Aller au contenu principal

Commerce international
Multiplication par cinq des importations chinoises de maïs en 2020/2021 par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon Agritel !

Agritel explique que la Chine constitue le principal moteur de la hausse des prix des grains, achetant à tout va du maïs, du soja, de l'orge et du blé, notamment. Le cabinet d'analyse craint une tension générale accrue sur le marché des grains.

© Chichuronline-Pixabay

Ces derniers jours, les cours des grains (blé, orge, maïs, colza, soja...) observent une tendance haussière. Opérateurs du marché et courtiers nous avaient prévenu que la Chine constituait le principal moteur de la demande internationale, et donc de la hausse des prix. Agritel le confirme le 22 octobre : « Les prix des céréales retrouvent, à ce jour, leurs plus hauts niveaux depuis six ans : la demande soutenue de la Chine est totalement inédite et nous assistons probablement à un changement de paradigme sur le marché des grains », annonce Sébastien Poncelet, directeur du développement au sein du cabinet de conseil. Cela s'applique particulièrement pour le maïs : Agritel table sur des achats chinois à 20 Mt pour la campagne 2020/2021, soit une multiplication par cinq par rapport à d'habitude sur les cinq dernières années. Arthur Boy, spécialiste des thèmes économiques de l'AGPM, évoquait ce chiffre comme hypothétique le 21 octobre.

Lire aussi : " Vers une prime en orge de brasserie d'hiver supérieure à celle de printemps ?"

Mais pourquoi diable la Chine s’avère aussi gourmande en grains ? Hypothèse évoquée par Agritel : la pandémie de la Covid-19. « La crise de la Covid-19 a probablement encouragé la Chine à redoubler de vigilance sur la sécurisation de ses stocks alimentaires en multipliant les achats », explique le communiqué.

Pourtant, le gouvernement chinois s'est attelé, ces dernières années, à communiquer des chiffres record de réserves de maïs, laissant entendre que l'Empire du Milieu n'avait pas de gros besoins d'importation. Néanmoins, les stocks chinois de maïs constituent un serpent de mer. Personne n'est capable de les évaluer avec exactitude, que ce soit en termes de volumes ou de qualité, tant la situation est opaque. 

56 Mt de ventes de maïs aux enchères entre juin et août 2020

Pour Agritel, les stocks chinois de maïs ne sont pas aussi élevés. « Certains éléments laissent deviner une situation extrêmement tendue pour le maïs : de juin à août dernier, 56 Mt issues des stocks d’Etat ont été vendues aux enchères, quatre fois plus que l’année précédente. Les stocks pourraient donc être insuffisants puisque les cours du maïs sur le marché de Dalian continuent d’atteindre de nouveaux record en dépit de l’arrivée de la nouvelle récolte », explique le communiqué du cabinet d’analyse.

Sébastien Poncelet ajoute que la décision des autorités chinoises de mettre un terme aux prix d’intervention en 2015 aurait, d’année en année, engendré une baisse de la sole nationale. Et ce, alors que la demande intérieure continuait de grimper. Ainsi, les volumes chinois se sont considérablement réduits, au point que le pays manquerait d’offre aujourd’hui. « La Chine est dos au mur. (…) Cela expliquerait l’empressement avec lequel la Chine a signé le dernier accord commercial avec les Etats-Unis avec l’engagement d’acheter des quantités considérables de produits agricoles états-uiniens », complète l’expert d’Agritel.

Du côté de l’offre internationale de maïs, la situation n’est pas optimale dans certains secteurs. L’UE n’aura pas une récolte mirobolante, compte tenu de soucis de production en France, en Roumanie, etc. Des analystes tablent aujourd’hui sur une récolte ukrainienne entre 29 et 32 Mt, alors qu’en début de campagne, ils s’attendaient à un chiffre proche des 40 Mt.

Par conséquent, le marché du maïs pourrait se tendre, d’après Agritel. Mais le maïs n’est pas le seul concerné : il faut rajouter le soja, le blé, l’orge, etc., d’après le cabinet d’analyse.

 « Trop sollicités, les stocks des pays exportateurs de maïs, de soja et, même, de blé pourraient se tendre rapidement », estime Sébastien Poncelet. La vision de l’analyste semble se différencier quelque peu de celle de Stratégie Grains fin septembre.

La Chine voit sa monnaie, le yuan, se renforcer face au dollar, augmentant les capacités d’achats du pays, notamment en grains. Dans le détail, la monnaie chinoise valait, au 24 octobre 2019, 7,07 $, et en vaut désormais 6,67 $. Rappelons, par ailleurs, que le cheptel porcin se reconstitue à vitesse grand V. Tous ces éléments sont autant de facteurs qui stimulent la demande chinoise en grains. Ensuite, les récoltes de céréales et d’oléagineux en Chine ont été pénalisées par divers éléments naturels : inondations, typhons… Enfin, le confinement décidé en Chine, suite à la déclaration de l’épidémie de Covid-19, ont perturbé les travaux dans les champs, rappelle Agritel.

Le Brésil n’a déjà plus de soja 2020 à vendre

Le blé et l’orge d’origine française bénéficient pleinement de l’intérêt chinois actuellement. Le Brésil également, qui voit ses prix intérieurs flamber, à tel point que les éleveurs locaux ont demandé aux autorités nationales d’ouvrir davantage le marché brésilien à la concurrence internationale hors Mercosur. « Le Brésil, premier exportateur mondial, est déjà à court de marchandise, seulement six mois après les récoltes. Quant aux quantités états-uniennes déjà vendues, elles atteignent des records », alerte le communiqué d’Agritel.

Les plus lus

Photo montant quelques graines de tournesol
Récolte 2025 : la déception se confirme sur le tournesol en France

Alors que la récolte de tournesol 2025 touche à sa fin, la déception domine dans les principaux bassins de production dans l’…

graines de soja dans la paume d'une main
Les accords commerciaux sur le soja entre la Chine et les Etats-Unis : faits et chiffres

Depuis le 20 octobre et jusqu’à ce jour, le marché mondial du soja est sous influence de la rencontre entre les président…

Photo en portrait d'Alexandre Everling
Deux nouvelles sociétés de courtage se lancent en céréales et en oléagineux

Après une expérience riche sur le marché des grains, Alexandre Everling s’est lancé en famille dans la création d’…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : retard des achats face aux incertitudes géopolitiques et à la hausse des prix

Ces dernières semaines enregistrent un raffermissement progressif des cours des engrais, notamment des produits azotés.…

Champ de blé à Mercedes, province de Buenos Aires, Argentine.
Une moisson de blé annoncée exceptionnelle en Argentine

Le volume attendu des moissons de blé à peine engrangées dans les Pampas en Argentine s’annonce au minimum record de 23 Mt,…

manifestants tunisiens avec pancartes réclamant la fermeture des usines de phosphate à Gabès à Paris le 26 octobre 2025
Engrais : les manifestations contre les usines tunisiennes de Gabès n’auront pas d’impact sur le marché des phosphates

Depuis le 10 octobre dernier, la ville de Gabès en Tunisie est agitée par un vaste mouvement populaire réclamant la fermeture…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne