Pour l’agriculture, le XXIe siècle sera celui de la biologie
Depuis 2007, le nombre de malnutris ne cesse de croître : « un milliard d’êtres humains sur 7 Md ne mange pas. Un autre est malnutri et un dernier est à la limite de l’un ou l’autre », rappelle Bruno Parmentier, ingénieur des Mines, économiste et ancien directeur de l’école d’agronomie d’Angers qui est intervenu le 17 mars lors de l’AG de la FFSCM. Et, selon lui, « les émeutes de la faim vont nous accompagner pendant tout le siècle ». Les marchés mondiaux des céréales ont basculé dans une situation de déficit de production, lié à l’accroissement de la population, l’évolution des régimes dans certaines régions et une logique de flux tendus dans les pays excédentaires. Or la planète compte 200.000 habitants supplémentaires chaque jour ! Et, en parallèle, les ressources s’amenuisent. La fin du pétrole menace toute la chaîne de production alimentaire. Les surfaces cultivables se réduisent. Rien qu’en France, alors qu’on disposait d’1 ha pour nourrir 2 personnes en 1960, en 2050, il devra en alimenter 6. Les terres exploitables sont d’ailleurs sujet à convoitise. Les Etats les plus riches achètent des surfaces dans les pays les plus pauvres. « Nous sommes dans une nouvelle vague de colonisation », estime Bruno Parmentier. L’eau va aussi manquer, « nous sommes quasi au maximum des surfaces irriguées ». Et l’on pompe « des eaux tombées il y a 5 à 10.000 ans » ! Plus de chimie non plus, compte tenu des prix élevés et de l’opposition sociétale aux traitements. Bref, « il va falloir produire plus et mieux avec moins ». Pour le spécialiste, le XXIe siècle sera dès lors « celui de la biologie ! » Les clefs selon lui : arrêter le labour et couvrir les sols 365 j/an avec des mélanges de plantes qui s’entraident, notamment des associations légumineuses/céréales. Arrêter de gâcher : « Au Nord, on jette. Au Sud, on perd », faute de protection, stockage et dessertes efficaces. Pour le spécialiste, il est d’ailleurs essentiel de promouvoir l’agriculture vivrière dans le tiers monde, mais aussi de protéger les frontières, soutenir l’agriculture et réguler les marchés.
Bruno Parmentier est auteur d’essais : “Nourrir l’humanité, les grands problèmes de l’agriculture mondiale au XXIe siècle” (La Découverte, 2007) et “Manger tous et bien” (Le Seuil, 2011).