Les marchés céréaliers perdent leurs repères


BLÉ TENDRE : les conditions météo européennes enflamment les cours
Le marché s’est de nouveau enflammé. Une tension liée aux conditions météo extrêmes qui sévissent en Europe, avec sécheresse à l’est et fortes précipitations à l’ouest. Ces intempéries menacent l’état des cultures et les niveaux de production (voir ci-contre). La récolte céréalière européenne reculerait d’ailleurs de 1,6 % par rapport à la moyenne 2002/2006. Les prix ont donc explosé, sur le marché à terme, qui a atteint de nouveaux records, puis sur le physique. En effet, les vendeurs offrent au compte-gouttes et en face, la demande reste présente, mais sur le court terme, sur l’intérieur comme l’intracommunautaire. Les britanniques, victimes d’inondations, cherchent en particulier à s’approvisionner sur les marchés français et allemand. Aucune chance en revanche de remporter des contrats à l’export avec des prix si élevés et un euro fort. Le blé américain s’avère pour sa part très compétitif. Le dynamisme des exportations US a d’ailleurs tiré les prix à la hausse sur Chicago. Celui-ci se laisse gagner par la fermeté affichée outre-Atlantique.
BLÉ DUR : difficile
Activité limitée cette semaine encore. Dans le Sud-Ouest, les rendements sont les plus pénalisants, avec une baisse de 10 à 15 %, voire de 40 % dans certaines zones très touchées.
ORGE DE MOUTURE : flambée
La moisson avance péniblement, au gré des éclaircies. Les pluies à répétition menacent l’état des cultures alors que la récolte s’avère déjà hétérogène. Les cours progressent nettement dans le sillage du blé fourrager.
ORGE DE BRASSERIE : blocage
Activité commerciale faiblarde sous la pression des récoltes. Les vendeurs attendent d’avoir rentré un maximum de marchandises pour tirer un premier bilan concret de la quantité et de la qualité des orges 2007. Le retour d’un temps plus calme en cette fin de semaine devrait permettre d’avancer la moisson un maximum ce week-end. On devrait donc y voir un peu plus clair la semaine prochaine. En attendant, les cours explosent littéralement dans le sillage des autres céréales.
MAÏS : forte tension en NR
La production hongroise est attendue en baisse de 50 % du fait du temps chaud et sec qui prédomine dernièrement dans le pays. Leurs clients cherchent alors à s’approvisionner sur d’autres origines. Cela soutient très nettement les prix sur un marché déjà tendu dans le sillage des autres céréales fourragères.
En France la production devrait se situer autour des 12 Mt, contre 12,35 Mt en 2006, comme l’a indiqué l'AGPM. À 1,4 Mha, les surfaces de maïs grain seraient en légère baisse (-30.000 à -35.000 ha). Les rendements seraient aussi en retrait.
FRETS : rythme irrégulier
Le rythme des chargements sur le portuaire est dicté par l’avancée des moissons, perturbées par les pluies. L’explosion des cours des blés devrait mettre un coup d’arrêt à l’activité. Le manque de marchandise limite le trafic fluvial intra-communautaire. Concernant les frets maritimes, la tendance générale reste ferme. Le BDI (Baltic Dry Index) s’est consolidé sur la semaine alors que le BPI (Baltic Panamax Index) a enregistré un tassement.
BLÉ 2007 : PS hétérogènes et rendements à la baisse
Avec une nette avancée des moissons le week-end dernier, les agriculteurs profitant d’une “trouée” entre deux averses, on peut cerner un peu plus l’état sanitaire des blés 2007. Généralement, on constate une très forte hétérogénéité en ce qui concerne les PS, et c’est vraisemblablement le point faible de cette année. Beaucoup d’opérateurs confirment en effet des taux de protéines très corrects, tout comme les temps de chute qui s’avèrent intéressants. C’est vrai dans le Centre, la Bourgogne et l’Est de la France où les blés sont rentrés à 80 %. Seule inquiétude, la situation à l’Ouest du bassin parisien et dans le Nord du pays où la moisson a à peine débuté.
TOURTEAUX : la baisse calme l’activité
La baisse des prix de la graine de soja observée sur le marché de Chicago a fait reculer les cours des tourteaux de soja en Europe. Pariant sur la poursuite de ce mouvement, les fab ont stoppé leurs achats. Attention, l’envolée du blé pourrait entraîner le soja à la hausse, confient certains courtiers. Les autres tourteaux, colza et tournesol, progressent, compte tenu de la fermeté des cours des graines.
PROTÉAGINEUX : en attente
Les offres sont absentes du marché et la récolte se déroule dans de mauvaises conditions. Les transactions sont rares. Dans un contexte d’incertitudes, les prix augmentent nominalement. À de tels niveaux de prix, les fabricants d’aliments sont encore moins portés sur les achats. En féverole, les vendeurs sont également absents. Les cours plafonnent.
ISSUES DE MEUNERIE : en hausse
Sans surprise, les prix progressent encore, dans le sillage du blé. Dans un contexte céréalier chaotique, les vendeurs sont absents du marché. Or, les acheteurs sont aux aguets, et l’intérêt est accentué en raison des cours très élevés des autres matières premières riches en protéines.
DÉSHYDRATÉS : peu de transactions
Les cours de la luzerne ont pris quelques euros, en sympathie avec la progression des marchés céréaliers. Pourtant, le marché ne brille pas par le nombre de ses transactions, très réduites. En pulpes, les affaires restent rares et les prix sont reconduits. À noter que le ministère de l’Écologie a décidé de reconduire cette année l’autorisation d’utiliser des véhicules de 44 tonnes pour la récolte des betteraves sucrières (annonce du 23 juillet). Cette mesure avait été introduite à titre expérimental en 2006.
CO-PRODUITS : grande fermeté
Pas de changements sur le marché de la poudre de lait dont le cours est reconduit comme en lactosérum, faute d’activité en cette période estivale. En PSC, les offres se font rares et les prix suivent la progression constatée sur les céréales. Absence d’offres en corn gluten. En pailles et fourrages, les récoltes avancent doucement. Peu de marchandise est disponible, et l’activité est calme pour le moment. En corps gras, les marchés restent très fermes.
PRODUITS DIVERS : marchés perturbés
En graines fourragères, la période actuelle est assez creuse, donc sans incidence sur les prix. En revanche, de fortes inquiétudes persistent quant aux prochaines récoltes de graminées et légumineuses. En graineterie, les marchés céréaliers sont tellement perturbés que les prix sont pour le moment reconduits nominalement cette semaine. Le marché est en proie aux interrogations : les cours continueront-ils à grimper avec les céréales ? En légumes secs, le marché est plus calme. Les pois chiches Turcs arrivent sur le marché à des prix élevés.
OLÉAGINEUX : Colza et tournesol repartent vers des sommets
Les cours des graines oléagineuses explosent cette semaine. En colza, le retard pris dans les moissons, généré par les intempéries qui ne veulent cesser, fait craindre aux opérateurs un important recul du rendement moyen. Certaines régions en seraient même à abandonner les cultures de colza pour se concentrer sur les moissons de blé. Dans ces conditions, les vendeurs sont plus que jamais prudents et ne mettent quasiment aucune offre sur le marché. Ainsi le moindre lot proposé trouve preneur et participe à la progression des cours.
La demande est là mais les affaires sont extrêmement rares.
En tournesol aussi, les prix progressent fortement (+ 25 euros/t à Sète). Les échanges sont également peu nombreux tout comme l’offre. Concernant la nouvelle récolte, les opérateurs rapportent pour l’instant de bons échos, les pieds ayant belles allures. Mais rien n’est encore joué, les champs de colza étaient magnifiques il y a encore quelques semaines.