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Logistique - Arterris relance le fret ferroviaire sur son silo de Beaucaire

Après deux années de travaux, la ligne ferroviaire qui dessert le silo de Beaucaire, propriété d’Arterris dans le Gard, reprend du service afin de redynamiser le plus grand point de collecte de grains du Sud-Est de la France.

Propriété d'Arterris, la locomotive, qui n’avait pas tourné depuis une décennie, a été remise en état.
© Arterris

Les voies ferrées qui viennent d’être remises en service est un terminus ferroviaire, qui permet d’embrancher la zone industrielle Domitia de Beaucaire (dans le Gard) à la ligne Nîmes-Avignon-Lyon mais également la ligne Nîmes-Arles-Miramas-Marseille.

« Si Arterris a été l’initiateur de la remise en service de cette voie ferrée, qui reste ouverte à tous les chargeurs potentiels de la zone d’activité, le groupe coopératif n’a pas participé au financement des travaux de réhabilitation de la voie ferrée, qui ont duré deux ans », indique Stéphan Vigne, le responsable du silo de Beaucaire. Ce sont la Compagnie nationale du Rhône (125 000 €), la communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence (54 000 €), l’Etat via le plan France relance (89 000 €) et la région Occitanie (89 000 €) qui ont payé la note, qui s’est élevée à près de 360 000 €.

« Le silo d’Arterris n’est pas la seule activité présente sur cette zone industrielle en pleine expansion, qui se situe au bord du Rhône, mais c’est aujourd’hui le seul utilisateur de l’embranchement ferré », précise Stéphan Vigne.

Une organisation contraignante

Les travaux de rénovation de cette ligne, qui a été abandonnée il y a huit ans pour des raisons de moindre compétitivité face au camion à l’époque, ont concerné le remplacement des traverses en bois, du ballast, des aiguillages et de quelques rails endommagés, ainsi que la révision du système de signalisation. « Un plan de prévention tripartite – entre SNCF Réseau, Arterris et la Compagnie nationale du Rhône – a été rédigé car cette dernière est en train de construire une piste cyclable qui va traverser la voie ferrée », ajoute Stéphan Vigne.

La vitesse limite de circulation sur cet embranchement ferroviaire est de 5 km/h afin de limiter les nuisances sonores pour le voisinage. Les trains peuvent de fait arriver ou repartir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. « Cette organisation nous oblige à mettre en place des équipes spéciales quand la réception ou la livraison des wagons, que nous pouvons par ailleurs suivre à la trace, sont programmés en dehors des horaires de fonctionnement du site de stockage », explique le responsable du site industriel.

SNCF Réseau gère le planning des trains, amène sur site les wagons de fret vides, loués à la société VTG, et les récupèrent une fois remplis par nos soins. « Nous disposons en propre d’une locomotive, rénovée pour un montant de 25 000 €, qui nous sert à tracter les wagons sur nos installations », souligne Stéphan Vigne. Ces travaux de remise en état ont été effectués par la société beaucairoise MFM, qui a également en charge la maintenance de la locomotive. Cette proximité permet à l’entreprise d’intervenir rapidement en cas de problème mécanique sur l’engin. « Ce qui est un avantage certain lorsque nous avons qu’un jour et demi pour remplir un train complet, composé de 20 à 22 wagons de 70 tonnes chacun, ce qui représente entre 1 400 t et 1 540 t de grains à charger », insiste le responsable du silo.

Panzani comme premier client… mais pas le dernier

Sur l’année, c’est une vingtaine de train de blé dur qui circuleront depuis le silo de Beaucaire à destination du site de Panzani à Marseille, ce qui représente environ 25 000 t de grains. Depuis l’ouverture de la voie ferrée le 31 janvier, ce sont trois trains complets de matière première qui sont partis du site de Beaucaire. « La remise en service de la voie ferrée desservant la zone industrielle de Beaucaire est une excellente nouvelle pour notre filière d’approvisionnement en blé dur pour les pâtes Panzani, et pour la transition vers un modèle d’agriculture durable que nous menons conjointement avec Arterris. Grâce à cette configuration, nous optimisons ensemble notre capacité de transport et nous réduisons considérablement notre impact, un double avantage à la hauteur des enjeux qui nous attendent », affirme Audrey Luc, directrice Communication et affaires publiques de Panzani, dans un communiqué en date du 8 mars. 

« Nous n’excluons pas de livrer d’autres produits vers d’autres clients, dans la mesure où le fret ferroviaire présentera un avantage économique au transport routier », affirme Stéphan Vigne. Et d’expliquer : « Par exemple, le site de notre client Royal Canin, qui n’est qu’à 80 kilomètres de notre silo, continuera d’être approvisionné par camion, le train étant particulièrement rentable sur les longues distances ». Ainsi, même si le silo de Beaucaire a pris le virage du transport ferroviaire, son fonctionnement nécessitera toujours l’intervention des transporteurs routiers pour ses livraisons sur les courtes distances et l’acheminement des grains depuis les silos tampons qui se situent dans un rayon de 80 kilomètres.

« Pour la petite histoire, Arterris possède une flotte de camion en interne, gérée par sa filiale OTE qui, au moment des récoltes, dépose des bennes vides chez les agriculteurs et les récupère une fois pleine de grains », commente Stéphan Vigne.

Le silo de Beaucaire, le plus grand point de collecte du Sud-Est

Le silo de Beaucaire, d’une capacité de stockage de 75 000 t dont 50 cellules de 1 300 t environ, est équipé de quatre fosses de réception camion, deux nettoyeurs-séparateurs, deux émotteurs et deux séchoirs. Il réceptionne, au fil des récoltes, des céréales (blé tendre, blé dur, orge, maïs, triticale, avoine et sorgho), des oléagineux (colza, tournesol et soja) et des protéagineux (pois et féverole).

 Après un travail de mise aux normes des cahiers des charges, ces grains sont expédiés à sa clientèle française – à savoir Panzani, groupe Soufflet (InVivo), Saipol, Evialis, Royal Canin, Sociag et la coopérative corse Vadina – mais également européenne, avec Certosa, Transaria et Cargill en Espagne, Bos en Italie et Versele-Laga aux Pays-Bas.

Le site de Beaucaire a adapté ses pratiques de conservation du grain pour ne plus utiliser d’insecticides de stockage. « Nous effectuons des contrôles quotidiens pour éviter toute prolifération d’insectes, nous nettoyons le grain régulièrement et nous le refroidissons naturellement en le ventilant grâce au mistral », détaille Stéphan Vigne, responsable du silo de Beaucaire, propriété d’Arterris.  

 

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