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« Limiter la volatilité est insuffisant »

La Dépêche - Le Petit Meunier : Dans votre livre sorti en mai et intitulé “Le G20 agricole : une chance pour l’agriculture mondiale ?”, vous semblez réservé sur les enjeux de cette réunion, pour quelles raisons ?
Bernard Bachelier :
Je crains une grande déception. Je regrette que cette réunion ne traite pas la sécurité alimentaire à plus grande échelle. La régulation des prix sur les marchés mondiaux n’est qu’une infime partie du problème. L’Europe pourrait être accusée d’aborder cette question pour ses propres intérêts. Nous sommes habitués à des marchés stables, pas à encaisser des évolutions aussi fortes des prix. Il y a une majorité d’européens prêts à se rallier sur ce point plutôt que sur le financement de la Pac où il y a de lourdes divergences. Mais la régulation d’un ensemble isolé n’est plus possible. Il faut donc le faire à l’échelle mondiale. En cas d’accord, des phénomènes extrêmes sur les marchés à terme pourront être évités, mais, les effets de ce type de politique sont limités. La vraie question est celle de la production dans les pays du Sud. S’il y avait un accord, je serais satisfait car on a besoin d’apprendre à travailler ensemble. Mais un accord pour limiter la volatilité mondiale est insuffisant. Mon souhait serait que les réunion agricoles du G20 se poursuivent.

LD- LPM : Que pouviez-vous attendre de cette réunion du G20 ?
B. B. :
J’aurai aimé que les questions de développement y soient intégrées. Les réunions techniques sur le développement agricole sont dans une impasse car elle sont traitées comme une question sociale. Les organisations internationales répondent aux problèmes d’insécurité alimentaire par de l’aide d’urgence au travers de l’aide alimentaire et par un soutien aux familles touchées. Or cela ne crée pas d’activité économique au niveau agricole. ça ne structure pas les filières économiques. Ma priorité est que les cultures alimentaires deviennent des cultures commerciales dans les marchés nationaux. Comme dans les grandes économies agricoles que sont l’Europe ou les Etats-Unis, qui se sont construits sur des produits alimentaires commerciaux à l’image du blé ou du lait que le producteur vend, assurant son revenu. Les agriculteurs français dépendent essentiellement du marché européen et non de l’export. Le manque de structures et d’organisations de marché dans les pays du Sud, en particulier, en Afrique, empêchent les prix mondiaux d’être transmis aux producteurs sur les marchés locaux. Quand la production est forte, les prix sont bas mais quand les prix sont hauts, il y a peu de marchandises à vendre car les moyens de production et de logistique sont très limités.

LD- LPM : Selon vous, cette réunion du G20 est-elle le bon endroit pour traiter de ces questions ?
B. B. :
Le G20 agit par déclaration et reste incitatif donc non contraignant comme peut l’être l’OMC. Il y a un paradoxe à traiter la régulation des marchés au G20. L’endroit où se régule le marché est l’OMC. Le G20 est peut être un lieu de renaissance. Néanmoins, les ministres de l’Agriculture sont plus à même de comprendre ces enjeux que les invités traditionnels du G20 plus préoccupés par des objectifs sociaux et environnementaux, que productifs.

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