Aller au contenu principal

Transition écologique et énergétique
Les transporteurs routiers dénoncent le potentiel retour d'une écotaxe régionale

Si les régions Île-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté approuvent cette proposition du projet de loi Climat et résilience, les professionnels du transport routier de marchandises s’insurgent.

© Gerhard G. de Pixabay

Dans le cadre des débats parlementaires sur le projet de loi Climat et résilience, les députés ont donné leur aval en commission à la mise en place éventuelle d'une « contribution spécifique » pour le transport routier de marchandises dans les régions qui le souhaitent, une mesure décriée qui rappelle l'écotaxe abandonnée en 2014. « L'objectif est de favoriser le transport des marchandises par des moyens moins émetteurs de gaz à effet de serre (ferroviaire, fluvial...) », précise l'exposé des motifs du projet de loi. « L'échelle régionale est tout à fait adaptée » et la contribution toucherait « l'ensemble des camions, à la fois les camions français mais surtout les camions étrangers », a souligné le co-rapporteur Jean-Marc Zulesi, selon l’AFP.

"Contribution spécifique", une écotaxe déguisée

« Une écotaxe, qu’elle soit nationale ou régionale, n’est pas un levier pour effectuer du report modal car il y a d’autres challenges à dépasser, comme l’accès au fer ou à la voie d’eau. Développer la multimodalité passe par la relance du transport ferroviaire et fluvial. C’est un ensemble », déclare Valérie Cornet-Ambroise, déléguée aux transports terrestres routier-ferroviaire-fluvial de l’AUTF (Association des utilisateurs du transport du fret).

Un avis partagé par la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), l’OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens) et TLF (Transport et Logistique de France), qui affirment, dans un communiqué commun, qu’« il n’existe pas de corrélation entre la hausse de la fiscalité du secteur et un éventuel report modal vers des modes de fret alternatifs ».
Et d’expliquer : « Alors que la fiscalité du transport routier de marchandises n’a cessé d’augmenter ces trente dernières années, sa part modale n’a jamais été aussi élevée passant de 67 % en 1985 à 89 % aujourd’hui, pour seulement 6 % des émissions de CO2 ».

Par ailleurs, toute écotaxe régionale va « créer des distorsions de concurrence entre territoires, avec un possible report de trafic routier dans les régions limitrophes, difficilement quantifiable », ajoute Valérie Cornet-Ambroise. La FNTR approuve, considérant que la mesure « pénalise en tout premier lieu les entreprises locales et donc l'activité de la région concernée », sachant que les deux tiers du transport routier en France se fait sur moins de 150 km. Ainsi, « si écotaxe régionale il y a, pourrait-on imaginer un mécanisme qui viserait certains flux (comme les camions en transit), à l’exclusion d’autres (tels les transporteurs routiers de proximité) », s’interroge Valérie Cornet-Ambroise, qui ajoute : « Pourquoi taxer le seul fret de marchandises et pas les véhicules des particuliers ?  Quand on parle des externalités du transport routier, comme l’émission de particules polluantes, il faut considérer le trafic dans sa globalité. »

Et quid de la répercussion de cette taxe sur les coûts de transport ? « Nous serons vigilants à ce qu’elle soit équitablement répartie entre tous les maillons de la filière », assure la déléguée de l’AUTF. La FNTR conteste l'argument du « pollueur payeur », le transporteur n'étant qu'un maillon de la chaîne logistique. « Créer des écotaxes, c'est également faire payer plus cher le consommateur final et il faut que nos Politiques soient honnêtes là-dessus. Les entreprises devront répercuter cette hausse au consommateur », insiste l’organisation professionnelle.

Soutenir le verdissement de la flotte

Par ailleurs, il faudra s’assurer du bon fléchage de cette ressource financière, qui « ne devra pas servir à investir dans des infrastructures routières régionales, ce qui représenterait un certain paradoxe », alerte Valérie Cornet-Ambroise. Dans un objectif de diminution des émissions de CO2, cette manne financière devrait plutôt permettre d'aider au verdissement des flottes de camions.

Un groupe de travail, piloté par le ministère de la Transition écologique, chargé des Transports, détermine les besoins des transporteurs/chargeurs, d’un côté, et l’offre des fabricants d’automobiles, de l’autre. « Le challenge pour les constructeurs est de passer d’un prototype à une production industrielle à un coût abordable pour les utilisateurs, avec en toile de fond la problématique de l’avitaillement », résume la déléguée de l’AUTF. Pour l’OTRE, la transition énergétique passera par « un transport routier vert, au parc renouvelé par un soutien public fort et un engagement réel des constructeurs autant que des énergéticiens à proposer une véritable offre de motorisation alternative répondant à tous les usages de la diversité des transports et économiquement viable ».  

A ce dilemme, il faut ajouter « un problème de calendrier entre les ambitions gouvernementales et les avancées technologiques, concernant les biocarburants, le gaz et les véhicules électriques », souligne Valérie Cornet-Ambroise. « La disponibilité industrielle et l’accessibilité économique de véhicules alternatifs ne permettra pas le remplacement de 600 000 véhicules en dix ans », confirme, dans un communiqué commun, la FNTR, l’OTRE et TLF.

Les plus lus

Moisson 2025 : la campagne 2025-2026 débute entre soulagement et inquiétudes

À l’issue de son conseil spécialisé du 16 juillet, FranceAgriMer a présenté ses bilans céréaliers prévisionnels 2024…

logo de l'OFPM
Les marges brutes de la meunerie se dégradent à nouveau en 2024

Selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges de FranceAgriMer, les marges brutes de la meunerie ont reculé en…

Montage photo montrant Bertrand et Eugénie Girardeau dans un champ de blé à gauche et un portrait de Ludovic Brindejonc à droite.
Prix du blé 2025 : Girardeau et Agri-Éthique lancent une bouée de sauvetage aux agriculteurs

Alors que la moisson 2025 est dans sa dernière ligne, la Minoterie Girardeau et le label Agri-Ethique souhaitent participer à…

La nouvelle carte mondiale du bloc des pays Brics + ou aspirants, d’une manière ou d’une autre, à le rejoindre. Légende : en bleu foncé, les membres ; en bleu clair, les pays partenaires (Belarus, Bolivie, Cuba, Kazakhstan, Malaisie, Nigeria, Thaïlande, Ouganda, Ouzbékistan, Vietnam) ; en vert, les pays candidats (Azerbaïdjan, Bangladesh, Myanmar, Pakistan, Sénégal, Sri Lanka, Syrie et Venezuela). A noter que l’Argentine, l’Algérie ou encore la Turquie ne rentrent dans aucune de ces catégories.
Les pays Brics s’en prennent aux quatre géants du commerce du grain

Après un sommet à Rio de Janeiro peu concluant, les pays Brics reprennent l’initiative en matière de système d’échanges des…

Graphique prix blé orge maïs France au 17 juillet 2025
Marché des céréales du 17 juillet 2025 - Le blé tire son épingle du jeu sur Euronext, soutenu par les prix mer Noire

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 16 et le 17 juillet 2025, expliquée par La Dépêche-Le…

Une moissonneuse batteuse en action dans un champ de colza 2025
Moisson 2025 : une production européenne de colza proche des 20 Mt, est-ce suffisant ?

Dans l'Union européenne, la moisson est dans sa dernière ligne droite avec des rendements en colza très satisfaisants et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne