Productions animales et société, recréer une histoire commune
Coop de France Nutrition animale a dédié sa convention annuelle du 9 novembre à la manière dont les productions animales peuvent reconquérir le cœur des consommateurs.
Pour Bruno Hérault (Centre d'études et de prospectives), le fait est entendu : « La consommation de viande devient le carnissisme, comme fumer du tabac est devenu le tabagisme. » Manger de la viande devient ainsi en quelque sorte « répréhensible » sous l'effet conjuguée de la montée des valeurs de santé, du développement durable et du changement de la représentation de l'animal, autant de leviers qu'actionnent certains groupes. Les solutions varient d'un pays et d'une filière à l'autre.
Ainsi, aux Pays-Bas, Jan Kamphof (Agrifirm) et Christine Roguet (Ifip), qui a conduit une étude approfondie dans plusieurs pays européens, expliquent que les consommateurs sont plus focalisés sur les valeurs du bien-être animal : la démarche collective du porc 1 étoile, établie en consensus avec les ONG et respectant des critères de condition d'élevage, répond au moins pour partie aux exigences. En Espagne, Ismael Martínez (Feiraco) illustre la réponse aux préoccupations santé et au lobby présentant le lait comme un « poison blanc » par le travail de fond sur le profil nutritionnel du lait, soutenu par la nutrition animale.
Les consommateurs plébiscitent les labels
En France, la production sous label comme les Poulets fermiers des Landes parvient à conserver son mode de production traditionnel, toujours plébiscité par les consommateurs, tout en intégrant de nouvelles techniques comme l'automatisation des ouvertures de trappes afin de compenser le surcoût en main-d'œuvre, explique Jean-Louis Zwick (Maïsadour). Ré-pondre aux exigences n'impose pas de se passer d'innovation, affirme Dominique Chargé (Laïta). Président de la FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières) et adhérent de Terrena, il pointe la technicité incorporée dans des démarches comme la Nouvelle Agriculture, la marque de sa coopérative dans la lignée de l'agriculture écologiquement intensive de Marcel Griffon : OAD, capteurs permettant de raisonner les pratiques et d'améliorer dans le même temps les performances globales…
Jean-Michel Lecerf (médecin nutritionniste, Institut Pasteur de Lille), qui vient d'écrire “La viande, un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ?”, confirme : « Il n'y a aucun mauvais aliment, sinon il devrait être interdit par le ministère de la Santé. C'est l'excès qui est mauvais. »