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« Les marchés agricoles sont guidés par le coût mondial de l’énergie, des engrais, et par l’économie chinoise »

Lors de la session 2024 des matières premières de l’Aftaa, l’économiste en chef de CME group, Erik Norland, a rappelé que les prix des produits agricoles suivent de près le cours mondial du pétrole brut.

Erik Norland, économiste en chef de CME group, une entreprise financière états-unienne issue du Chicago Mercantile Exchange.
© Yanne Boloh

Les marchés agricoles sont avant tout influencés par trois facteurs macroéconomiques, explique Erik Norland, économiste en chef chez CME group : « le coût mondial de l’énergie et des engrais, l’économie chinoise puis les autres économies, américaines, européennes et autres ». Lors de la session Matières premières de l’Aftaa (Association française des techniciens de l'alimentation et des productions animales), le 21 mars dernier, il a rappelé, notamment, que les prix des produits agricoles suivent de près le cours mondial du pétrole brut, que ce soit le maïs, le blé ou le soja

Baisse du prix des engrais et du gaz naturel

Les évènements liés à la guerre en Ukraine et aux tensions entre Israël et Hamas se traduisent notamment par une réduction forte du trafic du canal de Suez mais, bonne nouvelle, les prix des engrais et du gaz naturel ont considérablement baissé depuis les plus hauts de 2022 : « l’Opep a réduit sa production de 3,6 millions de barils par jour, le transport maritime via le canal de Suez est en baisse de 67 % et la Russie est toujours en guerre, mais le pétrole reste aux environs de 80 dollars le baril et la courbe des contrats à terme du pétrole suggère que les traders anticipent une baisse des prix à venir, peut être vers 70 dollars le baril début 2026 », constate l’économiste. En effet, les producteurs américains de brut ont remplacé un tiers de ce que l’Opep a réduit, flirtant avec les 13/14 millions de barils par jour contre 4 à 5 millions au plus bas, en 2007/2009. 

« Le rythme de la croissance économique de la Chine influence les prix du pétrole avec un décalage d’environ un an », pointe Erik Norland. C’est également le cas sur les prix des produits agricoles, blé comme maïs. « Le prix des tourteaux de soja est plus influencé par la taille des troupeaux chinois de porcs suite à la fin de l’épisode de fièvre porcine africaine démarré fin 2019 », ajoute t-il en détaillant l’évolution des importations chinoises de viande de porc, notamment en provenance de l’UE (Espagne largement en tête). 

La situation financière a fortement évolué en Chine avec des niveaux d’endettement qui ont dépassé ceux de l’Europe depuis 2008 : la dette chinoise (gouvernement, ménages et entreprises non financières) a ainsi plus que doublé depuis le début des années 2000. « Le boom de la dette chinoise a alimenté une énorme bulle immobilière », ajoute l’intervenant. Mais, désormais, le prix de l’immobilier résidentiel baisse tandis que l’activité de construction chute de plus de 10 % par an. Les exportations comme les importations chinoises sont également à la baisse, influençant tous les marchés mondiaux. C’est le cas de la lysine : les producteurs chinois veulent exporter leurs excédents de production en baissant fortement leurs prix, les prix bas impactant la production européenne comme Metex le subit de plein fouet. 

Lire aussi : "Metex, fabricant de lysine, en redressement : l’UE veut-elle dépendre de la Chine ?"

Du côté de l’inflation, la vague mondiale a commencé à refluer, mais le niveau n’est pas retombé aux niveaux d’avant la pandémie de Covid, perturbant plus durablement les marchés qu’envisagé sachant que les coûts de financement ont grimpé en flèche alors que le monde a connu le plus grand resserrement politique depuis 1981, estime l’économiste. Les investisseurs s’attendent toutefois à un assouplissement de la politique monétaire en 2024 et 2025 avec des taux d’intérêt qui pourraient redescendre sous les 3 % dans la zone euro en fin d’été 2024. Les déficits budgétaires sont encore bien trop importants tant aux Etats-Unis que dans l’UE. « La hausse des taux d’intérêt dans la zone euro constitue un risque pour les pays qui ont accru leur endettement depuis la crise financière de 2008 », démontre l’intervenant.

 

Présentation de CME Group

CME group, entreprise financière américaine issue du Chicago mercantile exchange est la plus grande bourse d’échange de produits dérivés et gère quatre des plus grands marchés financiers du monde : CME, CBOT, Nymex et Comex. Elle a également investi dans Kemiex, la plate-forme d’information sur les prix et le marché des micro-ingrédients (vitamines, acides aminés, oligo-éléments, engrais…). 

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