Aller au contenu principal

Dossier
Méthanisation, la filière dans les starting-blocks

Dans le cadre de la transition énergétique, la méthanisation constitue un des leviers essentiels pour atteindre les objectifs du gouvernement. Au maximum de son potentiel en Allemagne, elle n’en est qu’à un stade embryonnaire dans l’Hexagone. L’État, les professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire se tournent de plus en plus vers cette filière pleine de promesses.

« Le gisement de déchets est suffisant en France pour développer le secteur. Nous pourrions produire l’équivalent d’un quart de notre consommation nationale de gaz actuelle », assure Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, qui engage sa région à développer une centaine d’unités de méthanisation, traitant déchets agricoles et agroalimentaires, sur son territoire d’ici 2020. « La filière pourra se développer si un meilleur partenariat existe entre les acteurs, afin d’améliorer la gouvernance des projets et de s’assurer un gisement constant », précise-t-il. Aujourd’hui, en plus des 101 méthaniseurs à la ferme, l’agroindustrie s’investit dans le secteur, avec près de 60 installations répertoriées. Ces unités « se sont majoritairement construites aux alentours de 2011 », affirme Guillaume Ponsin, fondateur de la société Méthaconseil, qui exploite un méthaniseur par l’intermédiaire de sa filiale Méthagaz près de Reims. Il est doté d’une expérience de quatre ans dans le secteur en Allemagne. Des brasseries, des distilleries, des organismes stockeurs... se lancent dans l’aventure. « Un grand nombre de méthaniseurs se trouvent dans le grand Ouest, en raison des grandes disponibilités en lisier », indique Caroline Marchais, déléguée générale du Club Biogaz. L’industrie est également bien présente dans le Nord et l’Est, grâce aux résidus de l’industrie du sucre, de déchets brassicoles, etc.

Environ 160 méthaniseurs en France, 7.500 en Allemagne
Mais il reste encore beaucoup à faire. La France accuse un sérieux retard par rapport à son voisin allemand, « qui compte 7.500 méthaniseurs agricoles et 1.500 unités pour le secteur agro-alimentaire en 2013. Ils produisent l’équivalent de l’énergie de presque trois réacteurs nucléaires, c’est-à-dire environ 2.700 MW », insiste Guillaume Ponsin. Avant d’ajouter que « l’Italie dispose d’environ 3.000 unités agricoles dans la vallée de Po. »

Un levier de business
La méthanisation offre une source d’énergie non négligeable et permet de résoudre une partie de la problématique de l’usage d’intrants minéraux et de détérioration des sols. Elle est un moyen de transformer un déchet, par un processus de fermentation anaérobie, en plusieurs produits commercialisables. Le biogaz peut être transformé en électricité – vendue à EDF–, en chaleur –vendue à des tiers–, être purifié et devenir du biométhane –qui sera injecté dans le réseau GrDF– ou encore devenir un biocarburant. L’énergie produite peut aussi servir à chauffer les équipements d’un organisme stockeur, d’un meunier voisin par exemple. Le process donne également naissance à un produit solide/liquide, appelé le digestat, constituant un amendement organique de qualité (cf. schéma), qui retournera dans les parcelles agricoles, ou encore  dans des jardins municipaux. Sous certaines conditions d’homologation ou transformé en compost, il peut être commercialisé (cf. BN Ferti).
Ainsi, « la méthanisation constitue une vrai voie de développement durable. Elle crée de la valeur ajoutée directement redistribuée localement. D’autre part, elle est structurante pour les acteurs en développant et préservant le tissu social. Elle est une opportunité d’obtenir des revenus complémentaires. On ressent une réelle volonté des coopératives et du gouvernement d’impulser la filière aujourd’hui », témoigne Emmanuelle Ramfel, chargé de mission Énergie au sein de Coop de France.

Créer 1.000 méthaniseurs agricoles en 2020
Transition énergétique, réduction de la pollution azotée d’origine agricole, tels sont les volontés affichées par les gouvernements Fillon puis Ayrault. C’est sous ce dernier que fut créé le plan EMAA (Énergie Méthanisation Autonomie Azote), issu de la feuille de route établie lors de la Conférence environnementale de septembre 2012, présentée par Stéphane Le Foll et Delphine Batho. Rappelons que ce plan doit permettre le développement de la filière méthanisation en agriculture, appelée “ méthanisation à la ferme ”, afin de diversifier les revenus de l’agriculteur, mais aussi de diminuer la dépendance de l’agriculture française à l’azote minérale. Concrètement, il s’agit de construire 1.000 méthaniseurs agricoles à l’horizon 2020. Environ 2 Md€ seront investis dans le secteur, accompagnés d’un objectif de création de 2.000 emplois pérennes.

Les plus lus

Photo montant quelques graines de tournesol
Récolte 2025 : la déception se confirme sur le tournesol en France

Alors que la récolte de tournesol 2025 touche à sa fin, la déception domine dans les principaux bassins de production dans l’…

graines de soja dans la paume d'une main
Les accords commerciaux sur le soja entre la Chine et les Etats-Unis : faits et chiffres

Depuis le 20 octobre et jusqu’à ce jour, le marché mondial du soja est sous influence de la rencontre entre les président…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : retard des achats face aux incertitudes géopolitiques et à la hausse des prix

Ces dernières semaines enregistrent un raffermissement progressif des cours des engrais, notamment des produits azotés.…

champ sous un ciel nuageux, Creuse, octobre 2025.
Céréales et oléoprotéagineux bio : le marché du tournesol est toujours tendu

Après des conditions météorologiques favorables aux récoltes d’automne ces dernières semaines, l’arrivée d’un front…

Photo en portrait d'Alexandre Everling
Deux nouvelles sociétés de courtage se lancent en céréales et en oléagineux

Après une expérience riche sur le marché des grains, Alexandre Everling s’est lancé en famille dans la création d’…

Champ de blé à Mercedes, province de Buenos Aires, Argentine.
Une moisson de blé annoncée exceptionnelle en Argentine

Le volume attendu des moissons de blé à peine engrangées dans les Pampas en Argentine s’annonce au minimum record de 23 Mt,…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne