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Interview Dominique Voynet
PRESIDENTIELLE L’agriculture selon Dominique Voynet

La candidate écologiste des Verts vient clore notre série d’interviews consacrées aux élections présidentielles.

La Dépêche - Si vous étiez élue à la Présidence de la République, quelle est la première mesure que vous adopteriez concernant l'agriculture ?

D. Voynet :Pour moi, le rôle numéro 1 de l'agriculture est de nourrir les gens avec des produits sains et qui ne détériorent pas les sols et l'eau. Je veux donc redonner ces priorités à l'agriculture. Même si elle ne saurait résumer à elle seule ma politique en matière d'agriculture, je répondrai à votre question en parlant de la réduction et l'arrêt à terme de l'usage des pesticides et des engrais chimiques.

La Dépêche - Quel regard portez-vous sur la Politique agricole commune, et comment envisagez-vous l'après 2013 ?

D. Voynet : Vous vous en doutez, mon regard sur la Pac est plus que critique. Il faut une renégociation de la Pac qui mette fin à la cogestion consanguine actuelle de l’alimentation par la profession agricole, et de mettre en oeuvre la souveraineté alimentaire. Avec l'objectif de 15% d'agriculture bio en France d'ici 2012, je veux mobiliser tous les outils de régulation des marchés pour soutenir les filières biologiques durant la phase transitoire 2005-2012. Cette mesure doit à la fois assurer la rémunération de reconnaissance sociale et environnementale de la bio, et d’autre part de pérenniser les installations bio en complétant l’aide à la conversion bio par une autre répartition des subventions agri-environnementales de la Pac.

La Dépêche - Considérez-vous que les aides publiques sont équitablement réparties ? Pourquoi ?

D. Voynet :Non. Depuis le début de la Pac, la paysannerie a quasiment disparu. Le système d'aide les exploitations qui s’agrandissent, et ceux qui veulent s’installer n’ont pas accès à la terre. Sur 1 million d’hectares qui changent d’exploitant chaque année, la moitié va à l’agrandissement des exploitations voisines, 10% à d’autres usages (routes, constructions...) et 40% seulement à de nouvelles exploitations. Je veux créer de l’emploi agricole et un territoire équilibré et accueillant en aidant les petites exploitations “hors normes”, et supprimer les critères d’âge et financiers favorisant l’agriculture dominante. Je veux taxer fortement les changements de destination de terres agricoles et décourager la vente du bâti rural à d’autres fins. Je veux favoriser l'installation des jeunes et mettre en place un système de fermes relais (identiques aux ateliers relais des collectivités territoriales.)

La Dépêche - Comment envisagez-vous l'avenir de l'export français, notamment concernant les filières des grandes cultures (céréales en particulier) ?

D. Voynet : Je ne peux envisager cette question sans la replacer dans un contexte plus global d'échanges commerciaux justes entre notre continent européen, riche, et les autres continents, notamment les plus pauvres.

Je ne suis pas favorable au maintien des aides à l'exportation des produits alimentaires français et européens. Plus globalement, je pense que les denrées alimentaires ne doivent plus être mises en concurrence sur un marché mondial et l'OMC doit être réformée en ce sens. Cet arrêt des aides à l'export des denrées alimentaires européennes va dans le sens de la reconnaissance d'un droit des pays et des grandes régions du “Sud” à assurer leur souveraineté alimentaires.

La Dépêche - Certains semenciers annoncent 30.000 ha de maïs OGM en France cette année alors que la législation européenne n'est pas transposée en droit français et que l'actuel gouvernement a abandonné le projet de loi sur les biotechnologies. Comment comptez vous gérer cet épineux dossier ?

D. Voynet : Ce dossier n'est épineux que parce que les indutriels qui veulent imposer les OGM l'ont rendu épineux. Je suis totalement opposée aux essais en plein champ et je supporte mal que le pouvoir politique aient à ce point une incapacité à dire “non”. Les bénéfices des OGM ne sont que commerciaux pour les semenciers. Il n'y a aucun bénéfice alimentaire, environnemental et de productivité. Je souhaite que les consommateurs ont la légitimité de choisir les modes de production et l’utilisation des OGM, par exemple par référendum.

La Dépêche - Quel est votre regard sur la filière des biocarburants agricoles français ? Les encouragerez-vous et si oui, comment ?

D. Voynet :Je suis prudente, voire réservée sur les carburants à base de végétaux que je nomme “agro”carburants car ces carburants n'ont en soi rien de “bio”. Ils mobilisent pour leur production et leur transformation plus d'énergie qu'ils n'en restituent et ont recours à des modes de cultures toujours aussi nocifs pour les sols et l'eau. Enfin, l'agro-carburant type éthanol ne pourrait répondre qu'à une très faible part de la demande de carburant liquide de remplacement du pétrole. J'ai un avis plus favorable pour les huiles brutes végétales dans les zones disposant déjà de surfaces agricoles dédiées à la culture des oléo-protéagineux.

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