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Prospective
Les marchés agricoles mondiaux à l’heure chinoise en 2012

L’appétit de la Chine soutient les cours mondiaux. Malgré un ralentissement économique, le pays a de gros besoins à couvrir et des stocks à reconstituer.

C’EST SANS DOUTE à l’heure chinoise que vivra la planète en 2012. En témoignent les analyses livrées lors de la dernière conférence Global Grain qui s’est tenue à Genève le 16 novembre. Vers des hausses ou des baisses des prix des matières premières ? Plus que jamais sans doute, la réponse est en Chine. « Les importations chinoises de soja pourraient s’établir entre 57 et 58,5 Mt en 2011/12. Pour le maïs, ce chiffre pourrait s’établir entre 5 et 6 Mt », a estimé Dan Basse, président d’AgResource Company, lors de la conférence Global Grain 2011. Une situation qui accentue la pression sur les prix de ces marchés. Dan Basse souligne que les exportations de maïs chinois ont cessé depuis 2008 et que cette situation avait fondamentalement changé la donne au niveau des disponibilités mondiales, l’empire du milieu devenant importateur net de maïs. Ceci a un effet sur ses stocks de maïs qui devraient, pour la quatrième année consécutive, se réduire en 2012. La faute notamment à une consommation chinoise de cette céréale qui devrait progresser de 7 % entre 2010/11 et 2011/12, passant de 176 Mt à 189 Mt, selon Dan Basse.

Croissance économique chinoise ralentie
« La demande chinoise en soja a dépassé les 70 Mt en 2011 en raison d’une hausse toujours soutenue de la demande de viande en Chine », explique Dan Basse. D’ailleurs, l’ensemble des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) suivrait cette tendance. Cependant, cette croissance de la consommation de produits carnés est une conséquence directe de la croissance économique du pays, intimement liée à celle du PIB. Et, selon Dan Basse, après un pic en 2007 à 14 %, la croissance du PIB chinois a plongé en 2008, et devrait s’établir au-dessous des 10 % en 2011. Les puissances  occidentales consommant moins, depuis quelques mois, l’économie manufacturière chinoise enregistrerait notamment un léger ralentissement. Le PIB chinois resterait cependant à un niveau élevé, et qui, mis en face des besoins croissants en produits alimentaires importés en Chine, peut inquiéter. Ainsi, Dan Basse indique qu’avec une population en hausse de 0,5 % entre 2010/11 et 2011/12, passant de 1,348 à 1,355 milliard, les besoins en tourteaux et huile de soja progressaient respectivement de 10 % et 9 % sur cette période, et de 7 % en ce qui concerne l’huile de palme. Ces produits, importés en grande partie, pèsent sur la balance commerciale du pays. De plus, après avoir laissé filer le taux de sa monnaie pendant plusieurs années afin de favoriser ses exportations, l’empire du Milieu a, du coup, renchéri le prix de ses importations. Une tendance qui semble vouloir être contrôlée par le gouvernement, notamment pour maîtriser l’inflation alimentaire, avec aujourd’hui une volonté de limiter la masse monétaire chinoise. Du coup, la progression de la demande chinoise pourrait être moins forte que prévu ou décalée dans le temps.

Incertitude croissante sur les prix agricoles
Une situation qui rejaillira sur les autres éléments de l’équilibre mondial des matières premières agricoles. Si les prix restent relativement fermes depuis l’arrêt des exportations russes lors de l’été 2010, une tendance légèrement baissière est observée depuis l’été 2011. En effet, des récoltes européennes meilleures que prévu et le retour de la mer Noire sur le marché, après presque un an de retrait, ont permis de détendre les cours. De plus, les économistes montrent que les politiques de “quantitative easing” –ou assouplissement quantitatif, consistant en une injection d’argent frais par les états dans les économies– ont tendance à réduire la valeur des monnaies. Ainsi, Dan Basse relativise la valeur du blé coté à Chicago en dollars en indiquant que l’indice de la valeur de la monnaie américaine était sur une tendance baissière depuis 1985. L’indice est passé d’une valeur de 120 en 1985 à un niveau inférieur à 80 en 2011. « Pondéré avec la valeur du dollar, le prix du blé n’est pas si élevé à Chicago », relève de fait Dan Basse. La question est donc : « Quand la Chine passera-t-elle à nouveau aux achats pour regarnir ses stocks stratégiques ? » D’autres éléments influeront bien entendu sur les bilans mondiaux, comme les stratégies nationales relatives aux biocarburants (cf. page 2) ou le développement des surfaces agricoles.

Une production mondiale de grains attendue comme insuffisante en 2012
Les principales grandes cultures mondiales, à savoir le maïs, le blé et le soja, verraient leurs productions s’accroître de 42,9 Mt en 2012/13 pour atteindre 1,843 Mdt, d’après Dan Basse. Cependant, la demande mondiale pour ces cultures s’établirait à 1,846 Mdt. La production mondiale n’arrive donc toujours pas à suivre la demande. Ceci pourrait être lié au phénomène El Nina qui, selon Dan Basse, risquerait fortement d’engendrer des sécheresses en Argentine et au Brésil en 2012. Dan Basse fait le pari que la demande chinoise, les mandats d’incorporation d’éthanol aux Etats-Unis et la limite d’élargissement des surfaces cultivées chez les deux principaux producteurs mondiaux (Chine et États-Unis) devraient maintenir, pour le maïs, des prix hauts jusqu’au milieu de l’année 2012. Selon lui, il faudrait planter 1,6 à 2,4 Mha de maïs en plus dans le monde pour détendre le marché. Avec une production mondiale déficitaire en 2011, les stocks mondiaux de céréales devraient reculer de 6 Mt. En 2012, la hausse de la demande mondiale en céréales est attendue entre 46 et 51 Mt, « ce qui laisse une marge de tolérance face aux difficultés climatiques attendues », assure Dann Base. Pour maintenir les stocks à leur niveau actuel, le monde doit alors semer 7,3 Mha supplémentaires. Pour cela, une augmentation de l’investissement en agriculture pour produire davantage est nécessaire. Mais tout dépendra de la Chine.

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