Aller au contenu principal

EGalim
Les usages du commerce des grains bousculés par le projet de loi sur les relations commerciales

Le député François Ruffin (Insoumis) a fait fuiter la dernière version du projet de loi issu des États généraux de l’alimentation (EGalim) sur lequel planche actuellement le gouvernement.

© Geralt (Pixabay)

Contrat écrit obligatoire, nouvelle clause de renégociation, indicateurs de prix, contrat à l’initiative des producteurs et non des acheteurs… Les États généraux de l’alimentation (EGalim) ont “accouché” d’un projet de loi (encore en discussion) dans lequel la place du contrat est centrale. Une petite révolution pour la filière du Commerce des grains même si celle-ci, au regard du texte, dispose déjà de nombreux outils pour s’y adapter. En attendant la sortie du texte final, voici les principaux éléments du projet.

Le contrat de vente, au cœur du projet

Dans son troisième article, le projet de loi prévoit la réécriture complète de l’article L631-24 du Code rural relatif aux contrats de vente de produits agricoles. Il est notamment prévu que « la conclusion ou la proposition de contrats de vente écrits […] peut être rendue obligatoire par extension d’un accord interprofessionnel ou par un décret en Conseil d’État ». Les interprofessions Intercéréales et Terres Univia sont incitées, ici, à proposer des contrats de vente écrits. Une petite révolution pour le secteur où il est encore fréquent de contractualiser à haute voix sans pour autant formaliser l’accord par écrit. Notons que des contrats-types (Rufra-Incograins) existent depuis longtemps dans la filière Grains et représentent près de 100 % des échanges actuellement réalisés sur le territoire français. Élément essentiel des EGalim, la proposition d’un contrat par les agriculteurs ou leurs organisations de producteurs aux acheteurs, et non plus l’inverse afin « d’inverser la construction du prix ». Les contrats devront obligatoirement préciser dans leurs clauses « la durée du contrat, les volumes et caractéristiques des produits à livrer, les modalités de collecte ou de livraison, les prix ou critères et modalité de détermination et de révision du prix, les modalités de paiement, les règles applicables en cas de force majeure et à la rupture anticipée du contrat ». Il est prévu que « tout litige entre professionnels relatif à l’exécution d’un contrat ou d’un accord ayant pour objet la vente de produits agricoles ou alimentaires » fasse, préalablement à toute saisine du juge, « l’objet d’une procédure de médiation par le médiateur des relations commerciales agricoles, sauf si le contrat en dispose autrement ou en cas de recours à l’arbitrage. » Notons que le texte stipule que ces exigences sont « applicables aux ventes de produits agricoles livrés sur le territoire français ». Quid alors des productions en provenance de nos voisins européens ? Les contrats devront-ils répondre aux obligations précitées ? A priori oui, avec le risque de générer une nouvelle distorsion de concurrence.

La renégociation en question

Autre point clé de ce projet de loi, la clause de renégociation dont les modalités évoluent. « Cette clause, définie par les parties, précise les conditions de déclenchement de renégociation et prend en compte un ou plusieurs indicateurs des prix des produits agricoles et alimentaires, le cas échéant définis par accords interprofessionnels ». Charge alors à Intercéréales et à Terres Univia de déterminer ces indicateurs qui permettront le déclenchement de la clause. Le texte précise aussi que « le délai des renégociations est ramené à un mois au lieu de deux mois. »

Il est enfin précisé que « Si les parties n’aboutissent pas à un accord au terme du délai d’un mois […], et sauf recours à l’arbitrage, tout litige entre professionnels relatif à l’exécution de la clause de renégociation du prix doit, préalablement à toute saisine du juge, faire l’objet d’une procédure de médiation par le médiateur des relations commerciales agricoles ». Ici comme dans la partie du projet consacré au contenu des contrats (article 3), la filière devrait pouvoir compter sur l’expérience de la Chambre arbitrale internationale de Paris.

Le texte de loi dans sa version finalisée sera présenté en Conseil des ministres le 31 janvier.

Les plus lus

Photo montant quelques graines de tournesol
Récolte 2025 : la déception se confirme sur le tournesol en France

Alors que la récolte de tournesol 2025 touche à sa fin, la déception domine dans les principaux bassins de production dans l’…

graines de soja dans la paume d'une main
Les accords commerciaux sur le soja entre la Chine et les Etats-Unis : faits et chiffres

Depuis le 20 octobre et jusqu’à ce jour, le marché mondial du soja est sous influence de la rencontre entre les président…

Photo en portrait d'Alexandre Everling
Deux nouvelles sociétés de courtage se lancent en céréales et en oléagineux

Après une expérience riche sur le marché des grains, Alexandre Everling s’est lancé en famille dans la création d’…

Engrais chimique en granulé.
Marché des engrais : retard des achats face aux incertitudes géopolitiques et à la hausse des prix

Ces dernières semaines enregistrent un raffermissement progressif des cours des engrais, notamment des produits azotés.…

Champ de blé à Mercedes, province de Buenos Aires, Argentine.
Une moisson de blé annoncée exceptionnelle en Argentine

Le volume attendu des moissons de blé à peine engrangées dans les Pampas en Argentine s’annonce au minimum record de 23 Mt,…

manifestants tunisiens avec pancartes réclamant la fermeture des usines de phosphate à Gabès à Paris le 26 octobre 2025
Engrais : les manifestations contre les usines tunisiennes de Gabès n’auront pas d’impact sur le marché des phosphates

Depuis le 10 octobre dernier, la ville de Gabès en Tunisie est agitée par un vaste mouvement populaire réclamant la fermeture…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne