Aller au contenu principal

Agriculture biologique
Les soutiens s’amenuisent dans l’UE

Lors de son AG, la Fnab s’est penchée sur la disparité des niveaux et modes de versement des aides au secteur au sein de l’Union européenne

AU TERME de son assemblée générale, qui s’est déroulée le 28 mars au Croisic, la Fnab (Fédération nationale de l’agriculture biologique), qui représente environ 70 % des agriculteurs en bio a rappelé son opposition à la nouvelle réglementation européenne telle qu’elle se prépare. En conclusion de ses travaux, la fédération a proposé un colloque européen sur les aides communautaires à l’agriculture biologique alors que la réforme du 2 e pilier de la Pac est en cours.

Une marque pour maintenir le niveau d’exigences en France

Face au risque de voir réduire les exigences de l’agriculture biologique, la Fnab a évoqué l’idée de créer une marque qui maintiendrait le niveau actuel. Selon Henri Thébaut, son président, les autres producteurs européens ne veulent pas non plus d’un allègement du cahier des charges. « En France, nous nous sommes regroupés autour d’une réglementation nationale, dans les autres pays européens ils se sont plutôt développés autour de marques, mais pour nous comme pour eux, les exigences vont plus loin que ce que propose l’Europe », a-t-il expliqué. La création d’une marque serait donc une façon de résister à Bruxelles. Le président de la Fnab a également déploré que ce ne soient pas les organisations de la bio en Europe qui aient influencé la réglementation mais des représentants de l’agriculture conventionnelle comme la Copa-Cogeca.

Les aides européennes à la bio se font rares

« Quand on regarde ce qui se passe dans les autres pays d’Europe, on se rend compte qu’au contraire de ce que veut nous faire croire l’état français, la Pac laisse des marges de manœuvre » a lancé, en ouverture du colloque “Agriculture biologique et aides européennes”, Henri Thébaut, président de la Fnab. Réunissant des représentants de l’agriculture biologique autrichienne, polonaise et italienne, ce colloque a cherché à comparer les expériences européennes. Alexandra Pohl, représentante autrichienne pour Bio Austria, s’est penchée sur la plupart des programmes européens. D’après ses observations, « il y a une grande variation entre les programmes nationaux, mais dans l’ensemble, on observe une tendance à attribuer un minimum de fonds à l’axe 3 du 2 e pilier – qui touche à la qualité de vie en zone rurale – et à un renforcement de l’axe 1 », qui vise à améliorer la compétitivité de l’agriculture. « On a un peu l’impression que le règlement de développement rural (RDR) est utilisé pour intensifier l’agriculture » a-t-elle déploré. Un constat qui va à l’encontre du but premier du RDR. Et Dorota Metera, représentante de l’organisme certificateur pour l’agriculture biologique polonaise, d’ajouter : « subventionner l’agriculture raisonnée revient à dépenser de l’argent pour l’intensification de la production ».

Le 2 e pilier de la Pac, qui s’intéresse au développement rural, est en cours de réforme. Les états membres ont envoyé leurs programmes à l’UE pour la période 2007/2013 en janvier et attendent actuellement l’aval de la Commission. Comme l’explique Jacques Caplat, chargé de mission à la Fnab, les mesures qui constituent le RDR ne sont pas obligatoires, chaque état peut choisir de les appliquer ou non. La Pologne, qui n’est entrée dans l’UE qu’en 2004, voit son nombre de producteurs se lançant dans le bio augmenter fortement. à peine plus de 7.000 en 2005, ils devraient être plus de 12.000 en 2007, soit près de 3 %. L’agriculture bio polonaise n’en est donc qu’à ses balbutiements, mais Dorota Metera espère bien que son pays « sera, d’ici quelques années, un des bons élèves de l’Europe » dans le domaine.

En Italie, l’agriculture bio représente 8,8 % des surfaces agricoles. En France, elle dépasse juste les 2 %. Alessandro Triantafyllidis, de l’Association italienne d’agriculture biologique, a soulevé les principaux problèmes rencontrés dans son pays. Tout d’abord, l’aide à l’agriculture biologique est très faible au niveau de l’état. Ce sont donc les régions qui aident plus ou moins les producteurs – dans les limites d’un cadre national, une situation proche de celle de l’Allemagne. Le manque d’appui à la tête du pays est à l’origine d’une faible consommation en Italie (1,5 %) et donc une part importante de la production est exportée. « C’est le marché qui dirige les échanges, il manque une vraie volonté politique », a résumé Alessandro Triantafyllidis. Pour Henri Thébaut, les aides à l’échelle régionale risquent d’engendrer une distorsion de concurrence entre les territoires d’un même pays. La Fnab est prudente par rapport à ce type de mesure, d’autant que c’est la voie dans laquelle semble s’orienter la France.

Autre sujet de controverse, les mesures agro-environnementales. En Italie, les aides apportées à la lutte intégrée font concurrence à l’agriculture biologique alors que les exigences sont bien moindres. La France risque de connaître les mêmes désagréments avec le programme 2007/2013. En effet, la prime “herbagère” – qui encourage la diminution de l’utilisation des engrais sur les prairies, et la limitation de la part de maïs dans l’alimentation des animaux au profit de l’herbe – pourrait, dans certains cas, rapporter plus d’argent que l’agriculture bio. Alors que les contraintes sont moindres. Pour Jacques Caplat, « l’agriculture biologique devrait se trouver au sommet d’un dispositif d’aides graduées qui partirait de l’agriculture conventionnelle jusqu’à la bio en passant par l’agriculture raisonnée et la lutte intégrée ».

Le meilleur programme d’Europe souffre

Même en Autriche, réputée pour son soutien important à l’agriculture biologique, le nouveau programme prévoit une baisse de 25 % en moyenne des aides. Le pays possède plus de 15 % de surfaces agricoles en bio dont près de 90 % sont subventionnées. « On dit que c’est le meilleur programme d’Europe et pourtant sa qualité est en forte diminution », regrette Alexandra Pohl. S’accordant avec ses homologues sur le fait qu’on est loin d’une organisation européenne de la bio, elle ajoute : « cela a été déjà tellement difficile de coordonner les organisations en Autriche que je ne voudrais pas être celle qui devrait s’en charger à l’échelon européen ».

Les plus lus

Moisson 2025 : la campagne 2025-2026 débute entre soulagement et inquiétudes

À l’issue de son conseil spécialisé du 16 juillet, FranceAgriMer a présenté ses bilans céréaliers prévisionnels 2024…

logo de l'OFPM
Les marges brutes de la meunerie se dégradent à nouveau en 2024

Selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges de FranceAgriMer, les marges brutes de la meunerie ont reculé en…

parcelle de blé dur dans les Bouches du Rhône
Moisson 2025 : un démarrage précoce et prometteur en Europe du Sud

Alors que la moisson a déjà débuté dans plusieurs pays au sud de l’Europe, les premières estimations tablent sur une…

De gauche à droite : Michel Waast (Moulins Waast), Tristan Wecxsteen (boulanger, Les pains de Tristan), Thierry Hache (Grainoble) et Émile Waast (Moulins Waast)
Blé biologique : des prix minimums en blé et maximums pour la farine dans les filières #AgroDiverSanté

Les Moulins Waast et Grainoble Bio ont mis en place un partenariat autour d’une filière semence-blé-farine-levain-pain bio en…

La nouvelle carte mondiale du bloc des pays Brics + ou aspirants, d’une manière ou d’une autre, à le rejoindre. Légende : en bleu foncé, les membres ; en bleu clair, les pays partenaires (Belarus, Bolivie, Cuba, Kazakhstan, Malaisie, Nigeria, Thaïlande, Ouganda, Ouzbékistan, Vietnam) ; en vert, les pays candidats (Azerbaïdjan, Bangladesh, Myanmar, Pakistan, Sénégal, Sri Lanka, Syrie et Venezuela). A noter que l’Argentine, l’Algérie ou encore la Turquie ne rentrent dans aucune de ces catégories.
Les pays Brics s’en prennent aux quatre géants du commerce du grain

Après un sommet à Rio de Janeiro peu concluant, les pays Brics reprennent l’initiative en matière de système d’échanges des…

Céréales et oléoprotéagineux bio : des moissons 2025 encourageantes en termes de volume et de qualité

Les moissons d’été bio – en orge, colza, blé tendre, blé dur, pois et féverole – démarrent progressivement et précocement…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne