Récolte 2025 : la déception se confirme sur le tournesol en France
        
      
      
            Alors que la récolte de tournesol 2025 touche à sa fin, la déception domine dans les principaux bassins de production dans l’Hexagone. Sans surprise, les cultures ont globalement souffert de la sécheresse et des pics de chaleur. La qualité peut toutefois réserver une bonne surprise avec des taux d’huile supérieurs à la moyenne, d’après les premières analyses.
      
Alors que la récolte de tournesol 2025 touche à sa fin, la déception domine dans les principaux bassins de production dans l’Hexagone. Sans surprise, les cultures ont globalement souffert de la sécheresse et des pics de chaleur. La qualité peut toutefois réserver une bonne surprise avec des taux d’huile supérieurs à la moyenne, d’après les premières analyses.
Avec une production inférieure à 1,5 Mt, la récolte française de tournesol 2025 fait grise mine. Les surfaces reculant de 9 % d'une campagne culturale sur l'autre, un faux pas sur les rendements était préjudiciable pour la taille de cette nouvelle récolte. Agreste, dans son dernier rapport du 14 octobre, diminue la production française de tournesol 2025-2026 à 1,455 Mt, en retrait de 17,9 % sous la moyenne des cinq campagnes précédentes.
Une productivité décevante dans le Loiret
Au 6 octobre, quelques parcelles de tournesol étaient encore à récolter dans le Loiret, selon Sébastien Baron, responsable agronomique de la Chambre d’agriculture du Loiret. Les niveaux de rendement sont décevants alors que la floraison avait bénéficié de conditions plus favorables que dans le sud de la France. Les niveaux de rendements restent corrects dans la Beauce et à l’est du département avec respectivement 30 et 28 q/ha. Dans les sols séchants sans irrigation, les cultures ont davantage souffert de la sécheresse et les rendements descendent à 10 q/ha de moyenne. « Avec l’irrigation, on a des pointes à 40 q/ha » pointe Sébastien Baron.
Des rendements inférieurs de 5 q/ha en Poitou-Charentes...
Plus au sud, Elodie Tourton, ingénieure à Terres Inovia, précise que le tournesol a bénéficié d’une implantation favorable dans la région Poitou-Charentes, à l’exception des zones de terres profondes et humides qui ont nécessité un décalage des dates de semis. La pression des oiseaux était plus modérée qu’à l’ordinaire, ce qui a limité les resemis. Au final, Elodie Tourton précise que le salissement des parcelles et le peuplement étaient satisfaisants.
Avec les conditions sèches, l’irrigation a été déclenchée dès la mi-juin. Le stress hydrique a marqué les cultures de tournesol au stade critique de la floraison et de la formation des boutons. Ceci a largement pénalisé les rendements, avec des fourchettes estimées par Elodie Tourton de 15 à 25 q/ha en sols légers et de 20 à 30 q/ha en sols profonds, soit des niveaux de performance inférieurs à 5 q/ha aux résultats observés à la moyenne des dernières campagnes. Au 25 août, les cultures étaient déjà à maturité pour la récolte.
Cependant, les chantiers de récolte ont pris leur essor à partir seulement du 10 septembre en raison des habitudes locales. D’après les premiers retours du terrain et en attendant les résultats définitifs, l’ingénieure de Terres Inovia estime une moyenne régionale autour de 20 q/ha dans une fourchette entre 18 et 22 q/ha, avec une humidité moyenne à 8,5 % observée à la mi-septembre.
... et sous la moyenne en Bourgogne Franche Comté
Plus à l’est, les rendements du tournesol 2025 sont sous la moyenne à cinq ans avec gradient de 20 q/ha dans la Nièvre à 25 q/ha en Franche Comté, selon Michael Geloen, ingénieur Terres Inovia dans la région. Les cultures ont subi la pression des oiseaux au démarrage.
Plus tard, la floraison a bénéficié d’un retour des pluies au moment opportun. Cependant, les fortes températures ont pénalisé les parcelles en petites terres. Par ailleurs, Michaël Geloen note une précocité, en avance en moyenne de dix jours par rapport aux dates habituelles sur le territoire.
Une récolte tardive en Rhône-Alpes
Alexandra De Noyelle, ingénieure Terres Inovia Rhône-Alpes, parle d’une récolte 2025 de tournesol plus précoce que la campagne précédente, mais qui n’était toutefois pas une année de référence : « on pensait récolter beaucoup plus tôt en juillet et finalement, on a perdu toute avance ensuite avec des températures plus basses que d’habitude ».
En Isère, les rendements oscillent entre 24 et 26 quintaux. Au 17 octobre, Alexanra De Noyelle disposait encore peu de retours sur la Drôme. En Auvergne, les rendements sont aussi en retrait de l’ordre de 20 à 25 q/ha. L’ingénieure Terres Inovia indique que les chaleurs des deux dernières semaines de juin ont pesé sur le potentiel de rendement, tout comme des orages et la grêle.
Une collecte particulièrement décourageante chez Arterris
Dans le sud de la France, la récolte de tournesol était avancée à plus de 90 % au 17 octobre sur le territoire du groupe coopératif Arterris. Clément Roux, directeur commerce des grains de la coopérative, pointe : « une collecte particulièrement décevante à 75-80 % des attentes initiales ». La coopérative devrait collecter 75 000 t pour cette campagne contre 94 000 t en 2024, selon les estimations de Clément Roux.
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Ce recul s’explique par un double facteur, dont une baisse des surfaces sur un an et des rendements décevants. Les cultures ont souffert des coups de chaud et de la sécheresse malgré des semis étalés de fin avril à fin juin. Les rendements devraient se situer sous les 15 q/ha en moyenne au sein du groupe Arterris contre une moyenne de 18 q/ha pour les cinq dernières campagnes. Les rendements sur les parcelles les plus précoces étaient fidèles au potentiel du secteur. En revanche, les rendements du tournesol ont chuté autour de 10 q/ha sur la deuxième phase de récolte. Clément Roux précise : « les semis tardifs ont souffert d’une mauvaise fécondation et de petits capitules ».
Toutefois, un motif de satisfaction est à confirmer du côté de la qualité. En effet, les premières analyses montrent des taux d’huile autour de 45-46 % malgré des poids spécifiques assez faibles. Ces premiers signes positifs demandent cependant une confirmation dans les prochaines analyses.
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