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Marchés céréaliers
« Les agriculteurs ont dans leurs mains une arme très puissante s’ils s’organisent »

La Dépêche-Le Petit Meunier : La menace d’une grève des semis des céréaliers est-elle sérieuse ?
Nicolas Jaquet : Elle pourrait le devenir après le magnifique exemple des producteurs laitiers si l’UE ne fait rien pour réguler le marché et faire remonter les cours, qui sont largement en dessous de nos coûts de production. Les cours actuels sont les mêmes qu’il y a plus de 30 ans ! Le mécontentement progresse : les aides compensatoires vont encore être amputées de près de 20 % en 2010, et les contraintes prolifèrent. Tout ceci ne va pas arranger nos comptes. Comment peut on nous demander d’être compétitifs quand nous avons des charges supérieures à celles des autres grand pays producteurs de blé ? Le comble étant les semences de maïs que nous payons 3 fois plus cher que les producteurs américains ou les argentins, sans tenir compte d’une parité euro/dollar qui aggrave encore la situation.

LD-LPM : Si la grève était lancée, comment se manifesterait-elle ?
N J : Ce type d’action ne peut se réaliser qu’au niveau européen. Comme L’EMB pour le lait, il faut créer « l’European Grain Board ». Cette grève peut se manifester de plusieurs manières : par la signature d’engagements à réaliser 30 % de jachère volontaire, par le gel des achats d’intrants, hélas plus difficilement par la rétention des semoirs dans les hangars car les dates de semis sont différentes suivant les Etats de l’UE. La mise en non culture de surfaces importantes, en percevant les DPU pour aller jusqu’au bout de la stupidité du système, serait sans doute la meilleure méthode. Elle aurait l’avantage de faire remonter très vite les prix des céréales. Les agriculteurs ont dans leurs mains une arme très puissante s’ils s’organisent. Comme dans la grève du lait, je n’imagine pas un instant le soutien des organisations céréalières officielles. Là aussi, elles seront en opposition avec leur base. De toute manière, il est trop tard pour annoncer une action pour les semis de cet automne.

LD-LPM : Une telle action ne serait-elle pas contre productive pour le marché français ? Ne représenterait-elle pas un cadeau pour nos concurrents, notamment ukrainiens ?
N J : Il y a là une erreur d’interprétation. La vocation des filières des céréales et des oléoprotéagineux n’est pas l’exportation mais l’approvisionnement de notre marché de 450 millions de consommateurs, soit le plus grand marché solvable au monde. Depuis 20 ans, nous avons divisé par deux le prix des céréales pour exporter seulement quelques pourcents de notre production. Quel chef d’entreprise industrielle se lancerait dans une telle logique suicidaire ? A quoi bon se vanter de vendre du maïs français au Maroc quand le prix ne permet pas au producteur de vivre ? Nous allons mourir mais avec la fierté d’avoir des céréales compétitives sur le marché mondial… Et puis, il ne faut pas oublier que quand nous exportons une tonne de céréales, nous devons importer 2 tonnes de soja pour rééquilibrer un marché européen des grains globalement déficitaire.

LD-LPM : Une nouvelle CVO est invoquée dans votre dernier communiqué “pour pallier au déficit des distilleries”. De quelles informations disposez-vous concernant cette nouvelle taxe ?
N J : La CVO éthanol a été proposée par la filière biocarburant au ministère de l’Agriculture. Elle est en cours de discussion et fait grincer les dents de responsables du secteur coopératif qui nous alertent. Une rumeur fait état d’une CVO de 2 €/t ! Au-delà du montant, c’est le principe que nous contestons. Il serait incohérent que les pouvoirs publics, qui ont bien réalisé ce fiasco et font marche arrière sur le dossier de l’éthanol, acceptent d’étendre un accord sur une CVO de plus. Ici, doit s’appliquer l’adage : « qui casse paie ». Depuis de nombreuses années l’OPG ne cesse de dire que l’éthanol ne sera pas rentable ni rémunérateur pour les producteurs.

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