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Récolte bio : des estimations hétérogènes et en recul

Alors que la récolte s’annonçait plutôt précoce, la moisson a pris un sérieux retard dans certaines zones. En Nord-Pas-de-Calais, fin août, elle n’est même pas encore finie, en raison des pluies persistantes ! Dans ces conditions, difficile de faire un point précis sur la situation. Néanmoins, les grandes tendances qui se dégagent lors d’un tour de France laissent planer des incertitudes quant aux disponibilités réelles en grains bio. Selon les collecteurs, au niveau des rendements comme de la qualité, le bilan est très hétérogène, et globalement décevant. Seule la hausse des surfaces en céréales et protéagineux, soit environ 20 % en bio et en conversion 2e année (C2), pourrait compenser ces résultats mitigés, et limiter le coup de chauffe sur le marché. Le blé meunier est le plus concerné, sachant qu’en alimentation humaine, seul le bio certifié peut être utilisé. Sachez que l’incorporation des céréales et protéagineux en C2 est autorisé en alimentation animale, à hauteur de 30 %, niveau élevé à 45 % suite à la dérogation du 9 juin, décidée par l’Inao, pour répondre aux pertes de productions fourragères dues à la sécheresse. 

L’impact de la sécheresse du printemps
    Dans la majorité des régions, le printemps très sec a provoqué des dégâts irréversibles sur le niveau de protéines du blé tendre, ainsi que sur les rendements. Les zones qui ont bénéficié des pluies de la mi-juin ont pu espérer un rattrapage. Certains secteurs, comme en Normandie, semblent cependant tirer leur épingle du jeu, l’impact du manque d’eau ayant été plus limité : les rendements n’auraient  perdu que 10 à 15 % par rapport à l’an dernier, et la qualité technologique des blés s’avérerait  prometteuse, même s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives.
    En Bourgogne, les rendements ne seraient pas si mauvais en céréales, tandis que le taux de protéines du blé tendre plafonnerait entre 10 et 11. « Les blés coupés avant le 14 juillet s’en sortent bien, précise Cédric Cap de chez Cocebi, coopérative bio qui commercialise 3.000 t de blé meunier, sur les 11.000 t de céréales collectées. Ceux récoltés au 15 août à cause de la pluie affichent de mauvais temps de chute Hagberg, dus à la germination ». Ainsi, entre 15 et 20 % du blé tendre devront être déclassés.
    Dans le Sud-Ouest, la récolte serait très médiocre, soit une chute de 30 à 35 % des rendements. Les blés tendres seraient sous la barre des 20 quintaux l’hectare, alors qu’en année normale, ils peuvent atteindre 40 q, voire plus, avec 27 et 30 q en moyenne. En revanche, leur qualité technologique et sanitaire serait correcte. « Au total, nous misions sur 16.000 t de collecte tous produits confondus, mais nous ne devrions atteindre que 12.000 t », confie la coopérative Qualisol. Comme partout, les protéagineux, pois et féveroles, sont les plus affectés par les mauvais résultats, avec ici, des chutes de rendements de 80 %. En région Centre, ceux-ci n’atteignent que 8 q l’hectare ! Dans cette zone en effet, les premiers bilans ne sont pas non plus très reluisants : chez Axéréal bio, le volume de la récolte globale serait amputé de 30 % par rapport aux prévisions. « Seul 40 % de notre blé tendre est panifiable, confie Gilles Renart, son directeur. Généralement, lorsque les rendements sont faibles, la qualité est au rendez-vous. Mais ce n’est pas le cas cette année ! » L’orge de brasserie, très touchée par la sécheresse du printemps, enregistre également des rendements médiocres. En revanche dans le Sud-Est, les résultats seraient plutôt corrects, tant en qualité qu’en rendements. De l’autre côté de la frontière, si en Allemagne, l’été très pluvieux empêche d’être optimiste sur l’état de la récolte, dans les autres pays de l’Union européenne, notamment, en Hongrie ou en Roumanie, les récoltes seraient satisfaisantes, alors que l’Italie serait en dessous de ses prévisions.

Des surfaces en hausse
    Selon les derniers chiffres de l’Agence Bio, le potentiel en céréales et oléoprotégineux français se développe fortement : la France comptait, en 2010, 84.532 ha de surfaces bio en céréales certifiées, et 46.767 ha en conversion (dont un peu moins de 18.000 ha en conversion 2e année, appelé dans le jargon bio C2). En 2011, les surfaces de céréales bio certifiées atteindrait donc plus de 100.000 ha. « Sachant que près de 30.000 ha sont en C2 cette année, et compte tenu des terres en conversion 1ère année en 2011, les besoins française de la filière devraient être bientôt satisfaits », note l’Agence Bio. Toutes les régions sont concernées par cet envol des surfaces bio en céréales : Midi-Pyrénées avec 4.859 ha supplémentaires engagés en bio en 2010 (+ 162 %) et les Pays-de-la Loire (+ 2.682 ha), l’Aquitaine (+ 2.542 ha), Rhône-Alpes (+ 2.171 ha), la Bourgogne (+ 2.138 ha)... La poussée de ce mode de production en Champagne-Ardenne (+ 1.202 ha en 2010) et Picardie (+ 464 ha) est également à noter, sachant que ces zones céréalières traditionnelles sont encore timides vis-à-vis de la bio. En tête des régions céréalières bio françaises se trouvent donc Midi-Pyrénées (18.480 ha), suivie des Pays-de-la-Loire (16.000 ha) et de la Bourgogne (10.171 ha).
    Le blé tendre reste l’espèce dominante, avec  plus de 43.000 ha cultivés en 2010 (soit plus de 30.000 ha certifiés bio en 2011), sachant que l’utilisation en meunerie domine largement. Pour la campagne 2010-2011, selon France-Agrimer, 72.000 t de blé tendre ont été collectées, alors qu’à elle seule, la meunerie en a consommé 80.000 t, et que les fabricants d’aliments en ont utilisé 18.000 t. Près de 30.000 t de blé tendre ont du être importés. Pour la nouvelle campagne, compte tenu des estimations de collecte, cette tendance devrait perdurer.

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