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Potentialités et freins à l'essor des produits biosourcés

Si l'on met de côté les bioénergies, les volumes de produits biosourcés restent confidentiels aujourd'hui en France. Malgré leur atout environnemental, leur croissance est limitée par des verrous technologiques et économiques.

Au-delà des besoins alimentaires, la biomasse est utilisée pour la fabrication de produits biosourcés destinés aux secteurs de la chimie et des matériaux ainsi que pour la production d'énergies (biocarburant, biogaz, chaleur). Les produits biosourcés sont potentiellement porteurs mais il existe encore des verrous technologiques et économiques à lever.

Biodiversité de la ressource et multiples marchés d'application

Contrairement aux bioénergies, les filières de la chimie et des matériaux biosourcés restent moins connues car moins médiatisées. Cependant, dans le cas des céréales, si pas moins de 1,6 Mt de blé tendre et et 0,5 Mt de maïs ont été utilisées en 2014/2015 pour produire du bioéthanol, ce sont 1,4 Mt de blé tendre et plus de 1,1 Mt de maïs qui ont été transformées en amidon destiné aux usages non alimentaires, selon Passion Céréales. Quelque 46 % de cette molécule sont partis en papeterie, 28 % en chimie-pharmacie, 21 % pour les cartons ondulés et 5 % pour les autres utilisations, comme la cosmétique, le textile, les adhésifs, les matériaux de construction... Outre les céréales, les filières de la chimie et des matériaux biosourcés françaises utilisent essentiellement les oléagineux (colza, tournesol, palme…), la betterave sucrière, les plantes à fibres (lin, chanvre…), les coproduits de la filière Bois, détaille l'Ademe dans sa Lettre stratégique de mars 2016 dédiée aux produits biosourcés. Selon Thierry Stadler, président du pôle de compétitivité IAR (Industries et agroressources), la betterave dispose de la plus importante marge de progression par rapport au blé tendre ou au maïs, notamment.

Ces ressources sont transformées par divers procédés en grands intermédiaires – produits amylacés, sucre, huiles, fibres végétales et celluloses de spécialités (cf. ta-bleau). De façon très schématique, ces grands intermédiaires sont convertis en intermédiaires chimiques et en produits simples (solvants, tensioactifs et résines), qui, mélangés à d'autres ingrédients, constituent des produits formulés (lubrifiants, détergents, cosmétiques, colles, composites, plastiques, peintures…).

De belles perspectives de développement...

Le taux de pénétration de l'ensemble des produits biosourcés sur leurs marchés d'application a progressé de +1 à +13 points entre 2005 et 2012, les composites et les lubrifiants ayant été les marchés les plus dynamiques, selon l'Ademe. À long terme, l'étude Alcimed pour l'Ademe (septembre 2015) propose un scénario qui table sur un volume de produits biosourcés commercialisés en 2030 deux à trois fois supérieur au niveau de 2012 (cf. graphique). À plus court terme (horizon 2020), il présente des perspectives de croissance très positives mais variables selon les marché considérés. Ce scénario tendanciel présuppose néanmoins que, d'une part, le contexte économique soit favorable au développement des produits biosourcés — un renchérissement du prix des ressources fossiles améliore la compétivité des ressources végétales – et, d'autre part, que les pouvoirs publics apportent un soutien fort aux filières qui améliore la compétitivité des produits biosourcés. « La législation européenne est en train de mettre en place une politique publique d'achat de produits biosourcé, complète Thierry Stadler. La transparence sur les produits biosourcés augmente. De plus en plus de normes de fabrication et d'étiquetage se développent. »

... à condition d'améliorer la compétitivité par la R&D

Les marchés d'application restent encore très largement dominés par les produits d'origine pétrochimique ou minérale. En effet, en 2012, seuls 3,3 % des produits simples (résines, solvants, tensioactifs) et 1,6 % des produits formulés (colles, composites, détergents…) consommés en France sont issus de la biomasse, selon l'Ademe. « Le caractère biosourcé d'un produit n'est pas suffisant pour lui permettre de se substituer à son homologue pétrosourcé, explique Bernard Kurek, directeur de l'unité Fractionnement des agroressources et Environnement (Fare) à l'Inra de Reims. Le calcul du coût de revient ne tient en effet pas compte de la « valeur environnementale » du produit biosourcé. « Des économistes réfléchissent sur ce paradigme, qui est actuellement un verrou mais qui pourrait devenir un levier de croissance, précise le chercheur. Pour l'heure, une molécule biosourcée doit présenter, à fonctionnalité identique, le même prix que celle pétrosourcée. » Par ailleurs, « si au laboratoire tout est réalisable, c'est sur la phase de développement d'un système de production à l'échelle industrielle que résident les principaux verrous technologiques, insiste Bernard Kurek. L'ingénierie nécessite d'énormes besoins de R&D pour pouvoir produire des enzymes en grande quantité, afin de traiter d'importants volumes de substrats dans l'objectif de réduire les coûts de l'unité de production. »

Reste le revers de la médaille à l'essor des produits biosourcés : à terme, la disponibilité en biomasse pourrait devenir un facteur limitant, en lien avec la problématique “alimentaire-non alimentaire”.

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