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« Mondialisation accrue du colza sur Euronext »

Ahmed Ben Hassine, dirigeant et fondateur du cabinet de courtage ComSolea, signale une forte variabilité des primes et
une mutation du marché du colza français, de plus en plus tourné vers l’international.

© Comsolea

La Dépêche-Le Petit Meunier: Quels ont été les faits marquants de l’année 2018 sur le marché du colza?

Ahmed Ben Hassine: Le premier fait marquant est la forte variabilité de la prime. Nous étions à -15 €/t début juin, voire -18 €/t début juillet 2018, sur Rouen, pour ensuite grimper à -2, -1 €/t actuellement (données ComSolea). Ceci en raison d’une demande des triturateurs français finalement bonne, alors qu’on craignait pour l’avenir de leur activité : mauvaises marges, concurrence du biodiesel argentin, etc. L’autre élément est le recours croissant aux importations de graines. La baisse de la récolte française a joué, mais il y a une volonté accrue des industriels de regarder ce qui se passe à l’extérieur et de ne plus dépendre uniquement de l’offre hexagonale.

 

LD-LPM: Ce n’est pas la première fois que la France importe du colza. En octobre 2018, FranceAgriMer les estimait à 1,19 Mt sur 2015/2016, 0,872 Mt sur 2017/2018 et 1,05 Mt en 2018/2019…

A. B. H.: Certes, mais je pense que FranceAgriMer sous-estime les achats de graines étrangères des triturateurs. Les données collectées auprès de chargeurs révèlent des importations sur Rouen à un peu moins de 100 000 t de colza/canola rien qu’entre le 12 novembre 2018 et le 14 janvier 2019. Aujourd’hui, le raisonnement des industriels est le suivant : on fait comme si le colza français n’était pas prioritaire, en regardant les opportunités ailleurs. Le canola sur Winnipeg cote 60 $/t moins cher qu’Euronext au 15 janvier 2019 ! Le contrat Colza d’Euronext est ainsi de plus en plus mondialisé, accordant moins d’importance aux bilans nationaux, voire européens.

 

LD-LPM: Quelles sont vos projections pour 2019 en termes de prix?

A. B. H.: Les cours sur Euronext semblent buter sur un plafond de verre : 367-369 €/t sur le rapproché. Rien n’est impossible, mais il me semble pour le moment difficile de passer la barre des 400 €/t en 2019. Et ce, malgré les surfaces françaises et allemandes en baisse entre 2017 et 2018. Les opérateurs français devront regarder ce qui se passe ailleurs plutôt que de se focaliser sur les bilans nationaux et l’état cultural de leur région, pour se faire un avis sur la direction que prendraient les prix du colza. Nous sommes aujourd’hui un peu dans le même contexte que le blé tendre en 2016 : faible récolte française, mais disponibilités confortables au niveau mondial. Une hausse des primes sur les usines intérieures, qui n’importent pas (comme sur Le Mériot), n’est pas à exclure. Mais sur les rendus usines portuaires, une progression des primes pourrait survenir à la marge. Cela dépendra fortement du contexte international et donc d’événements conjoncturels sur les marchés du pétrole, du soja à Chicago, des futures relations entre Pékin et Washington, de la météo…

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