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Mieux tracer l’origine du blé dur dans les pâtes italiennes

Indiquer l’origine du blé sur les paquets de pâtes, l’idée fait son chemin en Italie, approuvée par les producteurs, mais esquivée par les fabricants, soucieux avant tout d’exportation.

L’Italie consomme trop de blé dur pour fournir seule ses fabricants de pâtes, Barilla en tête. La dépendance à l’importation est de 40 %, représentant 2,5 Mt pour la campagne 2015/2016, et 1,8 Mt cette saison. Un paquet de pâtes sur trois est fait à partir de blé étranger, et un pain sur deux, calculent les producteurs italiens de blé dur, réunis dans le syndicat Coldiretti. Ils réclament un étiquetage qui fasse apparaître l’origine du blé. “Manger et produire local”, le slogan est connu. Pourtant, en pratique, ce serait difficile à réaliser au jour le jour pour les fabricants de pâtes.

Pour 3,2 Mt de pâtes produites en 2016 dans la péninsule, tous fabricants confondus, il a fallu importer 960 000 t de blé dur, qui représentent les trois quarts de la matière première. Au total, la semoulerie italienne a utilisé 1,5 Mt de blé dur importé de pays tiers, sur 5,7 Mt traitées, d’après FranceAgriMer. Quand la qualité le permet, le blé dur peut venir de France, attestent les courtiers provençaux. Barilla s’approvisionne autour de ses usines, jusqu’à la vallée du Rhône. Pour la régularité qualitative des pâtes, le fabricant réalise des importations techniques afin de disposer de qualités spécifiques. Même chose ici : « Pour pallier les insuffisances, en 2016, nous avons mixé avec des blés d’origines plus lointaines », a indiqué un pastier basé à Marseille.

Blé “made in Italia”

Les agriculteurs italiens ont demandé à leur ministère de soumettre le sujet à la Commission européenne. Pour Coldiretti, si la mention “blé italien” n’est pas sur les paquets, c’est le résultat de « choix politiques à courte vue, privilégiant les intérêts des industriels exportateurs ». L’Association européenne des fabricants de pâtes (Unafpa) refuse effectivement d’associer qualité et origine, y voyant une atteinte à la concurrence. L’an passé, le blé dur produit en Italie a perdu 31 % de sa valeur, sous la pression des prix mondiaux, ce qui menace la rentabilité de la culture.

Le sujet n’est pas anodin pour les exportateurs, à commencer par le Canada, premier fournisseur de l’Italie en blé dur l’an passé (et premier exportateur mondial). Sitôt l’accord sur le Ceta ratifié, qui facilite le commerce agricole, le ministre canadien de l’Agriculture a exprimé son inquiétude, et parlé de déposer plainte à l’Organisation mondiale du commerce.

La Commission européenne a trois mois pour se prononcer. Si l’origine des blés composant les pâtes était mentionnée, les acheteurs privilégieraient à qualité et prix égal le produit national.

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