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NatUp fait le dos rond et se montre résilient face aux aléas globaux

L’exercice de la coopérative agricole NatUp a été complexe dans un contexte global agité. Mais le modèle adopté et la politique de continuité de la coopérative se montrent efficaces. 

Les dirigeants de la coopérative NatUp : A gauche, Laurent Lemarchand, nouveau directeur général,  Antoine Declercq, président (au centre) et Patrick Aps, actuel directeur général, de la coopérative agricole NatUp.
De gauche à droite, Laurent Lemarchand, nouveau directeur général, Antoine Declercq, président, et Patrick Aps, actuel directeur général, de la coopérative agricole NatUp.
© NatUp

Le bilan 2023-2024 au 30 juin 2024 de la coopératice NatUp « montre un contexte agité mais une année positive financièrement parlant. Il prouve surtout la résilience du modèle mis en place depuis 20212-2013 », a commenté Patrick Aps, directeur général de la coopérative seinomarine, lors de la présentation des résultats le lundi 25 novembre 2024, avant de poursuivre : « la moisson s’est effectuée en deux temps avec une pause causée par la pluie, des rendements mitigés et 250 000 t de grains à sécher. Tout cela dans un contexte de difficultés géopolitiques croissantes et plus d’inflation notamment sur l’énergie ».

Lire aussi : Les silos ne sont pas saturés mais pleins

Le chiffre d’affaires du groupe ressort à 1,292 milliards d'euros ( Mrd€), dont 695 millions d'euros (M€) pour le pôle agricole, en retrait par rapport à 2022-2023 (1,608 Mrd€). « Cette baisse peut-être en grande partie attribuée à la baisse des prix des engrais et des matières premières. La collecte recule de 15 à 20 % par rapport à l’exercice précédent et la moyenne de rendement est inférieure à celle de l’an passé. On est plus à 30, 40, 50 quintaux par hectare (q/ha) qu’à 100 q/ha. On a du beaucoup travaillé les mélanges de blé en raison des difficultés de qualité ».

Une moisson 2024 plus que décevante

 « +127 % de pluviométrie entre octobre 2023 et février 2024 sur notre territoire ; une forte pression liée aux maladies ; des températures supérieures de 1 % à la moyenne en Normandie selon Météo France ; retard des semis jusqu’à début janvier, difficultés de désherbage et d’emblavement, retard des arrachages, difficile enracinement des cultures »... Ces mauvaises conditions ont abouti à une moisson 2024 « plus que décevante » avec des rendements extrêmes allant de 30 à 109 q/ha en blé et des volumes en recul de 20 % en blé, orge et colza, des poids spécifiques (PS) de 74 kg/hl de moyenne sur le territoire, 11 % des blés répondant aux qualités meunières et 107 000 t de blé à moins de 72 kg/hl de PS ». Le lin s’est cependant montré excellent en volume.

« Nous avons mis un plan d’économie de 10 M€ pour s’ajuster face à cette situation et nous avons réalisé un exercice sans acquisition externe pour la première fois depuis quelques années. L’exercice a été plutôt un exercice de consolidation interne et de structuration. Nous avons aussi soutenu nos agriculteurs adhérents : aide à la trésorerie, prise en charge d’une partie des intérêts, soutien spécifique en direction des plus jeunes », ajoute encore le dirigeant.

Pendant l’exercice 2023-2024, 17 M€ ont été investis dont 7,5 M€ en frais de maintenance. Une partie de ces investissements concernent un silo (à Lignières Chatelain dans la Somme), avec une opération à cheval sur deux exercices et le renouvellement de matériels (camion, chariots élévateurs et autres véhicules). 

Vive le maïs mais une commercialisation difficile en céréales

« Le maïs grain va être bon, voire très bon, en 2024 : on s’achemine vers une collecte plutôt proche de 50 000 t contre 35 000 t l’an passé. Les rendements seront très bons également » se réjouit Patrick Aps. Les volumes récoltés sont très humides et nécessitent une attention particulière pour le séchage. « L’important, c’est de disposer des bonnes capacités aux bons endroit ». 

Concernant les semis d'automne 2024, les travaux ont été très intenses, avec une fenêtre très courte et des emblavements plutôt réalisés entre le 20 octobre et le 13 novembre. L'impact des grandes amplitudes thermiques récemment enregistrées sera à surveiller en sortie d’hiver. Les assolements devaient se rééquilibrer cette année après la dépréciation des surfaces en céréales l’an passé.

Concernant la commercialisation de la collecte, fin décembre 2023, 75 % de la campagne était réalisée, cette année seulement 25 %, anticipe NatUp.

Mais la commercialisation de cette campagne s’avère difficile. « Nous sommes le reflet inverse cette année par rapport à la précédente : fin décembre 2023, 75 % de la campagne était réalisée, cette année seulement 25 %. On constate aussi que certains grands donneurs d’ordre ne passent pas par les marchés à terme, où on sait ce qui se passe ». Beaucoup de transactions sont réalisés en gré à gré ou en dehors des appels d’offre institutionnels ou étatiques.

Beaucoup de transactions sont réalisés en gré à gré ou en dehors des appels d’offre institutionnels ou étatiques.

En dépit d’une année difficile, Antoine Declercq, le président de NatUp, se veut optimiste : « NatUp va bien. Il n’y a pas d’inquiétude particulière. Il y a quelques décalages mais pas d’abandon de projets ».

Clap de fin pour Patrick Aps !

Cette campagne est la dernière pour le directeur général Patrick Aps, après vingt-trois ans passés chez NatUp, dont douze années à la direction générale.  Il sera remplacé, à partir du 1er janvier 2025, par le Bas-normand Laurent Lemarchand, passé par Polytechnique et l’université d’Oxford et titulaire d’un bac pro agricole. Il travaille pour NatUp depuis 2019 et occupe actuellement la fonction de directeur agro-industriel et développement. La continuité est le mot d’ordre du nouveau directeur général avec quatre grands axes de travail : sécurité et qualité, excellence agronomique, développement de filières (notamment lentille), accompagnement des agriculteurs.

 

NatUp en quelques chiffres :

850 collaborateurs ;

7 000 agriculteurs travaillant avec la coopérative dont 5 000 adhérents ;

240 implantations dans 9 départements (dont la Seine Maritime, l’Eure, l’Eure-et-Loir, l’Oise, l’Orne, les Yvelines et la Somme) ;

2 Mt de grains collectés pour 2023-2024 ;

Numéro 1 européen du colza érucique ;

Une filière lin qui promeut le « fabriqué en France » durable.

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