Lobbying pro Intervention
Lors de son AG, Orama a réuni des intervenants pour défendre l’intervention face à Bruxelles
SAUVETAGE. Dans l’espoir que Bruxelles les entende, Orama (principal syndicat des producteurs de grandes cultures) a organisé une table ronde à laquelle étaient conviés plusieurs responsables syndicaux européens lors de son assemblée générale, le 11 juin à Troyes. En fait de débat, il s’agissait davantage d’envoyer un message clair aux autorités bruxelloises, par l’intermédiaire de leurs représentant, Bruno Buffaria, qui a du se sentir bien seul cet après-midi : « L’intervention ne doit pas disparaître ».
« L’intervention doit rester un élément régulateur du marché »
Malgré la tentative, perdue d’avance, de Bruno Buffaria, unique représentant des instances communautaire, de présenter le bilan de santé de la Pac comme une necéssité, l’ensemble des participants de la table ronde a jugé que celui-ci en était en réalité une véritable refonte. La Commisson prévoit, entre autres dispositions, de modifier considérablement le système de l’intervention en devenant l’unique intervenant du dispositif. En d’autres termes, Bruxelles déciderait unilatéralement quand et à quels prix des lots pourront être stockés ou destockés, afin de ne pas reproduire l’exemple du maïs hongrois ou du seigle allemand. « Ce n’est pas un bilan de santé mais une réforme », a martelé Jean-Jacques Vorimore, président du pôle Economie et International d’Orama. Pour ce dernier, l’argument hongrois ne suffit pas. « Il s’agit de 12 millions de tonnes et l’UE a ressorti les stocks quand le besoin s’est fait sentir. On a donc fait de l’argent avec les stocks. En France, l’intervention a été un moyen de stocker plutôt que de brader la marchandise », a-t-il expliqué.
Concernant les modalités du nouveau dispositif défendu par la Commission, Jean-Jacques Vorimore estime que « le système d’adjudication qui permet à la Commission d’acheter quand elle veut et sans obligation est contre productif. ». Et d’ajouter : « Tout système imprévisible accentue la volatilité des marchés. Avant, l’intervention avait la qualité de la transparence.(…). L’intervention est un régulateur, stockeur quand il y a trop de produits et destockeur quand il n’y en a pas assez. C’est aussi un élément de réponse européenne au problème alimentaire mondial actuel ».
L’Allemagne, l’Espagne et la Pologne en alliés d’Orama
Plusieurs responsables de structures syndicales agricoles européennes ont fait le déplacement pour adresser un message similaire à la Commission. Ainsi, l’allemand Klaus Kleim, du DBV, a proposé d’attendre la fin des récoltes pour que le monde agricole puisse participer au débat avant de lâcher : « l’agriculture a besoin d’accompagnement politique mais moins d’intervention politique ». De son côté, le polonais Zbiegniew Kaszuba a réclamé un peu de stabilité dans la politique de l’Union européenne. « Quand nous sommes entrés dans l’Union, la Politique agricole commune devait produire des règles stables, or elle est en profond changement. Le traité de Rome est-il encore valable ? Voulons- nous la même déstabilisation dans l’agriculture que sur le marché du pétrole ? », s’est-il interrogé.