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« L’idée de la régulation est acceptée par la plupart de nos partenaires européens »

Le 19 octobre, Bruxelles débloquait 280 Me pour les producteurs de lait et acceptait l’essentiel des points de votre papier sur la régulation. Que va-t-il se passer maintenant ?
La nécessité de la régulation des marchés agricoles est devenue une idée acceptée par la plupart de nos partenaires européens. Nous avons le soutien de vingt et un Etats membres, du Parlement européen qui s’est exprimé en faveur des propositions franco-allemandes et de la Cour des comptes européenne, qui s’est également prononcée en faveur de cette régulation. La Commission a, en effet, repris point par point toutes les propositions – à l’exception de l’une d’entre elles sur l’alimentation animale –, figurant dans le document des vingt et un Etats membres signé à Vienne. J’estime que la France a fait bouger les lignes et emporté une vraie victoire diplomatique en mettant le dossier de la régulation sur la table des discussions européennes. Un chemin important reste à parcourir pour définir de manière plus large cette régulation dans le secteur du lait et dans les autres secteurs agricoles. Un groupe de travail de haut niveau, mis en place par la Commission, doit rendre ses conclusions en juin. Mais je souhaite qu’il formule des propositions au fil des mois.

Juin 2010, c’est loin ?
Soit on veut bâtir quelque chose de grande ampleur, c’est-à-dire une régulation de l’ensemble des marchés agricoles européens et pas simplement du marché du lait : alors il faut s’interroger sur les instruments les plus efficaces ou les nouveaux à mettre en place, sur le champ que l’on fixe à cette régulation. Cela prendra du temps. Soit, au contraire, on fait du rafistolage et cela sera fait en quelques semaines. Je n’envisage pas cette solution, préférant que l’on prenne le temps nécessaire pour bâtir une vraie régulation solide de l’ensemble des marchés.

Quel sera le rôle de la loi de modernisation agricole en cours de définition ?
Cette loi est une étape majeure pour sortir de la crise, donner les moyens à l’agriculture et à la pêche française de redémarrer dans les meilleures conditions. Le deuxième objectif est de préparer les agriculteurs à passer le cap de 2013. Pour cela, j’ai voulu concentrer les travaux autour de cinq grands axes. Le premier est celui de l’alimentation. Cette loi doit être le moyen de définir une politique publique de l’alimentation, ce qui jusqu’à présent n’a jamais été fait. Nous devons passer à une politique publique d’alimentation plus structurée avec au moins trois objectifs. Le premier est à visée nutritionnelle. Le deuxième : une meilleure information sur l’alimentation pour l’ensemble des Français. Le troisième objectif est d’ordre social : ne serait-il pas logique de valoriser davantage l’effort collectif au service de l’alimen­tation des plus démunis ?

Et sur le plan plus agricole ?
Le deuxième axe est, justement, la question du revenu des agriculteurs et de la compétitivité de l’agriculture française. Nous devons prendre des décisions en améliorant le dispositif assurantiel actuel. Il faut aller plus loin aujourd’hui. Ce qui existe est insuffisant pour garantir la stabilité de leurs revenus. Les exploitants connaissent des fluctuations et des pertes de revenus trop importantes. Le troisième grand axe de la loi est la gestion des territoires agricoles.

La manifestation du 16 octobre a été très mobilisatrice. Allez-vous y repondre ?
On ne peut jamais ignorer une manifestation quand elle a été massive, et quand elle suit un certain nombre de mouvements agricoles comme la grève du lait. Ces actions traduisent un malaise. Il doit être pris en compte. Je suis convaincu qu’il faut, aujourd’hui, un plan d’urgence global qui touche toutes les filières et qui permette d’éviter les dégâts que provoquera la crise économique. Ce plan doit notamment permettre de soulager la trésorerie d’un certain nombre d’exploitants, comme les jeunes et ceux qui ont récemment investi.

Les représentants des grandes cultures témoignent de prix bas, eux aussi, avec des charges qui augmentent. Le plan les concernera-t-il ?
La crise laitière est un symbole des difficultés du monde agricole. En grandes cultures, nous sommes passés de prix de l’ordre de 300 €/t à 120 € aujourd’hui et avec des rendements moindres que ceux des années passées. Cette situation économique appellera une réponse. Le plan global concernera tous les secteurs.

Comment aborder la préparation de 2013 ?
Il y a d’abord la discussion avec nos partenaires européens. Si je passe autant de temps à dialoguer avec eux, c’est que je crois que la France sera en bonne position si elle a repris le leadership en matière agricole et si nous gardons un contact étroit avec eux. Si on veut être convaincant, il faut voir nos partenaires, discuter avec eux. Faute d’être compris, on est isolé. Ensuite, il ne faut pas limiter la discussion à son aspect budgétaire. On doit fixer des objectifs politiques avant tout. Sinon, la réforme de la Pac aboutira à la réduction de son budget. Si, en revanche, nous arrivons à faire de l’alimen­tation de tous les Européens un vrai objectif stratégique, une vraie politique européenne, on verra que la discussion sur les budgets sera plus facile car elle redonnera une légitimité à l’investissement.

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