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Problématique des orges
Les dernières avancées culturales

Le point sur cette production depuis les dimensions agronomique et technique jusqu’aux enjeux économiques de la filière brassicole

PROSPECTIVE. L’agrochimiste Syngenta Agro a réuni fin septembre, distributeurs et prescripteurs autour des “Nouveaux enjeux de l’orge” à travers trois colloques régionaux. Au delà de la gestion technique de nouvelles pathologies telles la ramulariose et les grillures, c’est l’avenir de cette culture qui a été évoqué à travers la dimension filière brassicole et ses enjeux qualitatifs et sanitaires.

Grillures ou ramulariose, de nouvelles maladies à combattre

Entre 10 et 20 quintaux de perte de rendement et un impact qualitatif sur le poids spécifique, telle est l’estimation d’Arvalis-Institut du végétal sur les dégâts engendrés par les nouvelles maladies que sont grillures et ramulariose. Apparues en 2002 en France et tendant à se développer dans certaines régions, ces maladies sont souvent méconnues des agriculteurs qui ne font pas toujours la différence entre leurs symptômes respectifs. Les grillures sont liées à des stress climatiques (alternance de luminosité forte et de période nuageuse) et peuvent s’accompagner de dépôt de pollen engendrant nécrose et développement de champignons saprophytes sur la feuille. La ramulariose est due à un champignon pathogène : Ramularia collo-cygni. C’est une maladie qui sévit de façon importante et régulière en Europe de l’Ouest. Simon Oxley du Sac (Institut technique Écossais) annonce des pertes moyennes de 5 q/ha en Écosse. On constate une recrudescence également en Allemagne, confirmée par Michael Hess, chercheur à l’Université de Munich. Les moyens de prévention passeraient par le choix de variétés peu sensibles mais, malheureusement, comme le souligne Thierry Denis d’Arvalis, la plupart des variétés développées en France, telle Esterel, sont sensibles aux grillures.

Au delà de la résistance variétale, les prescripteurs réunis s’accordent sur l’intérêt des associations avec du chlorothalonil. Du fait de la baisse d’efficacité des triazoles, une bonne protection passe en Écosse et en Allemagne par l’association de chlorothalonil à des strobilurines ou au cyprodinil. La mise au point d’outils d’aide à la décision destinés aux agriculteurs se met en place en Écosse. L’Université de Munich, en collaboration avec Syngenta, travaille de son côté à la mise au point d’un test de détection précoce par technique Elisa.

Mycotoxines, savoir anticiper la réglementation

Patrick Boivin, directeur de l’IFBM (Institut de la brasserie et de la malterie), rappelle que les mycotoxines peuvent non seulement poser des problèmes sanitaires et réglementaires majeurs mais aussi perturber les procédés de fabrication du malt et de la bière : problèmes de germination, de fermentation voire de giclage de la bière. Les mycotoxines, inodores, incolores et stables à la chaleur sont très peu éliminées par les procédés de fabrication. En effet, il a été montré que 100 % des mycotoxines (DON et OTA) présentes sur grains se retrouvent dans le malt et dans la bière à hauteur de 60 à 70 %. Il faut donc impérativement éviter leur présence sur l’orge ! L’enquête parcellaire “Clé des champs orge” de Syngenta Agro, conduite depuis 2001 en partenariat avec la distribution agricole, montre que les niveaux en DON, réglementés en Europe depuis la récolte 2006, sont très rassurants. En effet, la moyenne pluriannuelle est de l’ordre de 55 ppb. Ce chiffre est très sécurisant au regard du seuil réglementaire fixé à 1250 ppb sur orge brut.

Une nouvelle mycotoxine – ou plutôt un complexe de mycotoxines, appelé T2+ HT2 – pourrait prochainement être réglementé. Considéré comme plus toxique que le DON, cette réglementation européenne, à destination de l’alimentation humaine, devrait être fixée à des seuils beaucoup plus bas qu’en DON. Syngenta Agro a déjà anticipé puisque les enquêtes “Clé des champs” intègrent T2 + HT2. Ce travail permettra certainement de déterminer les principaux facteurs agronomiques favorisant le développement de ces mycotoxines et d’apporter ainsi des conseils aux distributeurs et aux producteurs.

L’orge, un enjeu majeur pour les exportations françaises

Si prescripteurs et sociétés phytosanitaires s’intéressent tant aux thématiques liées à l’orge et s’attachent à y apporter des solutions, c’est essentiellement en raison d’une demande d’orge de qualité et de l’enjeu majeur lié aux exportations d’orges brassicoles françaises. La France est en effet le premier exportateur de malt au monde et le leader mondial de la brasserie devant l’Australie et le Canada. Le marché de la bière ne cesse de progresser au niveau mondial (+3 à 4 % par an) avec une très forte demande de la Chine (+5 % /an). Ce pays ne disposant pas des conditions idéales pour ce type de culture, il continuera à importer massivement de l’orge ou du malt. C’est pourquoi, les malteurs et brasseurs français veulent se positionner sur ce marché porteur et ont donc des attentes très fortes en terme de qualité. Il s’agit, en premier lieu, de la qualité variétale pour laquelle l’IFBM publie annuellement une liste de “variétés préférées” (cf. ci-dessous). Quant à la qualité sanitaire, elle concerne le suivi et le contrôle des moisissures, mycotoxines, métaux lourds et résidus tout au long du process industriel.

L’orge, culture traditionnelle, pourrait ainsi entrer dans une phase importante de bouleversements avec l’émergence de nouvelles thématiques à résoudre. Les enjeux sont autant techniques, économiques que qualitatifs et réglementaires pour un marché brassicole français qui a une réelle carte à jouer. Dans ce contexte, Syngenta Agro agit en partenariat avec la filière afin d’apporter aux distributeurs et producteurs des solutions « agro-compétitives ».

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