Quid de la meunerie européenne dans l’UE ramenée à 27
Royaume-Uni et UE sont dépendants en blé et farine, ont noté les intervenants du CIC, le 6 juin à Londres.
À la conférence annuelle du CIC à Londres, Bernard Valluis, président de l’Association européenne des meuniers, a dressé un panorama de la profession, exposée à la concurrence mondiale. Sur un marché en concentration, il a noté les 35 % de surcapacité de la meunerie dans l’UE à 27 (sans le Royaume-Uni), tout en estimant que « la petite et moyenne meunerie européenne a de la résilience », étant plus rentable que ses équivalents aux États-Unis.
L’UE produit 35 Mt de farine, en traitant 45 Mt de céréales annuellement. L’interrogation porte sur le modèle de consommation qui évolue, avec une stabilisation des usages en panification attendue sur la période 2015-2019. De plus, la Turquie a émergé comme premier exportateur mondial de farine, avec un tiers du volume traité, devant le Kazakhstan et l’UE 27 à 1,1 Mt en 2015/2016. Cet acteur conquérant, proche de l’Afghanistan, de la Syrie et de l’Irak, ne fait pas mystère des subventions dont il bénéficie.
Produire sans subventions ?
Ian Mitchell, économiste à l’ONG Center for global development, perçoit le Brexit comme l’occasion d’en finir avec les aides agricoles, obstacle à la compétitivité des pays en développement. Pour mémoire, les subventions à l’agriculture et les droits de douane assurent une barrière tarifaire de 36,5 % aux producteurs de l’Union.
Reste l’interdépendance entre la Grande Bretagne et le continent. Le Royaume-Uni a exporté 2,2 Mt de blé et 220 000 t de farine vers l’UE à 27, en 2015/2016, tandis que 1 Mt de blé et 75 000 t de farine prenaient le chemin inverse. Ce sont surtout la France et l’Allemagne qui fournissent du grain aux moulins britanniques avec les États-Unis et le Canada. Les meuniers voudraient maintenir ces échanges, sans droits de douane. Alexander Waugh, directeur général de Nabim, l’association britannique de la meunerie, a noté que 80 % de la farine consommée en Irlande vient du Royaume-Uni (180 000 t/an), jugeant une révision des accords commerciaux indispensable pour conserver ce marché.