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« L’excès pluviométrique de cet hiver est source d’inquiétude pour les céréales d'hiver et le colza »

Jean Simon, directeur général d’Atlantique céréales, revient sur les conditions de semis et l’état des cultures en cette sortie d’hiver. Cette union de commercialisation, qui regroupe aujourd’hui cinquante négociants répartis sur la moitié ouest de la France, a enregistré une baisse quantitative et qualitative de sa collecte de grains en 2024-2025.

Silos de stockage au milieu d'un champ.
Atlantique céréales commercialise les productions d'une cinquantaine de négociants agricoles, basés dans l'ouest de la France.
© Atlantique Céréales

Sur la moitié ouest de la France, les conditions de semis des cultures d’hiver ont été bien meilleures que l’an dernier et l’état des cultures est globalement satisfaisant. Concernant l’excès d’eau dans certaines zones de production, il n’y a rien d’alarmant pour le moment. « Il faut juste rester vigilant », selon Jean Simon, directeur général d’Atlantique céréales.

Lire aussi : Tour de plaine des cultures d'hiver 2025 : faut-il craindre l’excès d’eau ?

Quid des superficies françaises et de l’état des cultures d’hiver pour la récolte 2025 ?

Concernant la récolte 2025, les emblavements se sont bien mieux déroulés que les semis de la récolte 2024, les conditions de semis ayant été bien meilleures, « ce qui est une bonne nouvelle en soi », commente Jean Simon. 

« Même en sol drainant, les sols s’engorgent plus rapidement, et l’eau ressort », explique Jean Simon.

Cependant, l’excès pluviométrique que l’on connaît cet hiver dans nos régions est par ailleurs source d’inquiétude, d’autant plus que les nappes phréatiques sont pleines. « Même en sol drainant, les sols s’engorgent plus rapidement, et l’eau ressort », explique Jean Simon. Les cultures risquent encore de souffrir de l’excès d’eau cet hiver sur certains secteurs, mais dans une beaucoup moindre mesure que l’année dernière.

Hausse de la sole de blé tendre

En termes de surface en culture d’hiver, à l’échelle de la France, la sole de blé tendre est passée de 4,743 Mha pour la récolte 2023 à 4,152 Mha pour la récolte 2024, et devrait atteindre les 4,569 Mha pour la récolte 2025 (soit +10 % d’un an sur l’autre mais +0,4 % sur la moyenne quinquennale), selon les estimations d’Agreste au 1er février (chiffres publiés le 11 février). 

« Si l’on remonte d’une année sur l’autre, on sera tout de même en dessous d’une année normale, en raison d’une récolte de maïs très tardive à cause de la météo et de conditions pluvieuses en décembre-janvier qui a limité la fenêtre des semis », tempère Jean Simon.

Baisse de la superficie d’orge d’hiver

En orge d’hiver, les chiffres d’Agreste sont plus pessimistes, avec une surface française prévue à 1,212 Mha pour la récolte 2025 contre 1,238 Mha pour la récolte 2024 (soit -2,1 % d’un an sur l’autre et -3,5 % sur la moyenne quinquennale), loin des 1,367 Mha atteints pour la récolte 2023. 

« La récolte de tournesol sur l’ouest de la France qui est généralement terminée au 30 septembre n’était réalisée qu’à hauteur de 10 % à cette date. Les coupes se sont poursuivies en octobre et novembre, ce qui a limité la fenêtre de semis de l’orge fourrager, à l’image du blé tendre », regrette Jean Simon.

Repli de la surface de colza

Concernant le colza, les estimations d’Agreste tablent sur une superficie hexagonale de 1,302 Mha pour la récolte 2025 contre 1,326 Mha pour la récolte 2024 (soit -1,8 % d’un an sur l’autre mais +8,7 % sur la moyenne quinquennale) et 1,344 Mha pour la récolte 2023. 

« Chez nous, les surfaces de colza sont en léger repli d’une année sur l’autre. Cependant, si les conditions de semis ont été bonnes, l’excès d’eau rencontré sur certains secteurs risque de pénaliser les cultures. Et ce, davantage qu’en blé tendre, étant donné que le colza est plus sensible à ce phénomène », explique Jean Simon.

Quid de la collecte d’Atlantique céréales et de la qualité de la récolte 2024 ?

Le volume de grains collecté par Atlantique céréales pour la campagne de commercialisation 2024-2025 (récolte 2024) devrait être en repli de 15 à 20 % d’un exercice sur l’autre, à 1,8 Mt, en raison de conditions climatiques désastreuses qui ont pénalisé les semis des cultures d’hiver et les récoltes des cultures d’été.

Tonnage et répartition par espèces des grains collectés par Atlantique Céréales
 Campagnes commerciales
 2022-20232023-20242024-2025
Tonnage collecté *2 Mt2,3 Mt1,8 Mt
Blé62%54%n. c.
Orge11%10%n. c.
Maïs9%16%n. c.
Colza8%8%n. c.
Tournesol4%5%n. c.
Autres **6%7%n. c.
* en millions de tonnes (Mt).  
**soja, sorgho, pois et féverole.  
***n. c. : non communiqué.  
Source : Atlantique Céréales, janvier 2025 

La structure a collecté 2,3 Mt de grains sur la campagne de commercialisation 2023-2024 (récolte 2023), soit un tonnage équivalent à la campagne 2022-2023 (récolte 2022) à périmètre constant (la structure comptabilisant un négociant en moins). Plus précisément, le volume collecté en 2022-2023 s’est établi à 2 Mt, auprès des 49 négociants que comptait alors l’union de commercialisation.

Si la récolte de maïs de 2022 a été mauvaise, avec un effet rendement négatif, celle de 2023 s’est révélée excellente en termes de productivité, avec en sus un tonnage complémentaire important en provenance du nouvel arrivant dans l’union de commercialisation. Il s’agit du négociant Casaus, basé dans le sud de la France et qui collecte environ 200 000 t de grains dont les trois-quarts sont du maïs.

Une qualité globalement mauvaise 

La qualité de la récolte 2024 a été globalement mauvaise.

Des poids spécifiques limités en blé

Les blés présentent des poids spécifique (PS) limites et enregistrent des taux de protéines relativement bas, notamment dans la zone de chalandise de La Pallice (Poitou-Charentes), où l’on a du mal à obtenir des lots avec une teneur moyenne de 11 %, et de Rouen (nord de Paris), où c’est quasiment impossible. 

Un problème d’acidité en tournesol

En tournesol, les taux d’acidité sont un peu supérieurs à la norme, en raison des récoltes tardives. Plus on monte au nord, plus la problématique s’accentue.

De forts taux de mycotoxines en maïs

Sur les maïs, ce sont les teneurs en mycotoxines (DON, zéaralénone et fumonisine) qui sont plus élevées qu’à la normale, avec des curseurs différents selon les régions, en lien avec les conditions humides de l’automne qui ont conduit au retard des moissons. Cela peut poser des problèmes aux fabricant d’aliments pour animaux, notamment à destination des élevages de naisseurs en porc. De forts taux de mycotoxines dans les aliments pour truies peuvent entraîner des avortements et des portées avec moins de porcelets. Dans ce contexte, il est possible que, cette année, les fabricants d’aliments pour animaux vont consommer moins de maïs et plus de blé fourrager, en fonction du type d’élevage concerné. 

« Je n’ai pas vu de récolte aussi compliquée à gérer depuis 2007, année où j’ai commencé à travailler dans les métiers du grain », conclut Jean Simon.

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