) sur 99 marchés qui lui sont ouverts, l’impact d’une telle offre sur le marché mondial serait en ce cas-là certain, selon Gustavo Idígoras (président du Centre des exportateurs de céréales).
La culture du soja plus rassurante dans certaines conditions
Mais cette hypothèse est contrecarrée par la concurrence du soja, « une culture plus sûre et plus rentable en terrain loué ou à faible potentiel agronomique, justement là où la sole de maïs pourrait encore croître, notamment à l’ouest du pays, loin des ports, ce qui implique un coût de fret routier dissuasif », explique Martín López. « Notre production de maïs est arrivée à un plafond increvable à court terme », assure-t-il.
En Argentine, on compte désormais trois hectares de soja pour un hectare de maïs. Ce rapport était de 1 à 7 jusqu’en 2014. Le maïs remplit mieux le rôle agronomique qui est le sien dans les rotations de culture, mais la prédominance du soja dans le paysage argentin reste une réalité.