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Nord-Est : le marché intérieur sera privilégié à celui de l'export

Malgré une mauvaise récolte de blé tendre et d'orge brassicole, les opérateurs restent confiants quant à la capacité des OS à livrer des marchandises satisfaisantes aux transformateurs de la région. C'est l'exportation qui pâtira de la situation.

« Les contrats conclus avant la récolte seront satisfaits, a tenu à rassurer François Farges, cadre commercial chez Cérévia, l'union de commercialisation composée de sept groupes coopératifs de Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes, à l'occasion du Congrès des grains de Nancy qui s'est déroulé le 2 septembre (cf. p. 4). Les meuniers locaux seront livrés avec des blés tendres présentant des PS entre 73 et 74 kg/hl. » Une opération loin d'être évidente dans cette zone de production où le PS du blé tendre peut descendre à 60 kg/hl (cf. encadré), alors que le cahier des charges de la meunerie française demande du 76 kg/hl. « Si les meuniers peuvent se satisfaire d'un PS aux alentours de 7374 kg/hl, en dessous, leur rendement en farine baisse trop », explique Bruno Hamet, directeur de la Coopérative Esternay dans la Marne. Et Cyril Ponsin, directeur Achats Blé des Moulins Soufflet, de témoigner : « L'ensemble de la récolte de blé en France au nord de la Loire ressort avec une qualité dégradée sur le critère du PS. La moyenne observée se situe, pour les blés de meunerie, autour de 70-71 kg/hl avec des plus bas en PS inférieurs à 68 kg/hl. Le PS a un impact direct sur le rendement et le taux d'extraction des moulins. Il faut plus de blé pour extraire les mêmes quantités de farine, ce qui augmente les coûts de production. Les OS doivent nettoyer les grains afin de remonter le PS proche des 76 kg/hl. Ces opérations de nettoyage vont générer des taux de déchet importants mais ce travail du grain est nécessaire pour rehausser la qualité des blés afin qu'ils puissent être travaillés par les industriels. » Pour l'OS se pose alors le problème de l'écoulement des blés à très faible PS. « Dans le cadre des appels d'offres de blé fourrager sur l'Asie, le cahier des charges exige des PS de 7172 kg/hl, que l'on n'a pas forcément, s'inquiète François Farges. Dans l'immédiat, il faut que la prime meunière remonte pour valoriser le blé fourrager. » Ce qui n'est pas chose facile dans un contexte global de production de blé tendre pléthorique, dont les cours mondiaux sont peu porteurs.

Meuniers et malteurs attendent beaucoup des OS

En orges de brasserie, la problématique est similaire, avec des soucis de calibrage en variétés d'hiver. « Le volume de malt d'orge d'hiver proposé aux brasseurs sera moindre et remplacé par du malt d'orge de printemps, indique Philippe Joyandet, responsable Achats Orge des Malteries Soufflet Ouest UE. En année normale, certains brasseurs consomment davantage de malt d'orge d'hiver car il présente un prix inférieur au malt d'orge de printemps. » Mais d'un point de vue technique, la mauvaise qualité des orges brassicoles aura peu d'impact technologique sur la filière malt-bière. « L'adaptation des proportions de malt d'hiver et de printemps, devrait permettre de ne modifier qu'à la marge le process, et d'établir un compromis entre coûts matières premières et qualités, souligne Philippe Joyandet. Cette année, il n'y aura donc pas de problème d'approvisionnement des malteries en orge de brasserie française. Des frais de logistique supplémentaires pourraient cependant être engendrés par le transport d'orge d'une région à l'autre. »

En nettoyant et travaillant le blé, les OS peuvent remonter significativement le PS.

Comme en blé tendre, c'est le segment de l'exportation qui sera pénalisé par le manque de volume. Dans la région, le déclassement des orges brassicoles en fourragères peut atteindre les 60 %, en raison d'un grain trop protéiné (cf. encadré). « Si l'exportation de malt ne connaîtra pas de difficulté, celle d'orge de brasserie sera cette année en baisse significative au vu des faibles volumes engrangés et de la concurrence européenne, analyse le responsable des Malteries Soufflet. Nos collègues malteurs belges et hollandais, installés sur les ports, ont le choix entre les origines française, danoise et britannique. Cette année, ils se tourneront davantage vers la Scandinavie et le Royaume-Uni pour s'approvisionner au meilleur prix. Les Allemands, qui vont importer 1 Mt d'orge de brasserie, feront de même. » D'où une moindre pression sur les disponibilités hexagonales pour la malterie nationale, ce qui représente un point positif en termes de prix d'achat. « En ce qui nous concerne, même s'il était plus avantageux financièrement d'approvisionner notre malterie rouennaise en orges de brasserie importées, nous privilégierons les orges françaises ! », précise Philippe Joyandet.

Une production de grains désastreuse

« Le Centre/Centre-Est est la région la plus frappée par les problèmes de quantité et de qualité », indique François Farges (Cérévia). Et Bruno Hamet (Coopérative Esternay), de témoigner : « Cette année, le rendement en blé tendre est de 45 q/ha, en orge 55 q/ha et en colza 33-34 q/ha. En termes de qualité, le taux protéique des blés est de 13,5 % mais les PS oscillent entre 60 et 75 kg/hl avec une moyenne de 70 kg/hl. En orge de brasserie, 60 % de la collecte sont hors des clous, car trop protéinés. En colza, la teneur en huile baisse de deux points à 43,5 %, soit un handicap financier de 10 €/t. Quant au maïs, la situation est moyennement satisfaisante car les implantations ont été difficiles et la sécheresse sur la fin de cycle n'arrange pas les choses. Les pertes de collecte sont estimées à 15-20 % sur 2015, déjà en retrait de 20 % sur 2014. »

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