L'usage des biocarburants de première génération divisé par deux en 2030 ?
Le 30 novembre, la Commission européenne envisagerait de faire passer la part des biocarburants de première génération de 7 % en 2021 à 3,8 % en 2030.
La Commission européenne projetterait de diminuer fortement le taux d'incorporation de produits issus de cultures végétales dans les carburants européens, passant de 7 % en 2021 à 3,8 % en 2030, selon un document non officiel recueilli par Reuters. La raison invoquée serait que la Commission européenne doute du pouvoir de réduction des émissions de gaz à effet de serre des biocarburants de première génération. Dans le même temps, la part de ceux de deuxième génération serait augmentée sur la même période, passant de 1,5 % à 5,5 %. La Commission européenne devrait publier le texte définitif le 30 novembre, selon Agra Europe.
Les professionnels sceptiques
« Il n'est pas sûr que la date de publication soit le 30 novembre. Nous avons entendu dire qu'elle pourrait être reportée », indique Sylvain Demour, du SNPAA (Syndicat national des producteurs d'alcool agricole). Ensuite, « le document n'est qu'un brouillon. Il y a encore des consultations au sein de la Commission européenne, et les avis y sont très divergents sur la première génération. Ainsi, il faut rester extrêmement prudent quant à la version finale du texte », ajoute-t-il. Le document sera sou-mis au Conseil et au Parlement eu-ropéens, qui donneront un avis, rappelle le spécialiste. « Les États membres adopteront sûrement une vision plus réaliste. (...) On vient juste de travailler sur un objectif de 7 %, et il n'est pas question de tout changer deux ans plus tard. » Sylvain Demour a rappelé les arguments du SNPAA, à savoir que les carburants liquides seront encore dominants, même après 2030, la progression des véhicules électriques étant bien trop lente.
« Les biocarburants de première génération auront donc toute leur place dans la décarbonisation des énergies dans les transports, que ce soit l'E10, l'E85, l'ED95 ou encore les produits fabriqués à partir de colza en Europe. »
Même son de cloche du côté de la filière Colza/Biodiesel. « Il est impossible de se prononcer actuellement sur la teneur du texte final. Mais il va de soi qu'une réduction des taux d'incorporation aura un impact extrêmement important sur les producteurs de colza. On rappelle que 72 % de l'huile de colza produite est à destination du biodiesel », renchérit Thibault Ledermann, responsable Communication de la Fop (Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux).