Match palme-colza au Paris Grain Day
Qui, du colza ou de la palme, l’emportera dans la guerre des biodiesels, se sont demandé les intervenants lors de la journée parisienne consacrée aux grains.
« En Indonésie, les palmiers sont encore jeunes, et ne donnent pas leur maximum », a expliqué Togar Sittangang, secrétaire général du Gaski, l’association des producteurs d’huile de palme indonésiens, à l’occasion du Paris Grain Day le 27 janvier. Néanmoins, ce pays est le premier producteur mondial d’huile de palme avec une surface globale de 3.66 Mha. « Le gouvernement ne soutient pas véritablement le biodiesel », a regretté Togar Sittangang, et son exportation vers l’Europe fait l’objet d’une taxe antidumping de 18,9 % depuis novembre 2013, valable cinq ans. Le pays en produit 2,2 Mt.
C’est ce qui préoccupait Michel Boucly, directeur général délégué d’Avril, venu défendre la filière colza (et diester) européenne. Il a noté que l’Indonésie incorpore 20 % de biodiesel à base de palme dans ses mélanges de carburants, « pour des moteurs Mercedes, alors que l’Allemagne refuse un taux de 8 % en Europe ». Précisant que le colza UE donne moins d’huile à l’hectare que le palme, il a répété qu’elle apporte une « réponse à la dépendance européenne au soja importé pour l’alimentation animale ». L’UE est déficitaire en colza de 4 Mt, avec une production maximale de 24 Mt atteinte en 2014 (20 Mt en 2016). Notant que fabriquer des hybrides non-OGM était un choix qui prend du temps, il a demandé l’autorisation des NBt, mutagenèse du génome assimilée « à tort » aux OGM, « au nom des générations futures » de producteurs.
Énormes risques pour la filière
François Pignolet, directeur général de Centre Ouest Céréales, a surenchéri sur le gros problème que pose la concurrence de l’huile de palme à sa coopérative, qui collecte 140 000 t d’oléagineux et en écrase 24 000 t. « Le palme indonésien érode nos marges sur le prix de l’huile, dont nous produisons 90 000 t », a-t-il résumé. « Si l’on passe de 7 à 3 % incorporés en biodiesel, cela va ruiner la filière française du colza », a-t-il averti. Un intervenant a rappelé que selon l’Institut français du pétrole, 10 % de biodiesel équivalent à 20 % de particules fines en moins. Les présents pronostiquaient un impact des oléagineux positif sur le marché en 2017.