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Négoce agricole
L’Europe doit s’adapter pour conserver son rôle de leader mondial agricole

Dans un contexte de plus en plus libéral, l’Europe doit mettre en place les bonnes politiques agricoles pour rester compétitive.

Les participants au congrès du négoce agricole nord-Picardie, qui s’est tenu le 31 mai à Béthune, ont tenté de répondre au thème “ S’adapter aux nouvelles contraintes et anticiper les évolutions du monde agricole pour rester compétitif demain ”. Un défi politique, économique et envionnemental.

Ne pas négliger le débouché export

Comme l’a rappelé en introduction François Macé, directeur général du Crédit agricole Nord de France, « l’agriculture française fait face à un marché de moins en moins régulé, en prise directe avec le marché mondial. Elle a perdu des parts à l’exportation ces dernières années. » En 2005, la France était le 1er exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires, alors qu’en mai 2012, elle n’est plus que 4e, et 3e au niveau européen.
Et pourtant, dans une balance commerciale extérieure française en 2012 de -66 Md€, les céréales ont apporté une contribution positive de 8 Md€, « soit 100 Airbus 320 », selon Jean-Philippe Everling, PDG de Granit Négoce. Aujourd’hui, près du tiers des céréales françaises sont exportées. « Il faut arrêter de considérer l’exportation vers les pays tiers comme la variable d’ajustement du bilan céréalier français, défend-il. Le marché export est le seul marché en croissance. C’est lui qui fixe les prix du marché intérieur. » Et d’insister sur le fait que l’export n’est plus la « poubelle du marché ». Nos clients à l’export sont pour beaucoup des meuniers, avec les mêmes exigences que les meuniers français. Or, même si la situation s’améliore, dans les lots de blé français, il y a un effort particulier à faire sur les matières inertes (poussières, balles) qui posent de gros problèmes d’environnement en portuaire.

Savoir gérer les aléas climatiques
Pour Jean-Christophe Debar, directeur de Agri US Analyse, « la compétitivité va de plus en plus se jouer sur la capacité à résister aux aléas climatiques ». Il se base sur l’impact de l’évolution de la politique agricole des États-Unis sur celle de l’Union européenne. En effet, la future Pac 2014-2020 et le futur Farm Bill 2013-2017 ont des échéanciers voisins. Dans le projet de Farm Bill, adopté il y a quelques semaines par la commission agricole du Sénat, les paiements découplés sur les céréales et les oléagineux seraient complètement supprimés. Selon le Sénat, l’enjeu de la politique n’est plus de soutenir le revenu des agriculteurs, mais de le stabiliser face à des aléas climatiques et économiques croissants. La priorité est donnée à la gestion des risques à travers le renforcement des programmes d’assurance récolte et chiffre d’affaires. « Sur 2011/2012, l’assurance est devenue le premier pilier du système de soutien », affirme Jean-Christophe Debar. Cela pourrait impacter la Politique agricole commune, en mettant la pression sur nos paiements découplés. « L’option la plus probable est qu’il y ait une soumission à des exigences environnementales croissantes, à travers la conditionnalité, mais il y aurait un besoin de souplesse. Il nous faut construire un système cohérent de gestion des risques. »

Raisonner la fertilisation azotée
« L’environnement est un fardeau pour nous tous. L’objectif est de transformer les contraintes environnementales en outil de compétitivité et d’efficacité », suggère Jean-Luc Pradal, directeur commercial et marketing de GPN. « En Europe, on est vraiment les rois de la réglementation alors que, partout ailleurs, on parle d’augmenter la production et les investissements. » La fertilisation azotée est un des postes variables le plus important, et un des principaux facteurs impactant sur la performance environnementale. 97 % des émissions d’ammoniac mondiales sont issues d’activités agricoles, 75 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour produire un quintal de blé sont dues au poste fertilisation, et 25 % des émissions de GES de la production du blé peuvent être réduites en choisissant correctement son engrais azoté. Sachant que le coût de l’azote correspond à 10-15 % du revenu d’un céréalier. Pour Jean-Marc Petat, directeur du département Agriculture durable et Communication de BASF Agro, « il faut respecter la réglementation, mais il faut aller plus loin.Il est important que les agriculteurs se regroupent, avec le soutien des instituts techniques pour peser contre les mesures déconnectées de la réalité ».
En 2020, la compétitivité sera au rendez-vous si « la filière reste solide et unie » selon Jean-Philippe Everling et si elle « est acceptée par l’opinion publique et est considérée comme stratégique » estime Jean-Luc Pradal. Ou bien encore si « l’on arrive à convaincre que nous sommes les experts de nos propres métiers », conclut Jean-Marc Petat.

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