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Nutrition animale
Le soja non OGM français en plein essor

Un triplement des surfaces depuis 2013, une deuxième unité de trituration construite et une charte qualité en expérimentation : la démarche Filière Soja de France se veut durable.

« La France importe chaque année quelque 500 000 t de tourteaux de soja non OGM que l’on vise à substituer par l’origine française. » Tel est l’objectif de la démarche Filière Soja de France, en pleine expansion, comme l’a indiqué Cyril Melin, directeur Investissements de Sofiprotéol, à l’occasion d’un colloque organisé par la société de financement et de développement du groupe Avril, le 27 juin à Paris. « Mais la culture de soja en France ne peut avoir sa place que si elle bénéficie de la prime non OGM qui existe sur le marché hexagonal », a déclaré Michel Duvernois, directeur général de l’outil de trituration Extrusel. Et Antoine Henrion, président de Terres Univia, de compléter : « La production de soja non OGM en France offre, aujourd’hui, une rentabilité parce qu’elle est sécurisée, grâce à une organisation en filière, qui va de la semence au panier du consommateur. Nous avons une démarche collective avec différents partenaires dont l’interaction les uns avec les autres permet de produire de la valeur ajoutée, ce qui crée une attractivité économique pour les agriculteurs. » Ainsi, pour que le producteur choisisse le soja non OGM au détriment d’une autre culture, il faut « payer la graine à son juste prix », mais il est également nécessaire d’« assurer un coût raisonnable aux fabricants d’aliments pour animaux qui absorbent le tourteau de soja non OGM français », explique Cyril Melin. « L’équation n’est pas toujours évidente pour les triturateurs, poursuit-il. Sa résolution passe par la création d’outils industriels de bonne dimension, utilisés par plusieurs partenaires, qui instinctivement ne se seraient pas forcément unis autour d’un projet commun. » C’est le rôle de fédération que s’est donné Sofiprotéol, qui « par sa connaissance très fine des filières arrive à construire des projets communs pour avoir une production la plus optimisée possible ».

Une, deux… et trois unités de trituration

« Nous avons une vision nationale du développement de la filière du soja français, souligne Cyril Melin. Mais, dans une première phase, il nous semblait plus évident d’installer les outils de trituration dans les bassins de production des graines. » Créée en 1986, l’unité industrielle de trituration de soja basée à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Extrusel, est la première à être installée, au cœur de la zone d’approvisionnement du Centre-Est. « Son montage est original car nous avons autour de la table cinq coopératives agricoles et leurs agriculteurs (dans un rayon de 100 km), quatre fabricants d’aliments pour le bétail (dans un rayon de 100 km-150 km) et Sofiprotéol en tant qu’actionnaire », détaille Michel Duvernois. Son activité est passée de 500 t de graines triturées en 2013/2014 à 20 000 t en 2015/2016, voire 28 000 t en 2016/2017 (La Revue de l’alimentation animale, avril 2017). « Une deuxième unité de trituration, Sojalim, dont la construction vient juste de s’achever, va opérer à Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées), dans le bassin de production du Sud-Ouest, continue Cyril Melin. Dans une seconde phase, nous avons à l’étude le projet d’une troisième unité industrielle dans l’ouest de la France, qui se situerait entre l’offre du Sud-Ouest [excédentaire par rapport à l’usine qui va être inaugurée début septembre] et les besoins de la filière animale, essentiellement basée en Pays-de-la-Loire/Bretagne. »

Un objectif de 250 000 ha en 2025

Les surfaces de soja en France ont plus que triplé depuis 2013, atteignant les 137 000 ha en 2016 pour une production de 342 000 t (cf. graphe). En 2017, les superficies sous soja dépassent les 140 000 ha. « Pour poursuivre cette dynamique, la filière se structure autour d’engagements clefs et se fixe un objectif ambitieux : cap sur les 250 000 ha en 2025 », a indiqué Terres Univia, lors de l’édition 2017 du Salon international de l’agriculture. L’occasion pour l’interprofession de présenter sa « charte qualité qui repose sur quatre engagements clefs : une origine France certifiée, une culture et des produits non OGM, une traçabilité garantie et des critères de durabilité ». Cet « accord-cadre » présente des « dispositions contractuelles qui lient dans le temps les partenaires de la filière, du producteur au consommateur, afin d’en assurer la pérennité et la sécurité », précise Antoine Henrion. Testée sur le terrain durant la campagne de production 2017, la charte qualité et son cahier des charges seront signés à l’automne, pour un lancement officiel pendant la campagne de production 2018.

La charte qualité de la démarche Filière Soja de France sera lancée en 2018.

L’alimentation humaine, le second débouché du soja français

« Sur les 140 000 ha de soja non OGM semés en France, quelque 80 % sont cultivés sous le mode conventionnel, dont les 4/5e à destination de la nutrition animale et le 1/5e restant pour l’alimentation humaine. Concernant les 20 % de la sole cultivés sous le mode biologique, les débouchés sont inversés : 80 % pour l’humain et 20 % pour l’animal », indique Cyril Gallien, responsable Approvisionnement chez SARL Raoul Rolly. Basée à Voiron dans l’Isère, l’entreprise a créé en 1999/2000 une filière Soja tracé non OGM pour l’alimentation humaine en partenariat avec des transformateurs de soja français et européens. « Pour l’utilisateur final c’est le moyen de s’assurer un approvisionnement en quantité en graines de soja françaises tracées depuis la semence non génétiquement modifiée jusqu’à la réception chez l’industriel », précise la société iséroise qui traite 20 000 t de graine de soja par an.

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